Le "Trump des tropiques" suit l’exemple de son homologue américain. "Comme nous l’avons déjà annoncé lors de la campagne, nous avons l’intention de transférer l’ambassade du Brésil de Tel-Aviv à Jérusalem", a annoncé Jair Bolsonaro sur Twitter, confirmant ses déclarations faites jeudi au média israélien Hayom Chalom. Dans ce journal pro-Netanyahu, le président du Brésil avait ainsi estimé qu’Israël avait le droit de désigner sa capitale.
"Je félicite mon ami le président élu du Brésil Jair Bolsonaro pour son intention de déplacer l’ambassade brésilienne à Jérusalem, un pas historique, juste et enthousiasmant", a rapidement salué le président israélien via un communiqué.
Fraîchement élu président, Jair Bolsonaro s’apprête donc à succéder à Donald Trump et à Jimmy Morales - président du Guatemala. Pour mémoire, tous deux avaient déplacé leur ambassade à Jérusalem en mai dernier. Des transferts qui avaient vivement agité la scène internationale. Et pour cause, le statut de la Ville sainte est au cœur même du conflit israélo-palestinien.
De son côté, l’Etat juif affirme sa souveraineté totale sur Jérusalem depuis la Guerre des Six Jours (1967). Une annexion contestée par les Palestiniens – qui visent à faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat – et par l’ONU – qui dénonce une violation du droit international.
Des exportations de viandes en péril
"Nous avons le plus grand respect pour le peuple d’Israël et pour le peuple arabe. Nous ne voulons créer de problèmes avec personne. Nous voulons faire du commerce avec tout le monde et rechercher des solutions pacifiques pour résoudre les problèmes", a ajouté Bolsonaro jeudi lors d’une conférence de presse, tentant d’apaiser la colère annoncée des pays arabes. Lesquels commerçaient jusqu’alors beaucoup avec le Brésil.
"Les États-Unis ont pu se le permettre car ils sont une superpuissance, s’inquiète dans O Globo l’ancien diplomate Rubens Ricupero. Mais pour nous, cela met en péril nos exportations de viande et de volaille vers les pays arabes qui représentent à elles seules 6 milliards de reais (1,4 milliards d’euros)".
D’autant que l’annonce de Jair Bolsonaro tranche avec la tradition diplomatique de neutralité du Brésil dans le conflit israélo-palestinien. "C’est un véritable pas en arrière par rapport aux gouvernements précédents qui ont reconnu la nécessité d’un dialogue de paix entre la Palestine et Israël, souligne l’historien James Green, cité par Folha de S. Paulo. Ce que le Brésil montre avec cette décision, c’est qu’il ne s’intéresse plus aux pays arabes".
Le facteur évangélique
Faisant fi des problématiques diplomatiques et économiques, le nouveau président du Brésil semble plus s’attacher à plaire aux réseaux évangéliques qui ont permis son élection. En mai 2016, il s’était d’ailleurs fait rebaptiser en Israël par un pasteur pentecôtiste.
"La position de Trump sur Jérusalem, dans laquelle Bolsonaro se reflète lui-même, est de plaire à sa base évangélique", décrypte O Globo. "Il y a des secteurs néo-pentecôtistes qui croient que Jérusalem doit être entre les mains des juifs pour que le Christ revienne sur terre".