L’OLP soutient-elle l’annonce par Mahmoud Abbas de la convocation d’élections présidentielle et législatives anticipées ?
Hanna Amerh :
Il y a une semaine, à l’occasion de la réunion du Comité exécutif de l’OLP, nous avons fait cette suggestion à Abou Mazen d’annoncer la tenue d’élections anticipées, sans toutefois préciser une date exacte. Il a accepté cette recommandation, d’où sa déclaration de samedi. Nous avons fait cette proposition au vu de la situation critique dans les territoires palestiniens occupés. Cette situation est due à l’incapacité du gouvernement actuel de faire son travail et au boycott politique et économique de la communauté internationale et des pays arabes contre ce gouvernement. Il fallait donc trouver une issue, sortir de l’impasse dans laquelle nous nous trouvions, dépasser cette crise. D’où la proposition d’élections anticipées, aptes à résoudre le problème intérieur et à lever le boycott imposé aux territoires palestiniens occupés.
Y a-t-il maintenant une unité au sein de l’OLP, sachant que lors des dernières élections toutes les composantes s’étaient présentées séparées ?
Hanna Amerh :
Il y a une unité au sein de l’OLP, à l’exception du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), qui ne se trouve pas sur cette ligne politique. Il est contre la tenue d’élections anticipées.
Il y a quelques semaines, on parlait d’un accord possible pour la constitution d’un gouvernement d’union nationale et puis, soudain, tout éclate. Que se passe-t-il exactement ? Est-ce un problème entre le Fatah et le Hamas ou un problème entre l’OLP et le Hamas ?
Hanna Amerh.
En grande partie, il s’agit d’un problème entre le Fatah et le Hamas concernant l’Autorité elle-même. Le Fatah veut se débarrasser du Hamas en tant que parti dirigeant. Le Hamas essaie, de façon opposée, d’isoler le Fatah. Mais il y a aussi un problème entre l’OLP et le Hamas concernant notre programme politique. Le Hamas continue de rejeter cette plate-forme. Ce qui montre bien qu’il y a une grande différence politique entre nos programmes. Je pense que toutes les divergences politiques doivent être surmontées de façon démocratique. Ce qui se passe entre le Fatah et le Hamas n’est pas basé sur des considérations démocratiques. Il est normal que les deux partis les plus importants se battent pour diriger. Mais il n’est pas acceptable que cette bataille passe par des phases de violence, l’utilisation des armes, des assassinats.
Le dialogue entre le Hamas et le Fatah, en vu de la constitution d’un gouvernement d’union nationale, a échoué pour plusieurs raisons. Raison politique d’abord et notamment les demandes du mouvement islamiste qui réclame, dans le cadre d’un tel gouvernement, la moitié des ministères (12 sur 24), et que le premier ministre soit nommé par le Hamas. Mais aussi que les principaux ministères (Intérieur, Finances...) soient entre ses mains. Enfin, le Hamas veut des garanties que s’ils acceptent de former un tel gouvernement le boycott soit levé. Il demande également que ses parlementaires emprisonnés par Israël soient libérés.
Cela ne peut pas être fait de cette manière. Il est impossible d’avoir des garanties de quiconque avant la formation d’un gouvernement d’union nationale et l’élaboration de la plate-forme qui va conduire son action. C’est à cause de ces exigences préalables que le dialogue a échoué. Abou Mazen ne pouvait pas y répondre. La base pour tout gouvernement d’union est le document élaboré par les prisonniers.
st-ce que le dialogue peut encore se poursuivre malgré l’annonce de l’organisation d’élections anticipées ?
Hanna Amerh :
Le dialogue n’est pas terminé. La porte est encore ouverte. Mais je ne pense pas qu’Abou Mazen lui-même sera impliqué dans ce dialogue à l’avenir. Celui-ci pourrait être conduit par le Comité exécutif de l’OLP.
La situation dans la bande de Gaza est explosive. Que se passe-t-il exactement ?
Hanna Amerh :
La situation est très critique à cause des milices armées qui tiennent la rue. Il y a maintenant un appel national, lancé par l’OLP et d’autres factions nationales, à toutes ces milices pour cesser cette présence armée et observer une période de calme afin de résoudre les problèmes de façon pacifique et politique.
Entretien réalisé par P. Barbancey