Mardi 13 novembre 07 - Jérusalem
Départ du groupe par le vol Air France 2220 en direction de Tel Aviv à 18h40.
Arrivée à Tel Aviv à minuit. Comité d’accueil de la sécurité israélienne « habituel ». Mohamed, Roshdi et Isabelle sont retenus 2 heures 30 minutes, rejoints par Fernand pour une « garde à vue » (interrogatoire et fouille complète). Le Consulat de France à Jérusalem et l’Ambassade de France en Israël ont du intervenir pour nous laisser passer. Le nécessaire avait pourtant été fait auprès du Quai d’Orsay, de l’Ambassade de France et du Consulat Général de France à Jérusalem pour que notre arrivée se passe sans difficulté. Un courrier de protestation sera envoyé par l’AJPF et co-signé par les membres de la délégation.
Arrivée à Jérusalem à 3h30. Nuit (courte) à l’Hôtel Pilgrim idéalement situé à Jérusalem Est, en face de l’enceinte de la vieille ville et de la porte de Damas.
Mercredi 14 novembre 07 – Jérusalem
Knesset
RDV à 9h30 à la Knesset pour rencontrer des membres et députés de l’alliance Haddash. Après le passage de la sécurité (et le ramassage des objets « interdits » par Fernand muni d’un sac poubelle…), une traversée de longs couloirs et un passage (éclair) devant les magnifiques Chagall (…) nous sommes reçus par Monsieur Baraki, président de l’alliance Haddash et Dov Khénin, député communiste du Haddash, membre du groupe environnement qui s’occupe également des problèmes des droits de l’homme et sociaux (le groupe environnement comprend 42 députés à la Knesset).
Dov Khénin insiste sur l’énorme écart entre la réalité de terrain et les discussions du moment autour des négociations de paix (cf : conférence d’Annapolis). Il illustre son propos grâce à une carte qui fait état de l’évolution de la construction du mur. Il explique que le mur n’a jamais eu d’objectif sécuritaire mais que le gouvernement a utilisé ce prétexte pour occuper une partie de la Cisjordanie et de Jérusalem Est, englobant notamment les colonies, dans le but de diviser l’état palestinien. Cette stratégie rend impossible la création d’un état palestinien viable. C’est la réalité de terrain. Et les Israéliens sont aussi victimes de cette politique.
Dov Khénin rappelle que le contexte politique du moment à la Knesset est difficile. Tous les partis de gauche sont dans une mauvaise passe (pour information, Yosi Beilin, qui était le dirigeant historique du Meretz, autre parti de gauche a quitté le Meretz au moment des législatives israéliennes de 2005 et a annoncé qu’il était prêt à rejoindre une coalition avec Sharon ce qui a provoqué un éclatement au sein du parti…Est-ce la raison pour laquelle, nous n’avons pas pu rencontrer des députés du Meretz ?). Il signale que de nombreuses lois racistes sont en train d’être débattues à la Knesset en ce moment. La veille, les députés ont discuté une loi selon laquelle tout visiteur étranger en Israël devrait déclarer qu’il reconnaît que l’état d’Israël est juif, sioniste et démocratique !
Le Haddash (front démocratique, qui comprend le parti communiste) est en difficulté car il continue d’être considéré comme une « force arabe » alors que c’est le seul parti qui comprend des élus juifs et arabes. S’ils sont minoritaires (3 députés sur 120 + 5 pour le parti Meretz), Dov Khénin pense que leur message est mieux entendu par la société israélienne. Il « passe davantage ».
La position du Haddash est claire : 2 états indépendants et à l’intérieur de l’état d’Israël une équité de traitement entre les arabes palestiniens vivant en Israël (20% environ de la population d’Israël) et les juifs israéliens. Ce combat est difficile car les forces de droite majoritaires sont dans un processus d’exclusion de la vie politique et sociale des palestiniens. L’opposition du Haddash ne porte pas seulement sur la question politique mais également sociale. Le budget (voté le jour de notre présence) est anti-social et discriminatoire.
La position française est ressentie plus proche de la position étasunienne depuis le changement de pouvoir en France. Ceci est perçu comme très inquiétant car le Proche Orient est en train de devenir dangereux. Ce n’est pas une question de solidarité entre les palestiniens et les israéliens. C’est une question d’intérêts communs, rappelle Dov ! Car, si le Proche Orient explose, l’Europe sera menacé directement et cela menacera également la paix mondiale.
Hane Swad, député du Haddash, a été maire d’une ville arabe en Galilée pendant 10 ans. Il explique la situation des villes arabes palestiniennes en Israël. Il y a actuellement 60 villes arabes sur 240 en Israël (soit 25% de villes arabes) habitées par 1.2 millions d’habitants (soit 17% de la population totale). Certains chiffres annoncent 1.5 millions d’habitants mais le Haddash les contestent car ils prennent en compte la partie Est de Jérusalem, occupée illégalement par Israël. Le problème des maires des villes arabes est la politique israélienne de discrimination. La plupart de ces villes souffrent d’une situation politique, économique et sociale extrêmement difficile. Pour éclairer ce propos, Hane Swad compare le niveau de vie des villes en Israël sur une échelle de 1 à 10. Les villes arabes se situent à 2/10 ! 50% de la population de ces villes vivent en dessous du seuil de pauvreté. La raison est que ces villes manquent de zones industrielles. Le taux de chômage y est le double de la moyenne nationale (20%). Il touche particulièrement les femmes. Les coupures d’eau (réseau public) et d’électricité sont fréquentes dans ces villes. Les services publics (enseignement, sanitaires) sont insuffisants. D’ailleurs, depuis 1 mois, les enseignants israéliens sont en grève. Tous les gouvernements israéliens ont négligé la population arabe et n’ont pas aidé à son développement (« villes dortoirs », sans industrie, travail concentré dans les localités juives…). Le gouvernement doit investir dans ces zones afin de rétablir l’équilibre entre les « deux populations ». Pour y arriver, le parti Haddash prône un arrêt de la colonisation qui permettrait (aussi) de réduite le budget annuel militaire de l’état actuellement de 75 milliards de dollars (soit 20% du budget annuel total de l’Etat) ! Et encore, ce budget ne comprend pas le « budget militaire indirect » qui comprend les remboursements de prêts liés à l’armement, les compensations pour les soldats israéliens ect…et qui fait grossir le pourcentage du budget annuel militaire de 30% à 40% !
Sur les questions d’énergie, le Haddash est vu comme un parti « vert ».
Après-midi - Jérusalem, visite avec Michel Warschawski de l’AIC (Alternative information Center).
Michel consacre son après-midi pour nous faire la visite « spéciale » de Jérusalem, la progression du mur (ou plutôt « des murs » et des clôtures) et des colonies illégales à Jérusalem Est.
Nous prenons la route n°1, axe principal qui permet de relier le centre ville de Jérusalem aux colonies du Nord et du Sud, en contournant le quartier arabe (c’est la ligne de démarcation Est/Ouest).
Michel pense qu’on ne parle pas assez de la COLONISATION. Or, la colonisation est au cœur du problème et aussi la clé de la solution. Il faut notamment remettre à l’ordre du jour le gel de la colonisation. Dans l’histoire, le gel de la colonisation est toujours le préalable de toute négociation de paix. Or, avec Israël, il y a une politique d’élargissement de la colonisation même pendant les négociations de paix.
