...Alors des résistants, qui s’étaient engagés à une trêve si cette violence s’arrêtait, finissent par reprendre des attaques contre les colonies à Gaza ou des villes frontalières. C’est alors bien sûr que les médias titrent "regain de tension au Proche-Orient". Sur la violence quotidienne de l’occupation, rien. Et pourtant :
Mercredi 8 juin 2005, près de Salfit, selon l’Agence Wafa [1] les soldats israéliens ont envahi le village de Marda en Cisjordanie et y ont imposé un couvre-feu, interdisant aux habitants de quitter leurs maisons.
Nasfat al-Khafsh, coordinateur du Comité Populaire contre le Mur, a déclaré que les soldats, avec 5 véhicules blindés, avaient entouré le village puis l’avaient envahi .
Al-Khafsh a ajouté que le couvre-feu avait apparemment été décidé après l’annonce par le Comité populaire d’une manifestation pacifique contre le Mur dans le village.
Plus tôt mercredi, les soldats ont arrêté trois militants pacifistes internationaux , et ont conservé leurs passeports, dans le but d’empêcher les Internationaux de prendre part aux manifestations contre le Mur et le vol de terres palestiniennes.
A ce jour les soldats ont rasé au bulldozer environ 1000 oliviers appartenant aux habitants du village.
Mercredi 8 juin à Khan Younés, l’aviation israélienne a tiré des missiles contre des militants palestiniens dans la Bande de Gaza.
Dans l’immédiat, aucune victime n’a été signalée après ce raid aérien près de Khan Younès au lendemain de tirs palestiniens de roquette et d’obus de mortier sur une colonie juive de Gaza, qui ont fait trois morts, dont deux paysans palestiniens et un travailleur chinois et 5 blessés. Ces tirs ont eu lieu en réponse aux attaques sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, selon le Jihad islamique(voir plus bas).
Mardi près de Jénine en Cisjordanie, le commandant local du Djihad islamique, Maraoueh Kameel, 25 ans, et un policier palestinien non armé, ont été tués par l’armée israélienne . Les soldats israéliens, appuyés par des véhicules blindés et des hélicoptères militaires ont envahi Qabatia après en avoir fermé tous les accès et les rues principales. Israël a déclaré avoir mené ce raid dans le village, près de Jénine, pour préserver la trêve décrétée par le Premier ministre Ariel Sharon et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, début février [2] !
Des témoins de l’opération militaire israélienne racontent que des soldats ont investi le village et ont encerclé une maison dans laquelle étaient retranchés des résistants. Les soldats se sont postés sur les toits. Une fusillade a alors éclaté, au cours de laquelle Kameel a été tué. Son corps criblé de balles a été gravement mutilé.
Des habitants et des responsables médicaux ont ajouté qu’un policier palestinien non armé, Nasser Zakarneh, 23 ans, avait été abattu par les forces israéliennes et que deux lanceurs de pierres palestiniens avaient également été blessés. Selon eux, le policier a été tué alors qu’il tentait de disperser les lanceurs de pierres.
D’autres militants réfugiés dans le bâtiment ont également été arrêtés.
Neuf autres Palestiniens, qui seraient des civils, ont été blessés lors de l’incursion par des tirs de l’armée, dont un grièvement, selon les sources palestiniennes. Les soldats israéliens ont empêché les ambulances et les équipes médicales d’accéder aux blessés et ont empêché des dizaines d’habitants de Qabatia de se rendre à l’hôpital pour y donner du sang.
L’armée a pour sa part indiqué qu’un de ses soldats [3]avait été blessé par balles lors de l’accrochage et qu’elle avait "touché par balles deux activistes palestiniens armés". Quatre autres activistes "se sont rendus" à l’armée, ont affirmé des sources militaires israéliennes. La maison a été ensuite démolie par un bulldozer de l’armée après avoir brûlé. Des maisons avoisinantes ont été endommagées. Les soldats ont procédé à des fouilles, causant des dégâts dans les maisons.
Scandant "Vengeance, vengeance" et tirant des salves de coups de feu en l’air, des centaines de Palestiniens ont défilé dans les rues de Jénine pour accompagner le corps de Kameel jusqu’à l’endroit où il devait être enterré
Mardi 7 juin, le FPLP a annoncé que 30 de ses militants ont été arrêtés au cours du mois de mai à Jérusalem, Bethléem et Hébron.
Un responsable du FPLP déclare que les prisonniers sont détenus dans la prison de al-Maskobiyya à Jérusalem, dans des conditions très dures, sans autorisation de rencontrer leurs avocats et privés de leurs nécessités quotidiennes : attachés sur des chaises, des bandeaux sur les yeux , ils n’ont pas reçu de repas ni même d’eau.
Les soldats israéliens les ont arrêtés en pénétrant par la force dans leurs maisons qu’ils ont fouillées en y faisant des dégâts. Les militants et leurs familles ont aussi subi les violences des soldats lors des arrestations.
Dans le camp de réfugiés d’ al-Azza à Bethléem, les soldats ont arrêté Nawwaf al-Qaisy, et l’ont transféré pour interrogatoire, puis ils ont arrêté ses deux frères après avoir investi leurs maisons et les avoir fouillées. Lors des fouilles les soldats ont détruit le mobilier avec des couteaux et autres outils.
15 membres du FPLP ont été arrêtés à Jérusalem, 10 à Bethléem, et 5 à Hébron.
