L’urbicide fait référence aux « violences qui visent la destruction d’une ville non en tant qu’objectif stratégique, mais en tant qu’objectif identitaire ».
Après Tibériade (tombée le 18 avril), Haïfa (le 21 avril), Jérusalem-Ouest (fin avril), Safed (1er mai) ... et des dizaines de villages, c’est le tour des villes de Saint Jean d’Acre sur la côte au Nord et de Baysan à l’Est de la Palestine. Dans ces villes coexistaient avant la Nakba des communautés palestiniennes musulmanes, chrétiennes et juives, coexistence balayée par l’ethno-nationalisme identitaire porté par le mouvement sioniste.
La ville d’Acre est surpeuplée suite à l’afflux de réfugiés venus de Haïfa (24 km au sud). La ville est pilonnée mais résiste. Mais elle est touchée par une épidémie de typhoide. Des rapports de la Croix Rouge et de l’armée britannique indiquent que l’eau de la ville apportée par un aqueduc a été empoisonnée par une milice sioniste. (Voir article suivant)
La ville tombe le 6 mai, sous le coup du pilonnage, de l’épidémie de typhoide et de l’appel menaçant des haut-parleurs à quitter la ville : "Rendez-vous ou suicidez-vous. Nous allons vous détruire jusqu’au dernier". Après la chute de la ville, le lieutenant Petite, observateur de l’ONU, signale un pillage massif et systématique pour dissuader les réfugiés (souvent partis au Liban assez proche) de revenir et pouvant servir aux nouveaux immigrants juifs.
La ville de Baysan, dont les armes de défense étaient minimes et archaïques, tombe le 11 mai. Les habitants paniqués, terrorisés, sont expulsés pour la majorité vers la Jordanie. Certains ont pu y revenir en s’infiltrant, mais mi-juin ils ont été embarqués par l’armée israélienne sur des camions et "reconduits" en Jordanie.
Sources : ouvrages de Ilan Pappe, Henry Laurens, Vincent Lemire, Sandrine Mansour, Dominique Vidal, Walid Khalidi.