C’est une stratégie pensée de longue date dont l’architecte est Ariel Sharon. Malgré son coma, Ariel Sharon est omniprésent dans la politique israélienne actuelle. Il y a un plan, une cohérence. Non pas, comme on a pu parfois l’entendre, une logique impulsée par quelques « extrémistes » mais une logique mise en place pour les 50 et même 100 ans à venir. Cette stratégie est parfaitement expliquée lors d’une longue interview d’Ariel Sharon accordée au journaliste israélien Ari Shavit pour le quotidien Haaretz, en mars 2001, quelques semaines après son élection.
La colonisation est faite de 3 éléments fondateurs pour Sharon :
1/ Israël n’est pas encore un état constitué de l’intérieur. La guerre d’indépendance (guerre de 1948) n’est pas encore terminée et Israël a 50 ans pour parachever la colonisation de la Palestine (« Eretz Israel », c’est-à-dire le « Grand Israël »).
2/ La grave erreur de Rabin a été de vouloir fixer des frontières ! En aucun cas, il ne faut un accord de paix et pas de définition des frontières (gagner du temps sur le terrain). En cela, Sharon était contre le mur (idée des Travaillistes).
3/ Que faire des Palestiniens ? Il faut trouver un moyen pour exclure les palestiniens de Palestine. L’alternative au transfert des palestiniens (par exemple en Jordanie…) sera alors la concentration et la « cantonisation » des Palestiniens dans des zones qu’ils pourront appeler « état(s) palestinien(s) » mais dont la délimitation (les « frontières ») sera déterminée unilatéralement par Israël (qui en contrôlera de fait les accès, les ressources naturelles, l’eau en particulier). Sharon a inventé la « cantonisation » et a fait des palestiniens des « présents/absents ». Ils deviennent des trous dans un gruyère (c’est très visible sur le terrain lors de la visite de Jérusalem Est).
Ce « plan transitoire à très long terme » sera imposé unilatéralement. Il démontre qu’Israël n’ira jamais au-delà « d’un maximum de territoire pour un minimum d’arabes ». Sharon pense que le facteur temps doit jouer en la faveur d’Israël (50, 100 ans). Il suffit donc de « gérer » le temps sur le terrain. A ce titre, l’exode récent de 300 000 palestiniens est un mauvais signe.
Comment se réalise l’aménagement du territoire ?
Il y a un plan d’occupation des sols et d’urbanisme unilatéral qui s’applique à Jérusalem Est qui consiste à décréter des quartiers « zones vertes », non constructibles (empêchant les palestiniens de s’agrandir). Ainsi, les palestiniens qui construisent dans ces zones vertes sont dans « l’illégalité ». Le gouvernement israélien peut alors décider la destruction de toutes les constructions réalisées. Cela pousse les palestiniens à s’installer plus loin, à partir.
Sur le terrain (voir la carte), Michel nous emmène à une dizaine de kilomètres de Jérusalem Est (donc en territoire palestinien occupé), dans une station à essence installée sur une hauteur d’où l’on peut voir les colonies de Maale Adumim et de Kfar Adumim qui, en vérité ne font qu’une et s’étendent sur plusieurs kilomètres grâce à un aménagement du territoire consistant à implanter des « postes » israéliens. La colonisation induit qu’il faut des colons pour coloniser. Sharon a alors inventé la colonisation sans colons ! Il s’agit d’installer des « postes » israéliens en territoire palestiniens et de travailler sur l’aménagement du territoire. Pour cela, on implante une ferme, un poste à essence, un arrêt d’autobus, des routes…le tout savamment orchestré, pour suggérer un espace israélien.
Il n’y a pas de continuité mais des « contiguïtés », c’est-à-dire des routes transversales qui relient l’Est et l’Ouest puis le Nord et le Sud par un système de tunnels et de ponts. On voit alors, sur le terrain, 2 niveaux de routes : des routes israéliennes et des routes pour les palestiniens…C’est un véritable apartheid. Les territoires palestiniens deviennent des enclaves dans un espace israélien (les trous du gruyère). Le problème avec ce système, c’est que celui qui enferme est aussi enfermé !
Le mur n’est donc pas une « ligne » mais un « système ». En cela, les palestiniens n’ont pas vu le leurre des accords de paix qui affirmaient geler la construction de nouvelles colonies tout en maintenant la possibilité d’agrandir les colonies existantes. En réalité, Israël a continué la colonisation en construisant de nouvelles colonies tout en affirmant qu’ils agrandissaient seulement les colonies existantes (et en les appelant « quartiers I, II… »). C’est comme cela que 50% de la Cisjordanie est aujourd’hui une immense colonie !
A Jérusalem Est, la colonisation progresse à un rythme effréné : de 170 000 colons en 2000, on pouvait compter plus de 180 000 colons en 2005. Aujourd’hui, sur les 750 000 habitants de Jérusalem, 250 000 juifs israéliens vivent à Jérusalem Ouest, 250 000 palestiniens vivent à Jérusalem Est et 250 000 colons sont illégalement installés à Jérusalem Est.
Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de retracer la « ligne verte » de 1967 qui constitue la frontière du droit.
En rentrant vers Jérusalem, nous passons à proximité de la prison d’Ofer (environ 1000 prisonniers palestiniens y sont incarcérés), du village d’Al Ram dont les habitants palestiniens sont obligés de passer par le Check point de Kalendia pour rejoindre Jérusalem depuis le mur augmentant leur temps de trajet de plusieurs heures parfois pour faire 10 kilomètres (voir la carte) et du barrage de Beitunia qui est le passage des camions de marchandises pour la Cisjordanie. Les marchandises sont transférées d’un côté à l’autre du barrage par camions mis « dos à dos ».
18h30 - Réception au Consulat de France à Jérusalem
Nous sommes reçus par Monsieur Alain Remy, Consul de France à Jérusalem et ses collaborateurs dans la salle de réception du très beau bâtiment consulaire de début du siècle situé à l’ouest de la vieille ville (rue Emile Botta) en face des remparts et de la tour de David (et donnant sur un magnifique jardin odorant).
L’actualité consulaire, c’est la conférence d’Annapolis en novembre, suivie par la conférence de Paris en décembre et la prochaine visite de Bernard Kouchner, Ministre des Affaires Etrangères en Israël et en Palestine.
Monsieur Remy nous confie que la conférence d’Annapolis est source d’inquiétudes car 15 jours avant le début présumé de celle-ci, aucun accord n’a pu être trouvé entre palestiniens et israéliens. La France soutient le réengagement (courageux selon ses termes…) des Etats Unis dans la relance du processus de paix et leurs efforts pour aboutir à des négociations. Sur le terrain, un échec d’Annapolis aurait des conséquences dramatiques pour la Palestine. Si on obtient des résultats tangibles à Annapolis, il est probable que le Hamas recule à Gaza. Si on échoue, il peut prendre la Cisjordanie. C’est pourquoi, il est essentiel d’aboutir à des accords ou, au pire, au report de cette conférence.
