Quatre membres d’Amitié Lille-Naplouse ont pu rencontrer les contacts palestiniens de l’association en Cisjordanie. Le cinquième est rentré plus tôt, refoulé à l’aéroport Ben-Gourion de Tel Aviv.
Depuis quatre ans, près de 80 membres d’Amitié Lille-Naplouse se sont rendus en Palestine, selon le compte du président de l’association lilloise Francis Delebarre. Pour la première fois, le 29 septembre, l’un d’eux s’est vu refuser l’accès au territoire israélien.
Refoulé dès son arrivée à l’aéroport Ben-Gourion de Tel Aviv, le médecin lillois - qui ne souhaite pas apparaître sous son nom - a été prié de rentrer en France.
« Est-ce lié à son patronyme ou à son physique de type maghrébin ? » s’interroge le secrétaire de l’association Marc Leblanc qui faisait partie de la délégation en route pour Naplouse. Au-delà du cas particulier, l’association s’interroge sur la pérennité de ses actions si ses membres ne peuvent plus franchir la frontière israélienne. « C’est une obligation de passer par Israël et pas un choix », rappelle Marc Leblanc, précisant qu’un courrier de protestation a été adressé à l’ambassade d’Israël à Paris et une copie au ministère des Affaires étrangères. « L’affaire pose la question de la liberté d’opinion et de soutien au peuple palestinien, estime Gérard Minet, le président de la Ligue régionale des Droits de l’Homme. Cela démontre qu’un État de droit palestinien est nécessaire. » Néanmoins, après 11 h d’attente à l’aéroport, les quatre autres adhérents d’Amitié Lille-Naplouse ont pu se rendre en Cisjordanie où ils sont restés jusqu’au 10 octobre.
Au-delà des actions courantes de l’association - collaborations dans les domaines scolaires ou sportifs -, le voyage avait pour but la préparation de la prochaine semaine de la solidarité internationale (SSI), du 17 au 24 novembre prochains. La délégation s’est particulièrement penchée sur les thèmes des femmes de Naplouse prisonnières en Israël et de la colonisation autour de la ville jumelle.
« Sur un bassin de 200 000 habitants, 950 sont prisonniers politiques dans les prisons d’Israël, 100 sont condamnés à perpétuité et 25 ont moins de 18 ans », assure Marc Leblanc. Amitié Lille-Naplouse, dont les moyens sont limités, a choisi de cibler son action sur les femmes prisonnières. Une quinzaine de détenues et ex-détenues ont ainsi pu accéder à des soins dentaires et des courriers de soutien ont pu leur être envoyés. Une brochure reprenant des témoignages de familles a été éditée et vendue à 500 exemplaires.
L’association travaille actuellement à l’écriture d’un second fascicule, sur les effets de la colonisation dans les villages aux alentours de Naplouse.
« Nous nous intéressons aux conséquences dans la vie quotidienne », explique Marc Leblanc, citant pour exemple le village d’Awarta où 60 % des terres agricoles seraient inutilisables à cause de la colonisation. L’association n’hésite pas à prendre position puisqu’après les témoignages, une partie de l’ouvrage doit expliquer « en quoi la politique d’Israël est illégale ».
Des témoignages en direct, Amitié Lille-Naplouse espère en produire lors de deux rendez-vous thématiques, le premier sur les femmes de Naplouse prisonnières, le 17 novembre au Chalet (11 h), le second sur la colonisation, le 24 novembre à la salle Philippe-Noiret (à 20 h).