Un an après les terribles massacres de l’armée israélienne à Gaza, la violence coloniale est en train de se dédoubler spectaculairement : elle est à la fois militaire et sociale. Car la crise sociale que vivent aujourd’hui les Palestiniens s’aggrave dramatiquement du fait de l’occupation.
Cette semaine encore, les avions militaires israéliens ont mené deux raids sur la bande de Gaza et cette nuit du 1er septembre 2015, Jénine était en état de siège après un raid nocturne de l’armée coloniale dans le camp de réfugiés.
Cette "anormalité militarisée" reste quotidienne en Palestine tout comme la crise sociale. Or cette crise sociale, qui pourrait nous faire penser par certains côtés à celle de la Grèce, est durement amplifiée par le contexte de l’occupation coloniale. Les Palestiniens sont hélas condamnés dans leur vie de tous les jours à la double peine.
Les écoles palestiniennes doublement menacées par l’austérité et l’occupation
En ce moment les enseignants des écoles publiques, privées et celles des camps de réfugiés sont en lutte contre des restrictions budgétaires catastrophiques et contre l’austérité sociale. L’éducation était pourtant jusqu’à présent la plus belle réussite et la grande fierté des Palestiniens : c’est ainsi qu’à Gaza où la population est constituée à plus de 70% de réfugiés, le taux de scolarisation dépasse néanmoins les 90% tant dans les secteurs public et privé que dans celui des camps de réfugiés administrés par l’UNRWA.
Des enseignants sans salaire depuis plus de deux mois !
Sous l’effet des logiques économiques austéritaires, l’ONU et les institutions internationales sont en train de fermer le robinet de l’aide financière qui aide les Palestiniens à survivre depuis 1948.
A présent, il n’y a pas que les bombes qui pleuvent sur Gaza et la Cisjordanie : il a aussi des "missiles économiques" lancés par l’ultra libéralisme dominant la planète. Cela s’est traduit en Palestine par des coupes budgétaires catastrophiques dans l’aide internationale. Les camps de réfugiés administrés par l’UNRWA sont touchés de plein fouet : 100 millions de dollars, absolument nécessaires au fonctionnement de l’éducation scolaire, n’ont pas été versés aux Palestiniens. Les enseignants ne sont plus payés depuis deux mois et les classes sont surchargées : de 65 à 70 élèves par classe ! Les syndicats palestiniens ont organisé durant l’été des grèves et des manifestations. En ce moment, des enseignants en lutte font la classe dans les rues !
Le mouvement syndical palestinien
Les deux principaux syndicats palestiniens dans les territoires occupés sont la GFIU (General Federation of Independent Unions) et la PGFTU (Palestinian General Fédération of Trade Union)
Nous avons pu rencontrer cet été à Paris des représentants de la GFIU qui regroupe aujourd’hui 19 syndicats nationaux de branches d’industrie et qui joue un rôle important dans les luttes des salariés et des travailleurs sans emploi de Palestine. Ces camarades nous ont transmis l’appel international de leur organisation qui contient ce message de leur Secrétaire général, Mahmoud Ziade : « Nous croyons que la question de la justice sociale en Palestine ne peut pas attendre la fin du colonialisme israélien. Nous croyons que la lutte pour la justice sociale dans la société palestinienne fait nécessairement partie de la lutte plus large contre le colonialisme israélien. »
Cette double exigence exprimée par Mahmoud Ziade montre que la résistance populaire palestinienne est plus proche de nous qu’elle ne parait vue de loin.
Nous avons toujours pensé à l’AFPS que la solidarité avec la Palestine ne doit pas se réduire à des « près carrés » étriqués constitués de spécialistes des questions du Proche Orient. Il faut s’ouvrir et rassembler largement pour que cette solidarité soit vraiment efficace. Car pour contraindre la France et l’Europe à sanctionner l’état colonialiste et voyou d’Israël, pour que la campagne international du BDS soit efficace, il faut que la solidarité avec le peuple palestinien devienne un grand et large mouvement populaire capable de faire bouger les gouvernements. Contre les murs de la colonisation et de l’apartheid, il nous faut construire un véritable pont de la solidarité internationale, de mouvement social à mouvement social. Le conflit social des enseignants palestiniens nous interpelle. Il doit être l’occasion pour chacun de nous d’apporter sa contribution à la construction de ce pont.