Dans la foulée, le 17 décembre prochain, la France organise la conférence de Paris permettant de réunir les principaux donateurs soutenant la Palestine pour les 3 ans à venir et devant aborder la dimension humanitaire et la question du paiement des salaires des fonctionnaires palestiniens. L’objectif est de trouver 5 milliards de dollars. Le Consulat déplore que, du côté palestinien, il n’ait recueilli encore peu d’éléments constituant les dossiers préparatoires de l’aide (expression des besoins très concrets, budgets…). Cette conférence est centrale car si en janvier les besoins essentiels des palestiniens ne sont pas satisfaits (notamment le paiement des fonctionnaires), la politique toute entière de Mahmoud Abbas s’écroulera et il sera discrédité (avec les conséquences que l’on devine…).
Le Consul réaffirme qu’il y a un engagement fort de la France auprès des palestiniens. Dans ce cadre, la coopération décentralisée (représentée par la délégation) et les micros actions menées sont fondamentales car elles constituent un travail de proximité et dans la durée. Reste les difficultés au quotidien notamment pour faire passer les marchandises et matériaux en Palestine. Les Israéliens font passer les marchandises au compte goutte (le minimum vital à Gaza pour éviter un désastre humanitaire plus important) et interdisent certaines marchandises ou matériaux de passer en territoire palestinien (notamment dans la filière agricole, de construction…). Monsieur Remy, lui-même ne peut plus avoir de contact avec Gaza, faute de pouvoir y aller (pour des questions politiques). Heureusement, il y a le centre culturel français qui reste le seul espace culturel ouvert, aujourd’hui à Gaza.
Fernand rappelle le cadre de notre délégation (campagne pour le droit à l’éducation des enfants palestiniens) et l’objectif de l’AJPF, solidaire des droits des réfugiés palestiniens et en premier lieu, du droit au retour dans le respect des résolutions de l’ONU.
A 20h30, nous rentrons à l’hôtel pour une réunion (et partager un dîner) avec les pacifistes israéliens.
Il y a 4 organisations :
1/ Bat Shalom (« les femmes de la Paix »). Cette organisation rassemble des femmes israéliennes et palestiniennes. Ce qui caractérise Bat Shalom, c’est le travail en commun entre les femmes israéliennes et palestiniennes. Pour se rencontrer, elles transgressent les lois. Elles se rencontrent en Israël ou en Palestine sachant que les palestiniennes n’ont pas le droit de franchir la frontière et qu’il est interdit aux israéliens d’aller en Palestine sous peine de prison. Leur rencontre est donc en soi une forme de résistance. Le projet est de continuer à renforcer le dialogue www.bat.shalom.org
2/ Mouvement Yesh Gvul (« il y a une limite »). Ce sont des refuzniks israéliens qui ne refusent pas de faire leur service militaire mais refusent de servir en territoire occupé palestinien et d’obéir à des ordres qui ne seraient pas « éthiques ». La plupart des refuzniks ne sont pas des pacifistes et pensent qu’Israël doit avoir une armée (souvent, ils sont sionistes) mais qu’il y a une limite à l’occupation illégale. Lorsque ce mouvement est né en 1982, cela a créé un grand choc dans la société israélienne (les sujets de l’armée et de la sécurité sont tabous en Israël). Aujourd’hui, le problème c’est que l’armée préfère manœuvrer lorsqu’elle est confrontée à un refuznik en le nommant à des tâches « alternatives » pour éviter que ce mouvement gagne en écoute. Du coup, Yesh Gvul a décidé de se tourner vers une autre campagne : celle de l’impunité de l’armée israélienne. Il cherche à faire reconnaître les « dommages collatéraux » comme des crimes de guerre.
3/ Organisation « Brisons le silence » est un mouvement d’appelés constitué au moment de la seconde intifada. L’objectif était alors de recueillir les témoignages de soldats qui servaient dans les territoires occupés et de les faire connaître. Ils se sont notamment intéressés au « comment et pourquoi tirer » ? Ils développent également un volet éducatif : conférences, expositions, visites organisées dans les territoires occupés (notamment à Hébron où les colons protégés par des soldats surarmés sont en plein centre ville palestinien). Cette organisation n’est pas « politisée » en cela qu’elle ne propose pas de solutions politiques à titre collectif sur la situation. Elle se focalise sur la question de l’attitude d’une armée d’occupation. La société israélienne étant très militarisée, ce mouvement (constitué de militaires) possède un certain écho dans la société israélienne (accès facile auprès des gens).
4 / Mouvement des « Anarchistes contre le mur ». C’est probablement un des mouvements pacifistes israéliens les plus dynamiques du moment et prometteur. Ce mouvement se bat contre le tracé des murs et clôtures israéliennes. Il organise des manifestations avec les palestiniens et des comités de soutien. Par exemple, tous les vendredis, ils manifestent aux côtés des palestiniens (et d’internationaux) dans le village de Belin en Cisjordanie. Ils prennent des risques car ils pénètrent « illégalement » en territoire palestinien (l’accès aux territoires occupés palestiniens est interdit aux civiles israéliens sous peine de fortes amendes et de peines d’emprisonnement). Ils sont parfois arrêtés et doivent faire face à des procès.
Ces mouvements nous avouent qu’ils sont (encore) très minoritaires en Israël et mal perçus. Ils sont assez peu visibles globalement dans la société israélienne et très éloignés de l’opinion médiane israélienne.
A une question sur l’impact du « tramway », la réponse est : « c’est un sujet qui a intéressé davantage les français que mouvement pacifiste israélien dans sa globalité ».
Nuit bien méritée à Jérusalem.
Jeudi 15 novembre 07 – Jérusalem - Ramallah
Départ en Palestine. Nous passons sans encombre le check point de Kalendia pour nous rendre à Ramallah.
Les rues sont vides. C’est aujourd’hui la commémoration de la déclaration de l’indépendance de la Palestine faite le 15 novembre 1988 par Yasser Arafat à Alger. Quelques jours avant, les palestiniens avaient commémoré l’anniversaire de la mort du Président.
Nous sommes reçus au siège du mouvement Fatah par Abdallah Al Frangi, Responsable des relations extérieures du Fatah qui nous fait une longue et complète présentation de la situation à la veille de la conférence d’Annapolis.
C’est une période de négociation très difficile pour les palestiniens car les israéliens cherchent une nouvelle fois à faire croire qu’elle n’a pas de partenaire pour aboutir à la paix. Le programme et les objectifs de la conférence d’Annapolis ne sont pas clairs. Dans le contexte politique actuel en Palestine (notamment à Gaza mais aussi avec l’accentuation de la colonisation, le non paiement des salaires des fonctionnaires…), il est très difficile d’attendre davantage du côté palestinien. Au cœur d’Annapolis, les palestiniens réclament le gel complet de la colonisation. Comment penser, en effet, les délimitations du territoire palestinien actuellement ? Quel avenir pour ce futur état totalement atomisé ? Surtout que du côté israélien, on ne voit pas de limites dans la volonté d’occuper tout le territoire.
