Halhul, le 29 octobre 2006
Un court message depuis Halhul pour au moins dire que tout se passe bien jusqu’à présent. Le groupe est au complet. M. et G. nous ont rejoint cet après-midi après moult péripéties puisque leurs bagages sont encore en transit du côté de Tel Aviv.
Hier, samedi, on a été accueilli par la pluie donc le terrain n’était pas vraiment praticable pour la cueillette. Premier jour consacré à faire le point de la situation et plus ample connaissance...
Ce matin départ de bonne heure en direction du sud, dans une zone près d’Hébron, au pied d’une colonie et d’un camp militaire (Colonie d’Otni’el). L’accueil de rigueur était bien sûr au rendez-vous, militaires et colons en armes, mais plutôt tranquille. Les élus d’Hennebont nous ont rejoint. Nous étions donc une bonne vingtaine sur place. On a sillonné le périmètre afin de permettre à plusieurs familles de faire la récolte. On a ouvert ainsi trois ou quatre champs, non sans avoir fait face à quelques tentatives d’intimidation avec notamment des propos du genre "Pourquoi vous aidez les Arabes ? Vous êtes contre les Juifs ? Il ne faut pas être avec eux..."
La dernière famille que nous avons rejoint a reçu des pierres un peu plus tôt. A chacun de nos déplacements, les soldats nous "escortaient" à distance puis venaient nous voir. Les agriculteurs nous ont chaleureusement remercié à notre départ. Ils ont obtenu "l’autorisation" de prolonger la cueillette encore quelques heures mais rien n’est sûr pour demain.
De retour à Halhul : le groupe d’Hennebont a poursuivi son périple en allant à coté de Bethlehem dans le camp de Aïda. Nous les retrouverons demain à Hébron lors d’une rencontre avec le Comité de défense de la terre. Avant cela nous aurons passé de nouveau la matinée à la cueillette (sauf pluie ou emmerdements).
Nota Bene : cette année nous sommes bien lotis puisqu’une association prend en charge nos déplacements et l’essentiel de nos besoins alimentaires. Tout le monde passe le bonjour. On se les caille un peu la nuit mais on tiendra le coup... Désolé pour la syntaxe mais ce clavier est une vraie daube...
Bien à vous,
Bonne nuit !
Y. A. et Y. A. S. - Pour l’ensemble des participants à la cueillette dans la région d’Hébron
Halhul, lundi 30 octobre 2006
Salut la compagnie !
Nous nous sommes dirigés en ce matin ensoleillé vers la colonie de Asfar, nord d’Hébron, où une surprise nous attendait : l’oliveraie sur laquelle nous devions faire la récolte a été pillée par les colons et les paysans sont désemparés. Nous allons ensemble vérifier les oliviers les plus proches des grillages, ceux-ci sont également ratissés. Du coup la matinée se passe entre dégustation d’amandes, échanges avec les fermiers et ramassage des trois maigres olives restantes. Récolte perdue pour les paysans et amère matinée pour tous.
L’après midi, direction le siège du Comité de défense de la terre à Hébron pour une conférence sur la situation actuelle et à venir de la Palestine ; spoliations multiples, extensions du mur, agressions psychologiques et physiques sous l’égide de l’armée et de la justice israélienne...
Un vrai moment « à nouer les tripes », disponible à notre retour, en vidéo.
Puis, visite de l’ancien marché d’Hébron jouxtant la colonie de la vieille ville, entourée de barbelés et de miradors : la place est désertée du fait de la pression israélienne (jets d’ordures, saccages, humiliations diverses...) Les conditions de vie semblent suffisamment insupportables pour inciter les Palestiniens au départ.
Soirée falafels, blagues et charades, vaines tentatives de décompression et au pieu...
Yachou, Barbatroux et Vinz
Halhul, mardi 31 octobre 2006
Salut la compagnie !
Ce matin, retour à Otni’el pour une belle matinée, beaucoup plus productive sans la présence des soldats : grosses « zeitoun » (olives), plus de gaîté dans les échanges et récolte fructueuse.
L’après midi rencontre avec l’Union agricole locale (UAWC) explication sur le fonctionnement des coopératives, du travail des femmes, des projets passés et à venir, des relations avec l’extérieur, et des innombrables obstacles pour l’exportation de leurs produits : huile d’olives, fruits secs, graines, broderie...
Sur la route du centre culturel, petit moment de poésie en compagnie d’un souffleur de verre, puis visionnage d’une vidéo de la pièce de théâtre jouée à Fougères en mai 2006, pour le festival de la paix, en présence des jeunes acteurs de Halhul et des organisateurs.
La pièce très forte mettait en scène la situation d’oppression en temps de guerre et d’occupation. Les jeunes étaient ravi(e)s, leurs familles aussi car ils voyaient le spectacle pour la première fois. Cette rencontre présage des projets futurs ...
