Des colons israéliens empoisonnent nos moutons disent des fermiers de Cisjordanie..
Amnesty Internationale a demandé aux autorités israéliennes de faire une enquête approfondie sur les empoisonnements systématiques qui, dit-elle, ont tué plus de 20 moutons à Tuwani, un village de 250 habitants ainsi que dans deux autres villages dans les collines de Hébron.
Les empoisonnements à Tuwani ainsi qu’à Umm Faggara et Kharruba ont été révélés suite à une série d’attaques violentes cette dernière année par des hommes masqués, attaques contre des volontaires internationaux qui accompagnaient les bergers et protégeaient les enfants palestiniens sur le chemin aller-retour de l’école dans le village éloigné de Tuba jusqu’ à Tuwani. La dernière attaque datée du 16 février, a provoqué une fracture à la mâchoire, une rétine déchirée et une amnésie pour l’activiste italien des droits humains, Johannes Steger.
Les villageois accusent les colons voisins de Maon et de Havat Maon pour les attaques qui ont poussé l’armée et la police à fournir une escorte armée aux enfants voyageant autour de la colonie entre les deux villages.
Amnesty a accusé la police israélienne (qui a l’entière responsabilité pour cette section de la Cisjordanie occupée) d’avoir négligé d’enquêter sur les empoisonnements et d’amener les responsables devant la justice. La police prétend qu’elle a procédé à quelques arrestations en connexion avec les attaques mais qu’elle ne sait pas qui est responsable des empoisonnements et qu’une enquête est toujours en cours.
Les fermiers palestiniens ont été obligés de mettre leurs troupeaux en quarantaine et d’arrêter de vendre ou de consommer leur lait, viande et fromages dans ce que l’un des villageois, Hafez Hareini, dit être un « désastre économique » pour la région.
Salem al-Adra (74 ans) raconte qu’il a perdu trois de ses trente moutons suite à deux épisodes d’empoisonnement et que 80 autres parmi les 10250 que les villageois de Tuwani et d’ Umm Faggara emmènent paître sont tombés malades avec des symptômes tels que la diarrhée et de l’écume à la bouche.
La famille al-Adra a montré un sac de graines vertes cueillies par des volontaires, graines qu’Amnesty dit qu’après avoir été analysées par l’Université de Bir Zeit ainsi que par Autorité de la Protection de la Nature israélienne, ont été identifiées comme de l’orge traité avec du 2-Fluoracetamide, un puissant rodenticide (poison contre les rongeurs) interdit dans plusieurs pays.
Amnesty dit qu’un deuxième empoisonnement découvert la première semaine d’avril, a utilisé du Brodifacoum, un anti-coagulant, ainsi qu’un autre rodenticide extrêmement toxique.
Naim al-Adra dit : « Les colons refusent tout simplement que nous allions sur nos terres ».
Son père ajoute : « Ce sont des gens mauvais. C’est très simple à expliquer. Ils n’aiment tout simplement pas l’odeur des Arabes. Quand ils sont arrivés ici en 1982, la première année a été facile. Puis ils ont dit : ‘nous allons vous reprendre votre terre morceau par morceau’ ».
Emily Amrusy, la porte-parole du Yesha (le Conseil parapluie des colons) dit que les activistes internationaux avaient répandu le poison pour monter un coup contre les colons. Elle dit qu’elle ne sait pas pourquoi des escortes armées avaient été fournies aux écoliers.
Shelley Stanley (22 ans) une volontaire américaine travaillant à Tuwani, raconte qu’elle était allée au poste de police de Kiryat Arba pour dire qu’un garde de la sécurité de la colonie de Maon lui avait raconté que l’empoisonnement était le fait des colons de Havat Maon.
« Les policiers ont pris ma déposition » se rappelle-t-elle « mais quand je leur ai demandé ce qui allait se passer, ils ont répondu : ‘cela nous dépasse, nous attendons une décision’ ».