Pour les palestiniens, la conférence d’Annapolis initiée par les Etats-Unis, n’est pas une fin en soi, ni la fin de la colonisation… Mais, la position des palestiniens ne varie pas :
un Etat viable avec Jérusalem Est comme capitale aux côtés de l’Etat israélien
le démantèlement des colonies illégales
la destruction des murs. Il ne peut pas y avoir d’Etat palestinien viable sans fluidité de circulation et bonnes relations avec son voisin israélien
Sur ces questions, les palestiniens ont le soutien de l’Europe et même des étasuniens qui reconnaissent le bien fondé de cette position (même s’ils ne le disent pas haut et fort). C’est pourquoi, du côté des négociateurs palestiniens, on pense que cette conférence de relance du processus de paix aurait du se passer sous l’égide des Nations Unies. Un des atouts d’Oslo était de faire rentrer l’Europe dans les négociations. Les USA ont réussi malgré tout à s’approprier les résultats des accords et à devenir LE partenaire incontournable. C’est la cause des blocages aujourd’hui. L’administration Bush n’a pas fait son devoir car elle ne s’est occupée de la question palestinienne qu’à la dernière minute en lassant passer un laps de temps trop important avant la reprise des négociations (et permettant à Israël d’accentuer la colonisation et d’appliquer le système des faits accomplis sur le terrain). Cela a largement contribué à détruire ce qui avait été construit depuis les accords d’Oslo.
Annapolis aura les mêmes effets que Camp David si les palestiniens ne sont pas, cette fois, vigilants. C’est pourquoi, on ne peut pas appréhender cette conférence, ni d’un point de vue optimiste, ni d’un point de vue pessimiste mais en s’appuyant sur les questions de fond qui doivent être posées au préalable des négociations (d’où le retard qu’Annapolis prend à s’organiser et la confusion sur l’ordre du jour) :
l’arrêt de la colonisation et de l’occupation
un tracé clair des frontières entre l’Etat israélien et le futur Etat Palestinien (sur la ligne verte de 1967)
le statut de la Capitale Jérusalem Est
la question de la gestion des ressources en eau
la question des réfugiés et du droit au retour
la question des prisonniers (il y a toujours 10 000 prisonniers retenus par Israël).
Les prochaines négociations devront partir de ces bases. Et du côté palestinien, on est déterminé à ne pas se rendre à Annapolis si le programme et le contenu de la conférence n’abordent pas ces questions de fond.
Abdallah Al Frangi aborde l’échec du Fatah qui a été ressenti comme une double sanction quand l’Europe a décidé de suspendre les aides économiques. D’autant plus que tout le monde sait très bien que le Hamas, grâce à ses réseaux parallèles, continue à avoir des aides financières. Pour autant, suite à l’échec des élections, au sein du Fatah, il y a un débat interne très profond du plus petit comité au plus grand. Le Fatah reconnaît faire une auto critique de son fonctionnement et vont renouveler les responsables. Ils reconnaissent que les contacts politiques extérieurs ont été quelque peu négligés et veulent empêcher tout amalgame entre le Fatah/Hamas/terrorisme. Ils expriment la volonté de reprendre toute leur place sur le terrain politique et le besoin de notre soutien, en tant qu’Européen pour y parvenir.
Il ajoute qu’entre 1993 et 2000, l’Europe a contribué largement à la construction d’infrastructures en Cisjordanie et à Gaza qui ont été détruites par Israël en seulement 2 ans sans que l’Europe ne proteste ! Aujourd’hui, l’Europe est discréditée vis-à-vis des gens dans la région. Elle doit jouer un rôle plus important et prendre sa place dans la résolution de ce conflit.
Il conclue que la cause des réfugiés restera centrale et note que la Palestine n’est pas seulement une zone géographique qui appartient aux palestiniens mais une cause internationale (notre présence en témoigne). Certes, aujourd’hui le rapport de force n’est pas en la faveur des palestiniens mais il ne l’a jamais été ! C’est pourquoi, il faut rester optimiste car un échec de la question palestinienne aurait des conséquences désastreuses pour le monde entier.
Visite de la Muqata et de la tombe de Yasser Arafat
Nous partons à la Muqata (palais présidentiel) et allons nous recueillir sur la tombe de Yasser Arafat où tout vient d’être refait : esplanade aérée, bâtiment où repose le président entouré un bassin, lieu de mémoire…L’espace vient d’être inauguré. Il est régulièrement visité par les palestiniens (d’ailleurs une famille attend à l’entrée pour venir se recueillir). Nous déposons officiellement une gerbe avec Monsieur Nimir Hammad, conseiller politique du Président Abu Mazem avec qui nous échangeons quelques mots.
Rencontre politique avec des députés palestiniens au siège de l’OLP
Nous sommes accueillis par Azam Ahmad, président du groupe Fatah au sein du Conseil Législatif Palestiniens ainsi que par les députés de la région de Hébron, Qalqilya, Ramallah et Jérusalem au parlement palestinien. Ils nous souhaitent la bienvenue en nous rappelant les relations constantes et solidaires du peuple français vis-à-vis des palestiniens.
L’intervention d’Azam Ahmad porte sur le mouvement Fatah et les relations avec le Hamas.
Aujourd’hui, le Fatah est confronté à 2 défis : comment faire face à l’occupant et la réformation interne.
Le peuple palestinien est habitué au pluralisme au sein de l’OLP. En tant que mouvement politique, le Fatah a lutté pour que le Hamas ait une place au sein de l’OLP et qu’il puisse donner son point de vue. Au moment des élections législatives, les dirigeants du Fatah ont veillé à ce que la passation de pouvoir au Hamas se fasse dans les meilleures conditions, régulièrement et démocratiquement. Mais, aujourd’hui, l’attitude du Hamas et sa prise du pouvoir par la force (coup de force militaire) contribue à détruire la démocratie, pour Monsieur Nimir Hammad. Par exemple, traditionnellement, les assassinats ciblés sont une méthode inconnue des palestiniens pour régler les différents politiques. Pour lui, le Hamas fait partie d’un mouvement lié à l’étranger et c’est une carte utilisée par les forces réactionnaires du monde arabe qui ne veulent pas de mouvements progressistes. Même Israël a contribué à soutenir le Hamas par une aide très concrète. L’objectif est de diviser les forces palestiniennes. Par ses actes, notamment à Gaza, le Hamas a porté atteinte à la liberté d’opinion et à la liberté de la presse. La date anniversaire de la mort du Président Arafat a rassemblé 500 000 palestiniens à Gaza (les balles du Hamas ont tué 7 personnes, blessé 150 autres et 400 personnes ont été emprisonnées). C’est un signe qui montre que tout Gaza est attaché à l’OLP et au processus de négociation, selon Monsieur Hammad. Les dirigeants du Fatah assurent de l’unité du peuple palestinien. Unité qui sera sauvée et renforcée si 2 conditions sont respectées :
1/ que le Hamas revienne sur son coup de force et abroge les décisions prises depuis sa prise du pouvoir,
2/ que la conférence d’Annapolis pilotée par les USA aboutisse une réelle reprise du processus de paix. Sur ce point, c’est encore la confusion. La date n’est pas fixée et les convocations non remises ! Surtout, le contenu n’est pas défini malgré le fait que l’on ne part pas de rien car il y a déjà eu la feuille de route.
Quelle est la raison de ce retard et de cette confusion ?
