Photo : Entrée du Théâtre de la Liberté à Jénine, Cisjordanie © Guillaume Paumier
Quelques semaines après avoir été vandalisé par l’armée israélienne, l’emblématique Théâtre de la Liberté de Cisjordanie a été nominé pour le prix Nobel de la paix, tandis que quatre journalistes de Gaza ont été proposés par Reporters sans frontières (RSF) pour le prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano.
Les quatre journalistes sont Wael Dahdouh, chef du bureau d’Al-Jazira à Gaza, Aseel Mousa, reporter indépendant, Ola Al Zaanoun, correspondant de RSF à Gaza, et Motaz Azaiza, photojournaliste.
Les quatre journalistes ont été nommés pour leur courage et leur détermination à rendre compte de la guerre d’Israël contre Gaza.
Selon le Syndicat des journalistes palestiniens, environ 10 % des journalistes de Gaza ont été tués par Israël depuis novembre, dans le cadre de ce que les groupes de défense des droits considèrent comme une campagne systématique visant à tuer les professionnels des médias palestiniens et leurs familles.
Le Comité pour la protection des journalistes a recensé au moins 85 professionnels des médias tués depuis le 7 octobre, bien que le chiffre réel soit probablement beaucoup plus élevé.
Dans le même temps, le Théâtre de la Liberté a été récompensé pour sa résistance pacifique à l’occupation israélienne en Cisjordanie par le biais des arts.
"Nous sommes honorés d’annoncer que le Théâtre de la Liberté a été nominé pour le prix Nobel de la paix", a déclaré le théâtre dans un communiqué publié sur X mardi.
"Notre mouvement d’enfants, de jeunes, de femmes et d’hommes continue de se renforcer, malgré les invasions continues dans le camp de Jénine et les attaques contre notre théâtre."
Le Théâtre de la Liberté a été fondé en 2006 dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, qui accueille des Palestiniens déplacés de leurs maisons lors de la Nakba de 1948 et leurs descendants.
Ces dernières années, le camp est redevenu la cible des violences israéliennes, des dizaines de Palestiniens ayant été tués ou arrêtés lors de raids militaires israéliens.
En 2022, la journaliste américaine d’origine palestinienne Shireen Abu Akleh a été abattue par un tireur d’élite israélien alors qu’elle couvrait un raid de l’armée israélienne dans le camp.
Face à ces actes de violence, le Théâtre de la Liberté s’efforce de promouvoir la liberté d’expression en Palestine et de protester contre l’effacement culturel de l’identité palestinienne. Il vise à générer une résistance à l’occupation israélienne par le biais de l’art.
Le centre et ses fondateurs ont survécu à de nombreuses attaques au fil des ans, dont plusieurs raids menés par l’armée israélienne et l’assassinat de plusieurs membres du personnel et d’étudiants. L’un de ses cofondateurs, l’acteur et cinéaste israélo-palestinien Juliano Mer Khamis, a été tué en 2011 par des hommes armés masqués.
Le 13 décembre, le théâtre a été vandalisé lors d’un raid israélien massif à Jénine.
Les soldats israéliens ont également arrêté le directeur artistique du théâtre et un jeune diplômé. Mustafa Sheta, le producteur du théâtre, est toujours en détention et a été condamné à six mois de détention administrative sans inculpation ni procès.
Aujourd’hui, cela fait deux mois que notre producteur, Mustafa Sheta, a été capturé par l’armée israélienne et emprisonné sans procès ni inculpation", a déclaré le Théâtre de la Liberté sur le site X.
"Nous continuons à exiger la libération de Mustafa et de tous les artistes et prisonniers palestiniens. "
Traduction : AFPS