1er décembre 2004
A quatre heures moins quart ce matin, l’armée israélienne [1] a fait sauter le bâtiment de la famille Hamash.
Au moins 12 jeeps militaires ont envahi le camp de réfugiés de Dheisheh et ont encerclé la maison de la famille ainsi que le jardin d’enfants du Centre Culturel d’Ibdaa qui partage le même bâtiment. L’armée a donné l’ordre à Musa, Aziz, Ahmed Hamash et à leurs familles de sortir dans l’air froid et humide du petit matin.
Ils ont eu 30 minutes avant l’explosion pour enlever autant de leurs affaires que possible. Non seulement ce temps ne suffisait pas, mais la présence des jeeps de l’armée qui bloquaient chaque rue étroite avoisinante leur a rendu encore plus difficile la tâche de sauver leurs maigres possessions ainsi que les souvenirs familiaux.
Les soldats leur ont dit qu’ils allaient seulement faire sauter les 2 appartements d’Ahmed et de Musa. Le fils de Musa, Mahmud, a récemment été condamné à 50 mois de prison et son autre fils, Mahammad, attend actuellement son procès. Mahmud a été arrêté il y a plus de 2 ans et Mahammad, il y a un peu plus d’un an. Ils laissent derrière eux de jeunes enfants et des bébés qui, jusqu’à ce matin, vivaient dans ces appartements.
L’armée a donné l’ordre aux familles de partir et ont commencé à installer des explosifs dans toute la maison. Quand l’explosion a eu lieu, les 2 appartements ont été détruits mais tout le bâtiment a été endommagé y compris le jardin d’enfants d’Ibdaa. La structure du bâtiment n’est plus assurée.
Les livres d’enfants et des peintures étaient mêlés aux débris dans la rue et les familles Hamash sont à nouveau devenues des réfugiés. Ils n’ont plus de maison et sont dispersés dans le camp, cherchant un abri parmi des voisins.
Le bâtiment comprenait 8 appartements au total, 3 appartenaient à Musa et 5 à Aziz qui louait les 2 premiers étages au Centre Culturel d’Ibdaa pour son jardin d’enfants. Cent vingt enfants âgés de 3 à 6 ans ont appris, joué, dansé, chanté et étaient en sécurité dans ces murs ces 4 dernières années ;
Aujourd’hui ces enfants de Dheisheh n’iront pas au jardin d’enfants pour apprendre. Au lieu de cela, dans quelques heures ils apprendront une nouvelle leçon. Le bâtiment des Hamash a été détruit et avec lui, leur refuge.
Aujourd’hui, il n’y aura pas de leçons de musique, de mathématiques, de science ou d’histoire. Les enseignants n’enseigneront plus à aucun d’entre nous. Toutes les écoles en Palestine ne pourraient pas enseigner une leçon aussi forte que celle que l’armée a donné à tous les enfants de Dheisheh.
– La maison de la famille Hamash a été détruite suite à des violences prétendument commises par Mahmud et Mahammad Hamash, qui sont tous deux détenus par Israël
– Mais ni les enfants Hamash, qui sont devenus des réfugiés pour la deuxième fois, ni les instituteurs de jardins d’enfants ne sont responsables de ces prétendus crimes.
– En effet, la loi internationale définit les démolitions de maisons comme une forme de punition collective et un crime de guerre, et déclare : « aucune personne protégée ne peut être punie pour un délit qu’elle ou lui n’a pas commis personnellement » (Article 33 de la Quatrième convention de Genève).