Pour Nimir Hammad, les USA veulent faire les négociations tous seuls ! En aucun cas, ils ne souhaitent aller contre l’avis des israéliens. Pendant les accords préalables, au lieu d’aborder les questions de fond (colonies, réfugiés, Jérusalem…), les négociateurs israéliens n’ont fait que soulever des questions nouvelles qui n’avaient pas d’existence dans le conflit à la base. Par exemple, ils souhaitent maintenant que soit abordé à Annapolis, le fait que les palestiniens reconnaissent la « nature juive » de la nation d’Israël ! Ils créent des diversions pour ne pas aborder les questions de fond et apporter des solutions.
Au départ, les USA et Israël souhaitaient que la conférence d’Annapolis soit tripartite, avec les palestiniens. Les négociateurs palestiniens ont exigé qu’Annapolis rassemble l’ensemble des pays internationaux, y compris les pays non alignés. C’est leur seul atout pour montrer au monde ce qui est en train de se passer sur le terrain et que les palestiniens ne se retrouvent pas pris en otage entre les israéliens et les étasuniens (comme ce fut le cas à Camp David). Finalement, il y aura 30 pays (pour info, les Etats-Unis et leurs alliés européens trient leurs invités sur critères en invitant les « modérés », pas ceux qualifiés de « terroristes », le Hamas n’est pas non plus invité).
Les palestiniens sont déterminés à préparer sérieusement cette conférence et qu’elle aborde les vraies questions ou préfèrent qu’elle n’ait pas lieue. Finalement, pour les négociateurs palestiniens, la marche de manœuvre est très réduite et le temps n’importe donc peu. Ce qui prime maintenant, c’est la clarté du message et du contenu.
Il y a une forte attente de la conférence d’Annapolis mais aussi la crainte qu’elle ne soit que « l’affichage » (Et peut-être même pire. En effet, suite à une discussion « intime » que nous avons eu avec Ahmed Muhaisen, co-président de l’AJPF dans le camp de Dheisheh, nous apprenons que le risque d’Annapolis, est que cette conférence ne soit en vérité qu’un leurre pour faire porter le chapeau de son échec très probable aux palestiniens, notamment au Fatah…premier pas à la préparation d’une guerre au Proche Orient via l’attaque de l’Iran…).
Rencontre avec Madame Fadwa Bargouthi, responsable de la campagne populaire pour la libération de Marwan Bargouthi.
Réception très chaleureuse et hommage appuyé à la ville de Pierrefitte qui a fait de Marwan Bargouthi, citoyen d’honneur de Pierrefitte.
Fadwa Bargouthi est avocate, membre du conseil municipal de Ramallah et militante du Fatah. La campagne pour la libération de Marwan a permis de faire connaître, non seulement les conditions de détention des prisonniers palestiniens mais aussi la situation en Palestine et l’occupation.
Fadwa exprime ses remerciements (et ceux personnels de Marwan) pour l’acte courageux pris par Madame Hanriot, Maire de Pierrefitte. Ils sont très conscients que cela a du être politiquement très « inconfortable » et qu’elle a du subir des pressions de toute sorte. Au-delà de l’acte en direction de son mari, c’est un acte solidaire pour tous les prisonniers palestiniens et le peuple palestinien.
Rencontre avec Salam Fayad, Premier Ministre Palestinien au parlement palestinien
Nous sommes reçus dans la salle du Conseil des Ministres.
En premier lieu, Jihad Tomaleh, député au parlement (issu du camp de réfugiés d’El Amari, membre du comité de jumelage entre le camp et la ville de Stains et notre accompagnateur) souhaite nous rappeler que suite à l’échec du gouvernement d’union nationale, aucun membre du gouvernement n’est membre du Fatah y compris Salam Fayad qui est issu d’une liste indépendante appelée la 3ième voix. Après l’échec des législatives, Mahmoud Abbas a chargé Salam Fayad de constituer un gouvernement sans aucun membre du Fatah pour éviter que l’on dise que le Fatah se réappropriait le pouvoir et mettre en avant la confrontation Fatah/Hamas.
Salam Fayad revient sur les divisions internes et les questions internationales. Et leur interaction…
Suite au coup de force du Hamas, Salam Fayad veut affirmer que le peuple de Gaza fait partie intégrante du peuple palestinien et de la Palestine. Le Hamas a provoqué un coup d’état mais Salam Fayad assure que les habitants de Gaza restent sous la responsabilité de l’Autorité Palestinienne. Cette situation de division ne peut pas perdurer et Gaza doit revenir à l’Autorité Palestinienne car il n’y a aucune autre alternative politique actuellement (sur le terrain, de manière « réaliste »). L’Autorité Palestinienne peut accepter les différentes visions politiques mais l’autonomie militaire du Hamas à Gaza est inacceptable. En Cisjordanie, il y a d’ailleurs une avancée importante du retour à l’unité militaire.
Le problème majeur est que l’Autorité Palestinienne est en attente de l’aide internationale et particulièrement de l’Europe. Elle attend de l’Europe qu’elle fasse pression sur Israël pour qu’enfin, l’Autorité Palestinienne puisse apporter un soutien aux habitants de Gaza (notamment sur l’ouverture des frontières).
Sur Annapolis, le blocage vient du fait qu’Israël refuse de partir de la feuille de route où les questions de fond sont présentes (notamment sur le gel des colonies et des avants postes illégaux). Monsieur Fayad pense que la communauté internationale devrait se réveiller et intervenir car un échec d’Annapolis pourrait avoir des conséquences désastreuses, pas seulement pour la Palestine.
Tout le monde sait que la seule solution logique au conflit aujourd’hui est la création d’un Etat palestinien souverain et viable (en revenant aux frontières de 1967). La question sécuritaire qu’Israël mise en avant n’est pas logique car, sur le terrain, on voit bien les forces en place et la puissance militaire d’Israël. De toute façon, il ne peut y avoir de sécurité dans ce contexte et Israël mène tout le monde à l’impasse.
Visite du camp de réfugiés d’El Amari par Jihad Tomaleh, député palestinien, membre du comité de jumelage entre El Amari et la ville de Stains, notre accompagnateur...
Nous sommes reçus dans le centre culturel de la jeunesse, projet soutenu par la ville de Stains. Nous visitons les logements destinés aux jeunes (financés par Stains dans le cadre de la coopération décentralisée) et le théâtre (construit grâce à des fonds de l’Europe du Nord).
La population du camp d’El Amari vient originellement de la région de Lod (sur les terres de l’aéroport Ben Gourion), partie en 1948 de son village en laissant tout. Les 300 villageois fuyant la guerre, croyaient qu’ils reviendraient au bout d’une semaine ! Aujourd’hui, ils sont environ 9000 dans le camp.
Jihad Tomaleh qui est né réfugié dans le camp d’El Amari, a fait plusieurs années de prison, avant d’être député. Il raconte que les gens que l’on voit dans le camp, n’étaient pas des pauvres, ni des assistés à l’origine. Dans leur village, c’était des gens qui avaient des terres, des propriétés, un métier, une maison et qui vivaient plutôt confortablement. Cela fait 60 ans qu’ils ont tout perdu et qu’ils sont devenus réfugiés.
