Comme beaucoup de mères, d’épouses, de soeurs de prisonniers, j’ai vite cherché (sans trop d’espoir) le nom de mon fils, Salah Hamouri, dans cette liste. Il n’y était pas.
Pourtant Salah n’a pas de « sang sur les mains », comme disent les Israéliens pour qualifier certains prisonniers. Salah n’a tué ni blessé personne. Mais Salah fait partie de ces prisonniers de Jérusalem qui sont toujours exclus des échanges ou des libérations. Leur sort désintéresse de même que leur statut est hybride : ni palestiniens, ni israéliens, ils sont sans nationalité. Salah fait partie de ces prisonniers condamnés à finir leur peine derrière les barreaux sans qu’on se soucie d’eux. Pour lui c’est encore 4 ans. Pour d’autres il reste 20, 30 années de prison à faire ou plus encore.
Si Salah est un des 11.000 prisonniers palestiniens, il présente cependant une caractéristique particulièrement importante : il est de nationalité française tout comme Gilad Shalit, Ingrid Betancourt ou Eric Breteau.
Cette décision de libérer des prisonniers palestiniens avait été annoncée publiquement à Paris par M. Olmert, le 14 juillet dernier. Et depuis cette date nous avons envoyé de nombreux courriers pour demander aux autorités politiques françaises de saisir cette opportunité auprès de leurs chers « amis » israéliens. Mais rien ne s’est produit.
Ont-ils simplement demandé ? Ont-ils essuyé un refus ? Ont-ils insisté ? On n’en saura rien. Une fois de plus c’est l’opacité la plus totale et l’arbitraire qui règnent s’agissant de mon fils, Salah Hamouri, un jeune franco palestinien de 23 ans.
Je constate une fois de plus que Salah est un français sans « F » majuscule. Je constate une fois de plus que certains Français sont plus français que d’autres. La France exige la libération de Gilad Shalit, un soldat d’une armée d’occupation enlevé en uniforme sur son char (et je n’ai rien contre) mais elle ne saisit aucune occasion véritable pour exiger la libération de Salah. La France a même demandé un « procès rapide » pour lui mais jamais le mot « libération » n’a été utilisé le concernant alors qu’il n’a strictement rien fait. Pourtant sa libération n’aurait pas gêné la « justice militaire » israélienne, comme on me l’a souvent répété, ni non plus gêné celle de Shalit.
Je suis très heureuse pour les familles qui recevront bientôt leurs prisonniers comme Saïd Al-Atabeh qui a passé 32 ans en prison. Mais on pouvait espérer un geste, une action de Monsieur Sarkozy qui avait déclaré solennellement pendant la campagne vouloir aller chercher les Français victimes d’arbitraires « partout où ils se trouvent ».
Mais il est vrai que le Président tout comme M. Kouchner sont des « très chers amis d’Israël ». Ils n’ont rien à lui demander, encore moins à exiger de sa part. Pauvre France et non pas « Douce France »…
Denise Hamouri
Jérusalem
Le 19 août 2008