Le mercredi 25 novembre 2020, vers environ 15h, Nur Shqeir âgé de 36 ans, conducteur d’une voiture-navette palestinien de Silwan, a conduit jusqu’au point de contrôle de az-Za’ayem, qui se situe à l’Est de Jérusalem, sur sa route vers la ville. Selon la police d’Israël, les forces de sécurité au point de contrôle auraient soupçonné que les papiers de Shqeir n’étaient pas les siens, et à ce moment il aurait accéléré et a renversé un membre de la Police des Frontières, en le blessant légèrement. En réponse à cela, les membres de la Police des Frontières et les gardes de sécurité au point de contrôle ont ouvert le feu.
L’enregistrement diffusé aujourd’hui par B’Tselem (précédemment diffusé sur les réseaux sociaux ainsi que sur Infos Walla israéliennes) montre que, bien que l’incident ait pu commencer là, il ne s’est certainement pas terminé là. Après que les soldats ont ouvert le feu sur le point de contrôle, Shqeir a continué à conduire sur plusieurs centaines de mètres et s’est arrêté sur le bord de la route. Six membres de la Police des Frontières et des gardes de sécurité ont couru dernière sa voiture et l’un a tiré quatre fois sur lui à quelques dizaines de mètres de distance. Dans l’enregistrement, qui commence après les tirs sur le point de contrôle, ont entend un membre des forces de sécurité crier, « Ne tirez pas », et après que les coups de feu ont été tirés, à nouveau, « Ne tire pas, Tzahi, arrête, arrête ».
L’habitant du quartier ’A.R., qui rentrait de son travail avec un ami, allait chez lui par une rue qui surplombe la Route 1 – l’autoroute qui relie le point de contrôle à Jérusalem. Dans un témoignage qu’il a donné plus tard dans la journée à ’Amer ’Aruri, chercheur de terrain de B’Tselem, il a raconté :
« J’ai entendu une sirène se déclencher, suivie d’un tir de barrage à balles réelles. Mon ami et moi sommes allés sur une colline dominant le point de contrôle. Nous avons vu une voiture blanche sortant lentement du point de contrôle et s’arrêtant environ 300 mètres plus loin, sur le côté droit de la route. Six personnes suivaient la voiture qui était sortie du checkpoint – des membres de la Police des Frontières et des gardes de la société de sécurité qui est de service sur le point de contrôle. L’un d’eux a tiré plusieurs fois sur la voiture d’une distance d’environ 100 mètres. Ils ont entouré la voiture de différents côtés. »
Environ 20 minutes après, Shqeir a été évacué de l’endroit. Peu de temps après on a rapporté qu’il était mort de ses blessures.
Le fait que l’on ait tiré à distance sur Shqeir, alors que sa voiture roulait au ralenti et bien qu’il ne représentait manifestement aucun danger, montre une fois encore avec quelle facilité les forces de sécurité israéliennes ont recours aux tirs mortels sans justification contre les Palestiniens. Les responsables israéliens, qui ont décidé une fois encore de garder le silence, bien que même la police n’ait pas affirmé que c’était une tentative de voiture-bélier, apportent à cette politique un appui presque total. Le système israélien d’application des lois, qui est censé prévenir la répétition de telles affaires, préfère justifier celles-ci au lieu de garantir que des comptes soient véritablement rendus - en permettant qu’elles continuent sans restrictions.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT prisonniers de l’AFPS