Aujourd’hui, les réfugiés n’ont plus d’espace pour s’étendre alors ils construisent en hauteur. Mais cela accentue le risque d’effondrement car les fondements des bâtiments n’ont pas été conçus pour des hauteurs trop importantes. Les bâtiments touchent les câbles électriques. Les coupures et les accidents sont fréquents, surtout par temps de pluie.
Les infrastructures de base (éducation, santé) dépendent de l’UNRWA mais restent insuffisantes et sont conditionnées par l’occupation. Avant la construction du centre culturel, il n’y avait aucune activité para scolaire pour les enfants (comme partout dans les camps de réfugiés) qui n’ont pas non plus d’espaces pour jouer dans le camp.
Il y a 45% de taux de chômage à El Amari (c’est la moyenne dans les camps) et 90 palestiniens du camp sont prisonniers dans les geôles israéliennes (dont 40 à perpétuité). Sur la question des prisonniers, Jihad insiste sur le fait que les israéliens continuent à les traiter comme des criminels (en invoquant le droit pénal) alors que les palestiniens revendiquent qu’ils relèvent des questions politiques. C’est un (autre) point de désaccord. Sur les conditions des prisonniers, il n’y a pas de respect des droits fondamentaux, comme le droit de visite par exemple (il faut prouver sa filiation avec le prisonnier). Les interrogatoires peuvent être accompagnés d’actes de torture. La détention préventive peut durer 1, 2 ou 3 ans avant le procès et la peine d’emprisonnement ne tient pas compte de ce délai…Enfin, lorsqu’un prisonnier décède en prison, un mandat d’exception hérité de la période britannique est appliqué qui fait qu’il est très difficile de récupérer le corps (ce qui est tragique pour les familles croyantes).
Jihad conclue que la Palestine possède 70 Nelson Mandela ; ce sont les prisonniers politiques palestiniens qui ont passé plus de 30 ans en prison !
Le soir, dîner et spectacle dans le camp de réfugiés de Kalandia.
Le comité de jumelage de Kalandia, camp jumelé avec la ville de Pierrefitte, nous reçoit. Djamel Abu Leil qui nous a accompagné toute la journée (c’est aussi le président du comité de jumelage du camp et un responsable politique du Fatah à Ramallah) nous invite à un dîner traditionnel copieux préparé par les femmes du camp. Il remercie une nouvelle fois Catherine Hanriot, maire de Pierrefitte pour l’acte courageux qu’elle a pris à propos de Marwan Bargouthi. Après le dîner, il y a une remise de cadeaux, les femmes du camp, nous proposent des broderies et des jeunes présentent un spectacle de Dabké (danse traditionnelle palestinienne). La soirée se termine dans une ambiance festive, amicale et chaleureuse.
Nuit à Ramallah, à l’hôtel Rocky…Pour certains, la soirée se poursuit dans un café proche où un petit groupe de jeunes gens de Ramallah, filles et garçons, fument un narghilé et sirotent un thé en chantant des chansons palestiniennes…
Vendredi 16 novembre 07 – Ramallah – Belin – Bethlehem
Le matin, nous partons pour Belin, village palestinien en Cisjordanie traversé par le passage du mur.
Nous rencontrons le comité de résistance de Belin et notamment Mohamed Khatib, membre du conseil municipal et du collectif anti-mur, dont les « anarchistes contre le mur » rencontrés à Jérusalem sont aussi membres.
Mohamed Khatib nous donne des explications. Le village de Belin s’étend sur 4000m2. 2000m2 devraient se retrouver derrière le mur. De l’autre côté, c’est la colonie de Mod’in qui devrait accueillir à terme 40 000 habitants. Ceci illustre parfaitement ce que nous a dit Michel Warschawski à Jérusalem. Les nouvelles constructions que l’on voit à Belin, derrière la ligne de démarcation, ne sont pas « une nouvelle colonie » mais l’agrandissement de la colonie de Mod’in, appelée Mod’in II. Elle devrait abriter des colons ultra-orthodoxes.
Le tracé prévu du mur englobe les terres cultivables de Belin. Après 3 ans de luttes, plaintes et juridictions (ils ont été soutenus par les pacifistes israéliens), le collectif a gagné la suspension de la construction du mur. Une décision de justice de la Haute Cour de justice israélienne a permis de stopper la construction du mur sur 1000 mètres. L’armée veut revenir sur cette décision. Mohamed Khatib précise que c’est une semi victoire car le problème politique reste entier. Depuis cette décision, l’armée reste postée au bout de la route principale du village et une zone de sécurité a été annexée, militairement gardée. Les constructions de Mod’in II continuent sur les terres du village palestinien.
Comment les israéliens ont procédé ?
Les israéliens s’appuient sur des décrets appliqués aux palestiniens depuis l’Empire ottoman et confirmés par le mandat britannique (puis sous la gestion Jordanienne plus tard) selon lesquels une terre qui n’est pas cultivée revient à l’occupant. A l’époque ottomane, les palestiniens ont peu d’actes de propriété. En réalité, chacun sait à qui appartient quoi et les délimitations de chaque propriété. 86 propriétaires palestiniens avaient des terres à Belin. Israël, en tant que force occupante, a redessiné le plan d’occupation des sols et a décrété que plusieurs hectares de terre (même quand elles étaient cultivées) étaient interdites à la construction pour raisons de sécurité. Il y a eu expropriation (ce phénomène est connu jusque dans le centre de Jérusalem où des familles peuvent être expropriées de leur maison du jour au lendemain). En 1996, Israël octroie finalement ces terres à une compagnie israélienne qui reçoit un titre foncier. On commence alors la construction de 1500 unités d’habitations.
La lutte contre le mur a permis de poser la question des colonies sauvages construites à partir des décrets militaires. Il faut rappeler que la Cour Internationale de justice a condamné la construction du mur en 2004, a demandé son démantèlement et des dommages et intérêts pour les victimes. Plus important, la Cour Internationale de Justice demande à tous les pays du monde de le condamner. Cette décision n’est pas contraignante. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a décidé de mettre en place une commission qui siège à Vienne (avec 3 membres palestiniens) pour évaluer les préjudices et dommages causés par le mur. Cette commission doit remettre un document qui servira aux archives, pense Majhib Ayaed !
Majhib Ayaed est député et chargé de la coordination des luttes contre le mur. Il dit que la stratégie d’Israël s’est révélée au monde avec le mur. 10% des terres à l’intérieur de la ligne verte sont annexées par Israël qui prend en même temps possession des ressources du sol, notamment de l’eau. Les palestiniens consomment 5 fois moins d’eau que les israéliens.
Autre forme de domination : l’annexion des terres du côté du Jourdain à l’Est du territoire (26%). Le mur a pour objectif de diviser la Palestine en 3 cantons reliés entre eux par un système de tunnels et de ponts : l’Est, l’Ouest et le centre. Ceci rendra impossible la création d’un Etat Palestinien viable. Cette stratégie connaît une ampleur accrue depuis les négociations de paix. A chaque fois qu’un processus de négociations s’accélère, la décision de construire de nouvelles colonies aussi, alors que le fondement des négociations est de revenir aux frontières de 1967 et qu’il y a sur le papier un gel de la colonisation ! Les rapports de force internationaux sont la clé de la problématique…
Il y a une forte mobilisation à Belin. Une manifestation est organisée tous les vendredis midi et rassemble palestiniens, israéliens pacifistes, internationaux…parfois même des observateurs européens (c’est le cas aujourd’hui).
