Les réfugiés palestiniens arrivant de la Syrie au Liban ont rencontré des difficultés et ont fait face à la discrimination dès le début du soulèvement. Cependant, bien qu’ils aient à payer des taxes d’entrée plus élevées que leurs compatriotes syriens, le Liban les a facilement laissés entrer – jusqu’à présent. Des Palestiniens sont repoussés à la frontière. Et ceux qui sont admis au Liban rencontrent des conditions de plus en plus difficiles. Tandis que le nombre de réfugiés palestiniens augmente, la compétition pour les quelques emplois précaires autorisés aux Palestiniens au Liban s’intensifie, sapant des salaires déjà très bas, augmentant le coût des loyers, et aggravant les tensions dans les camps.
Seulement 7% des réfugiés palestiniens de Syrie ont un revenu régulier, et pratiquement tous vivent dans des familles palestiniennes libanaises dont les perspectives d’embauche sont également sombres, puisque les Palestiniens au Liban ont interdiction de travailler dans le secteur public et dans beaucoup d’autres secteurs professionnels, dit Yasser Daoud, directeur exécutif de l’association Naba’a pour les droits des enfants, qui travaille dans huit camps de réfugiés palestiniens, y compris Ain al-Halwah.
Le nombre de réfugiés syriens au Liban dépasse aujourd’hui 1 million, selon les autorités libanaises. Quelques 65,000 d’entre eux sont des Syriens d’origine palestinienne, qui souvent ne sont accueillis, ou en mesure de trouver un logement, que dans l’un des douze camps qui ont hébergé les Palestiniens au Liban depuis leur arrivée après la guerre israélo-arabe de 1948.
La Syrie comptait 486,000 réfugiés palestiniens avant la guerre. Ils ont commencé à fuir en grand nombre en juillet 2012, quand les combats ont éclaté dans la périphérie de Damas où sont situés de nombreux camps palestiniens.
Le nombre élevé d’arrivée a créé une situation intenable, dit M. Daoud. Le 17 juillet, Fathi Abou el Ardat, le représentant de l’OLP [1], a prévenu que l’afflux de réfugiés dans les camps palestiniens du Liban pourrait conduire à des heurts dans les camps ou à l’exploitation de réfugiés vulnérables par des milices confessionnelles en quête de combattants.
Jusqu’à fin juillet, les Palestiniens de Syrie devaient payer un visa à leur arrivée au Liban mais ils étaient généralement autorisés à entrer.
Cela distinguait le Liban de la Jordanie voisine, qui a strictement limité l’accès des Palestiniens depuis le début de la crise syrienne. Mais en août 2013, plusieurs témoins ont rapporté que des familles palestiniennes étaient repoussées à la frontière syro-libanaise.
L’accès au Liban est en train de devenir de plus en plus difficile, et ceux qui réussissent à entrer doivent faire face aux mêmes discriminations que leurs prédécesseurs de 1948.
Les Palestiniens au Liban n’ont pas le droit de posséder des biens, ni d’exercer plusieurs professions parmi les plus valorisantes. Cela oblige les résidents des camps, qu’ils soient d’origine libanaise ou syrienne, à se faire concurrence pour des emplois subalternes dans l’économie informelle. Les Palestiniens pauvres de Syrie sapent les salaires déjà très bas de leurs compatriotes libanais.
Mais d’une certaine façon, les Palestiniens réfugiés de Syrie ont accès à plus d’avantages que leurs compatriotes Syriens. Les enfants palestiniens peuvent s’inscrire dans les écoles de l’UNRWA [2].
, qui suivent un programme en langue arabe. Au Liban, les cours sont en français ou en anglais, ce qui empêche les enfants syriens d’être scolarisés au même niveau que celui qu’ils avaient en Syrie, explique Catherine Richards, chargée de projet pour l’UNRWA.
En outre, les sommes octroyées aux réfugiés et les autres services de l’UNRWA tendent à être plus élevés et plus complets que ceux du HCR, l’agence en charge des citoyens Syriens déplacés en raison du conflit. Depuis le début de la guerre, l’UNRWA a distribué quatre fois des sommes d’argent aux Palestiniens de Syrie, totalisant quelques centaines de dollars par famille.
Ces sommes ne sont pas distribuées aux Palestiniens qui vivent au Liban depuis plusieurs décennies. Voir ces aides distribuées divise encore plus les voisins, dit M. Daoud.
« Ceux sont eux qui hébergent les nouveaux réfugiés de Syrie », remarque-t-il. « Ils pensent : ‘nous n’avons rien alors que les autres familles obtiennent le soutien de la communauté internationale’.
Certaines personnes ne se plaignent pas, mais d’autres demandent : ‘et nous ?’ »