Selon une source militaire israélienne les membres du FPLP formaient des cellules armées dont le but était l’ assassinat du plus grand rabbin israélien, Ovadia Yossef, le dirigeant spirituel du parti Shas [4]. Ils les accusent aussi de projets d’attaques contre des cibles militaires israéliennes et des plans d’enlèvement de personnes soupçonnées de collaboration avec les occupants.
Le Front Populaire considère que ces arrestations s’inscrivent dans « la guerre qu’Israël lance contre le Front et les autres groupes de la résistance ». Il ajoute que les Palestiniens et leurs mouvements politiques continueront leur combat contre l’occupation jusqu’à la libération et l’établissement d’un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale.
Lundi 6 juin à Jérusalem la police israélienne a dispersé par la force des Palestiniens qui lançaient des pierres sur des juifs à l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, alors que le Premier ministre israélien Ariel Sharon s’est engagé à maintenir la Ville sainte sous souveraineté israélienne "pour l’éternité".
La police israélienne a affirmé que "des centaines de jeunes Palestiniens" avaient attaqué à coups de pierres "10 à 15 visiteurs juifs" sur l’Esplanade. Nos forces sont intervenues en tirant des grenades assourdissantes", a-t-elle ajouté faisant état d’un Palestinien arrêté et de deux Israéliens légèrement blessés.
Selon l’agence de presse Wafa de l’Autorité palestinienne, la police a autorisé à "des groupes juifs extrémistes" de pénétrer sur place, sous couvert de visites touristiques.
A Ramallah en Cisjordanie, le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a déploré des "violations graves et injustifiées qui risquent d’avoir des conséquences regrettables".
"Une horde de colons extrémistes et criminels a attaqué Al-Aqsa et pénétré sur son Esplanade, ce qui a amené les habitants (palestiniens) de Jérusalem à voler à sa défense", a affirmé le Premier ministre palestinien Ahmad Qoreï.
Un chef du mouvement radical Jihad islamique, Khaled Al-Batsh, a mis en garde contre "un bain de sang" en cas d’agression lancée par des extrémistes juifs contre l’Esplanade qui abrite le dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine.
La police a récemment fait état de provocations planifiées par des extrémistes juifs contre l’Esplanade pour saboter le retrait israélien de la bande de Gaza et de quatre colonies en Cisjordanie prévu à partir d’août.
Les heurts sur l’Esplanade sont survenus au moment où Israël commémore, conformément au calendrier hébraïque, le "Jour de Jérusalem" marquant le 38ème anniversaire de la "réunification" de la ville, après la guerre israélo-arabe de 1967.
"Jérusalem est a nous pour l’éternité et n’appartiendra plus jamais aux étrangers", a déclaré M. Sharon lors d’une cérémonie clôturant les célébrations, à Jérusalem-est en présence des principaux dignitaires de l’Etat.
Le 30 juillet 1980, une "loi fondamentale" du parlement israélien a proclamé Jérusalem "réunifiée et capitale éternelle d’Israël", mais cette décision est rejetée par la communauté internationale. Les Palestiniens veulentfaire de Jérusalem-est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
Selon un rapport officiel, quelque 694.000 habitants vivaient en fin 2003 dans les limites municipales de Jérusalem unilatéralement proclamées par Israël, dont 464.500 Juifs (67%) et 228.700 Arabes (33%). Le cabinet de M. Sharon devait entériner lundi un plan pour le développement de Jérusalem, qui vise à "renforcer l’emprise" d’Israël sur sa capitale. Les autorités israéliennes s’inquiètent de l’avenir, car 18.100 juifs ont quitté Jérusalem l’an dernier, selon les dernières statistiques. Les projections démographiques montrent qu’en 2020, les Juifs ne constitueront plus que 61% de la population, avec 587.200 habitants contre 371.000 Arabes.
La déclaration du général Sharon est édifiante. Comme l’était le refus absolu des autorités d’occupation de laisser enterrer le président Arafat à Jérusalem.
Rappelons aussi les déclarations de S. Pérès à l’issue de la rencontre de Charm el Cheikh le 9 février 2005 : "Il n’y aura pas d’état palestinien avec Jérusalem comme capitale, il n’y aura pas de droit au retour des réfugiés chez eux, les Palestiniens peuvent oublier leurs rêves.
Dans le cadre de leur guerre coloniale contre les Palestiniens, la "guerre démographique" des autorités israéliennes apparaît de manière flagrante dans l’expansion des colonies, les destructions de maisons à Jérusalem (voir -sur le site- le projet de destruction de 80 maisons à Silwan), la construction de routes qui étranglent les villages palestiniens, le Mur d’Apartheid qui, en plus de voler les terres palestiniennes veut en faire partir la population. Il en va de même des "parcs" [5]qui prétendent fleurir Jérusalem, mais dont le but criant est de s’emparer de l’espace palestinien.
Tout ceci dans l’illégalité la plus totale.
Rappelons que Jérusalem n’est pas la capitale d’Israël, n’est pas "réunifiée" et n’est pas "éternellement" juive.
Le plan de partage des Nations- unies, dans l’injustice faite aux Palestiniens par les puisssants du monde sous prétexte de réparer la faute impardonnable de la barbarie nazie, avait cependant préservé la caractère spécial de Jérusalem. [6]. Sous contrôle des Nations-unies, elle n’était pas incluse dans l’Etat que la communauté internationale offrait alors aux Juifs sur la terre de Palestine.
Elle ne l’est toujours pas. Jérusalem est une ville occupée.
L’avis de la CIJ en juillet 2004 qui a dit l’illégalité du Mur d’annexion israélien en Cisjordanie a, à cet égard aussi, rappelé le droit international que tous les états démocratiques se sont engagés à respecter..