Une « manifestation » particulière…
Nous sommes regroupés dans le jardin de la maison de la solidarité qui accueille les internationaux venus pour les manifestions, où on nous donne des consignes (n’est-ce pas superflu pour les français que nous sommes habitués aux manifestations !? Nous ne pouvons pas imaginer à ce moment là ce que nous allons vivre exactement). On nous explique qu’il s’agit d’une manifestation pacifiste de notre côté. Le cortège va s’engager sur le chemin de Belin qui mène au tracé du mur. Au bout du chemin, les soldats israéliens nous feront face. Ils commenceront par tirer des grenades de gaz (un gaz 4 fois plus puissant que celui utilisé en Europe), puis des balles en caoutchouc et enfin des vraies balles (nous sommes soudain plus attentifs aux consignes et l’appréhension se fait sentir).
On nous emmène dans une pièce où sont exposés 4 énormes bidons dans lesquels on a récoltés les balles et grenades et des photos choquantes des « manifestations » précédentes (mettons maintenant des guillemets à « manifestation »).
On y va et c’est comme ils ont dit ! Nous avançons en restant groupé, les mains nues ou avec des drapeaux palestiniens. En tête de cortège, il y a les palestiniens et des enfants qui courent. Nous sommes derrière eux. Sur le côté, sous un arbre, éloignés et perchés sur une hauteur, les observateurs européens…observent…On en mène pas large ! On se dit que peut-être le scénario ne va pas se répéter et que les israéliens n’oseront pas tirer sur un cortège totalement désarmé et pacifiste (…). Les forces sont totalement disproportionnées : devant nous, en éventail, des chars et des soldats israéliens sont déployés et prêts à envoyer leur salve.
Les tirs commencent dans l’ordre exact donné pendant les consignes : d’abord les gaz, puis les balles en caoutchouc (tirées à bout portant et en visant les têtes) et enfin des vraies balles. Les gaz envahissent l’atmosphère et l’air devient irrespirable. C’est tellement insupportable que nous sommes obligés de rebrousser chemin. Les palestiniens et « anarchistes contre le mur » eux, avancent toujours et tentent de se protéger tant bien que mal avec du coton imbibé d’alcool ou de l’oignon. On ne voit plus rien sous les gaz mais on devine que c’est le clash. Un palestinien a été pris et se fait bastonner. Nous sommes plus loin en amont sur le chemin, à l’abri mais nous entendons le son des tirs. On reconnaît le tir des balles en caoutchouc puis celui des vraies balles. L’inquiétude monte car nos amis palestiniens, notamment Djamal de Kalendia et Jihad d’El Amari ainsi que Pierre Barbancey ne sont toujours pas remontés. Il y a des blessés et un défilé 2 ou 3 ambulances commence. Après quelques longues minutes, nos amis remontent les yeux rouges et tuméfiés. Beaucoup d’entre nous, garderons le cœur battant et les mains tremblantes pendant plusieurs minutes encore. Le silence règne dans les minis bus qui nous ramènent à Ramallah. Nous pensons à nos amis palestiniens (et pacifistes israéliens) qui vivent chaque semaine cette scène macabre à répétition où personne ne devient un héro mais qui symbolise un acte fort de résistance en commun.
Rencontre avec Madame Janet Mikhail, Maire de Ramallah suivie d’un déjeuner, à la Mairie de Ramallah.
Nous sommes reçus avec les honneurs à la Maire de Ramallah, dans la salle du conseil municipal par Madame Janet Mikhail, la Maire et les membres du conseil municipal au grand complet.
Elle nous accueille en nous précisant que prochainement une rue Jacques Chirac sera inaugurée à Ramallah pour honorer les relations franco-palestiniennes (…). Ancienne proviseur de lycée d’origine chrétienne, issue d’une liste indépendante, elle est la première femme à administrer une ville de Cisjordanie, avec une coalition comprenant le Hamas (3 membres).
Madame Janet Mikhail nous fait une présentation de sa ville. Ramallah se situe à 10 kilomètres de Jérusalem et comprend 35 000 habitants. Si on cumule les travailleurs, étudiants et habitants des 80 villages des alentours, on estime que chaque jour Ramallah est fréquentée par 80 000 personnes. D’une superficie de 5000 hectares, la ville est réduite à cause de la politique d’annexion d’Israël et par les colonies. La maire doit faire face à de grosses difficultés liées à la colonisation, au blocage des salaires des fonctionnaires, aux aides stoppées. De ce fait, de nombreux projets ne peuvent être menés et son action se réduit à protéger les habitants dans leurs droits, à essayer d’améliorer leur cadre de vie (afin qu’ils continuent à profiter le plus possible des prestations notamment culturelles) et à la défense de l’environnement.
Siège de l’Autorité Palestinienne, Ramallah est une ville dynamique et hospitalière. Elle est un foyer culturel important en Cisjordanie (présence d’un centre culturel français). Tournée vers le monde, c’est une ville multiconfessionnelle qui respecte les différents cultes, religions, cultures et courants de pensées.
Madame Janet Mikhail, nous invite à un déjeuner avec les membres de son conseil municipal représenté par de nombreuses femmes.
Dans l’après-midi, nous faisons un tour de ville de Ramallah et visitons le centre d’Alkamandjati.
Le centre Alkamandjati est situé en plein centre ville de Ramallah, dans la vieille ville. Là, les ruelles sont étroites et la pierre de taille est reine. Les bâtiments sont presque tous d’époque ottomane. C’est le cas du centre culturel Alkamandjati. Restauré par l’association palestinienne RINAQ (grâce à des fonds des pays nordiques et de l’UNESCO), le bâtiment du centre culturel allie à merveille style ancien et moderne. La structure est faite de pierres de taille associées à des plaques géantes de fer martelé de différentes formes. Depuis la terrasse, une vue magnifique des toits de Ramallah sous le soleil couchant, s’offre à nous…
Nous sommes reçus par une belle franco-libanaise aux yeux bleus azur, Céline Dagher, directrice du centre. Elle nous explique la genèse d’Alkamandjati. Ramzi, un palestinien du camp d’El Amari a eu l’opportunité d’apprendre la musique classique et le violon à Angers, en France. A son retour à Ramallah, il a souhaité faire partager sa passion aux enfants de son quartier et des camps de réfugiés.
Le centre accueille des enfants âgés de 4 à 16 ans. Ils participent à des ateliers d’éveils musicaux et à des apprentissages de la musique. Il y a même un atelier de réparation des instruments et une chorale. Alkamandjati possède une association sœur en France qui organise des concerts, des collectes d’instruments de musique et apporte un soutien financier. Céline remet un dossier sur Alkamandjati et espère que des concerts pourront être organisés en France grâce à cette visite de la délégation, notamment dans le cadre de la célébration du 60ième anniversaire de la nakba en mai 2008.
Nous rejoignons Bethlehem et le camp de Dheisheh
Nos accompagnateurs palestiniens préfèrent que nous gardions les minis bus pour aller à Bethlehem. Mais ils ne sont pas autorisés à passer le check point de Kalendia. Pour éviter de nous faire descendre des minis bus, de passer le check point à pied avec nos bagages et de trouver un autre véhicule de l’autre côté du barrage, les minis bus prendront des routes de contournement. Nous ferons plus d’une heure de route pour seulement une quinzaine de kilomètres (si on avait pris la route directe par Kalendia, cela aurait pris 20 minutes).
Camp de Dheisheh
Nous sommes reçus à Bethlehem par Ahmed Muhaisen, co-président de l’AJPF.
Dans le camp de Dheisheh, un grand meeting est organisé pour notre présence. Sont rassemblés des habitants et les 3 représentants (sur 4) du parlement palestinien pour la région de Bethlehem. C’est Abu Khalil, député de cette région qui prend la parole pour nous exprimer ses remerciements pour notre visite. Son intervention revient sur l’actualité palestinienne et il conclue que la question israélo-palestinienne doit être mise en relation avec les rapports de force actuels dans le monde.
Samedi 17 novembre 07
La veille, chacun a organisé son programme :
un groupe est dans le camp d’Aqaba Jabr près de Jéricho pour échanger sur le jumelage en cours,
un groupe part dans le camp de Shufat près de Jérusalem où une réception est organisée,
un groupe reprend la route de Ramallah, cette fois en passant par le check point, pour aller rencontrer Fadwa Khader qui a organisée une rencontre avec un groupement de femmes palestiniennes et le PPP (Parti du Peuple Palestinien, ex-parti communiste). Le groupe restera bloqué au check point de Ramallah plusieurs heures avant de pouvoir rejoindre leurs interlocuteurs. Le consulat de France a du, de nouveau, intervenir en notre faveur.
L’après midi est consacré à la visite de Jérusalem
Dimanche 18 novembre 07 – Jérusalem
Temps libre à Jérusalem le matin.
Notre départ se fait en début d’après-midi et, à l’aéroport, comme attendu, nous passons au crible de la fouille complète avant de rejoindre l’embarquement.
Nous remercions la délégation pour sa participation active et solidaire et sa fraternité. Avec un merci particulier à Mériem pour la qualité de ses traductions et sa disponibilité. Nous remercions le Consul Général de France Alain Remy et son collaborateur, Alexis Lecour Grandmaison pour leurs conseils éclairés et leur aide. Nous remercions également Michel Warschawski pour sa contribution comme toujours de grande qualité et l’organisation des rencontres pluralistes avec les mouvements pacifiques et refuzniks israéliens. Et Ephraïm Davidi qui a permis la rencontre à la Knesset. Enfin, nous remercions particulièrement nos amis et partenaires palestiniens, dont la liste est trop longue à citer, pour la préparation de ce programme et les rencontres d’un haut niveau politique.
AJPF
Faisaient partis de la délégation :
Alain Blanchard, Maire de Saint Leu d’Esserent et Vice-président du Conseil Général de l’Oise / Camp de Deir El Balah (Bande de Gaza)
Alain Hajjaj, Adjoint au Maire de La Verrière (Yvelines) / Camp d’Aqaba Jabr (Jéricho – Cisjordanie)
Azzedine Taïbi, Adjoint au Maire de Stains et Conseiller Général de Seine Saint Denis / Camp d’El Amari (Ramallah - Cisjordanie)
Bénédicte Bauret, Adjointe au Maire de Mantes la Ville (Yvelines) et Conseillère Régionale d’Ile de France / Camp de Shufat (Jérusalem)
Carole Luissier Giuliani, Secteur International de la Fédération des Mines Energie (FNME)
Catherine Hanriot, maire de Pierrefitte / Camp de Kalandia (Ramallah – Cisjordanie)
Daniel Dreger, Elu de la Fédération Nationale des Métallos CGT (Alstom)
Dominique Bouret, 1ère Adjointe de la ville de Limay (Yvelines) / Camp de Shufat (Jérusalem – Cisjordanie)
Driss Chellah, Association Solidarité Palestine / La Verrière / Camp
d’Aqaba Jabr (Jéricho – Cisjordanie)
Fernand Tuil, co-Président de l’AJPF
Francis Wurtz, Député Européen
Hélène Roy, Association Solidarité Palestine / La Verrière / Camp d’Aqaba Jabr
Hervé Delorme, Trésorier de la Fédération Nationale des Mines Energie (FNME)
Isabelle Rose Massein, Conseillère Municipale de Villers Saint Paul (Oise) / Camp d’El Marazi (Gaza)
Isabelle Tordjman, AJPF
Jacqueline Favre, Conseillère Municipale de Saint Maximin (Oise)
Jacques Delveau, Conseiller Municipal de Saint Pierre des Corps (Gironde) / Village d’El Karara (Bande de Gaza)
Jean-Charles Perducat, Syndicaliste FSU, AJPF, association solidarité Palestine / Landes
Jean-Paul Salon, Directeur du groupe de gauche au Conseil Général de Dordogne / Camp de Silwad (Ramallah – Cisjordanie)
Kilani Kamala, Président du groupe inter religieux pour la Paix d’Aubervilliers / Ville de Beit Jala (Bethlehem - Cisjordanie)
Marie-Christine Labat, 1ère Adjointe de la ville de La Courneuve / Camp de Bourj El Shamali (Liban)
Mériem Derkaoui, Adjointe au Maire d’Aubervilliers / Ville de Beit Jala (Bethlehem - Cisjordanie)
Michèle Guzman, Conseillère Municipale de Mitry-Mory / Camp de Nahr El Bared (Nord Liban)
Mohamed Lamrani, Adjoint au Maire de la ville de La Verrière (Yvelines) / Camp d’Aqaba Jabr (Jéricho – Cisjordanie)
Monique Prévost, Maire de Douarnenez (Finistère) / Camp de Rashidié (Sud Liban)
Nathalie Lemeunier, Adjointe de la ville de Pierrefitte / Camp de Kalendia (Ramallah – Cisjordanie)
Nicole Teyssedre, Association solidarité Dordogne / Palestine / Camp de Silwad (Jéricho - Cisjordanie)
Patrick Laplace, Cabinet du Maire de la ville de Piereffitte / Camp de Kalendia (Ramallah – Cisjordanie)
Patrick Lehyaric, Directeur de l’Humanité
Philippe Massein, 1ère Adjoint de Villers Saint Paul. Président du Groupe de Gauche au Conseil Régional de Picardie / Camp d’El Marazi (Bande de Gaza)
Piero Rainero, Conseiller Municipal de Quimper (Finistère)
Pierre Barbancey, Journaliste à l’Humanité
Rachid Terzi, Responsable associatif de Limay (Yveline) / Camp de Shufat (Jérusalem – Cisjordanie)
Robert Bret, Sénateur des Bouches du Rhône
Roshdi Brazi, Cabinet du Maire de Stains / Camp d’El Amari (Ramallah - Cisjordanie)
Violette Folgado, Présidente de l’association solidarité Dordogne / Palestine / Camp de Silwad (Jéricho - Cisjordanie)
Yvonne Rainero, AJPF, Solidarité Palestine de Quimper