La suite demain au prochain épisode...
Salut !
Yachou, Barbatroux et Vinz
Halhul, 1er novembre 2006
Salut à tous !
Aujourd’hui nous sommes allés du côté de Dura, dans une vallée qui se trouve au sud-ouest de Hébron. Nous sommes arrivés nombreux et il y avait deux terrains appartenant aux deux familles que nous avons rejointes. Ces deux terrains sont séparés par une colonie qui les a annexés. C’est-à-dire que les propriétaires légitimes n’y ont plus accès. C’est assez gerbant de savoir qu’ils ne peuvent pas cueillir sans notre présence.
On s’est donc divisés en deux groupes, le premier est parti dans une des deux vallées, le second attendant la venue des soldats qui nous épiaient dès notre arrivée. Nous attendions de voir s’ils nous laisseraient aller sur l’autre terrain, plus proche de la colonie. Les soldats nous ont ordonné de nous lever sur un ton très limite, nous avons donc joué aux « froggies » qui ne connaissent rien à l’anglais, histoire de se foutre un peu de la gueule de ces types hyper arrogants. Il voulaient clairement nous faire peur (nous avons ressenti une petite pression, heureusement que nous formions un groupe coordonné. Mais plus fort que ça, il y avait ce sentiment d’injustice qui légitimait notre action et en même temps l’envie de se moquer d’eux).
Ils ont fini par nous en empêcher l’accès et nous n’avons pu qu’aller sur la première vallée.
La récolte a été assez moyenne (environ 150 kilos) car les oliviers ne sont pas entretenus à cause de l’interdiction d’accès, et aussi parce que les colons volent les plus beaux fruits.
Depuis quelques années la famille de Fatima, l’une des paysanne avec qui nous travaillons, n’a pas pu mettre les pieds sur sa terre. Il y a deux jours, les soldats sont venus leur prendre les olives qu’ils ont réussi à cueillir en bravant l’interdiction. Il y a quatre ans, quand ils étaient venus récolter, des soldats leur ont barré la route et leur ont dit qu’ils ne pourraient plus venir désormais car il y avait une décision de la D.C.O. (District Co-operation Office : service administratif Israélien qui délivre des permissions pour les colonies afin de réquisitionner les terres des paysans).
L’année dernière, du côté appartenant à l’autre famille ou nous n’avons pas pu aller, les colons ont brûlé une partie des oliviers.
Les soldats ont fortement conseillé aux paysans de ne plus accepter l’aide d’étrangers, de la presse, et ce pour leur propre "sécurité". Ces salauds ont pris des photos de nous pendant notre descente vers les oliviers et durant la cueillette.
Une partie du groupe s’est rendue dans l’après-midi à Bethléem afin de visiter le camp d’Aïda, mais cela n’a pas été possible car il était déjà trop tard.
A bientôt,
G. et M.
Halhul, le 2 novembre 2006
Bonjour à tous,
Ce jour, 2 novembre nous sommes environ vingt-cinq à partir chez un agriculteur dont la maison est située près de la colonie de Khrasina. Cette colonie se trouve à proximité de Hébron (au nord). La maison est au ras des barbelés qui encerclent la colonie. En face, de l’autre coté de la vallée une autre colonie : Qiryat Arba. Les israéliens ont le projet de relier les deux colonies ce qui détruira et annexera la vallée. Cette vallée produit le meilleur raisin de la région de Hébron.
L’agriculteur n’a pu accéder depuis quatre ans à ses terres situées de l’autre coté des deux rangées de barbelés, ce qui correspond à 1,5 hectare : 500 arbres fruitiers. Plusieurs familles qui vivaient sur ces terres ont été expulsées sous prétexte de sécurité. Au début il y avait un portail qui soit disant permettrait à l’agriculteur de passer dans ses champs. Depuis deux ans ce portail a été remplacé par un grillage avec un panneau indiquant les heures d’ouverture pour le passage (du dimanche au jeudi soir) et pour les vendredis et jours fériés il y a un numéro de téléphone pour demander l’ouverture.
En réalité l’agriculteur a attendu régulièrement devant le grillage mais personne n’est venu lui ouvrir. Quant au numéro de téléphone, personne n’y répond ou on lui passe plusieurs services sans résultat. Aujourd’hui l’avocat ainsi que nos accompagnateurs ont tenté d’appeler ce numéro. Après être passé par trois services ils ont réussi à joindre à son grand étonnement et mécontentement la "bonne" personne. Celle-ci a demandé que l’agriculteur se présente lundi prochain avec la preuve de sa propriété en fournissant un document cadastral. L’avocat a proposé d’aller accompagner l’agriculteur lundi avec l’un d’entre nous comme témoin.... (A suivre).
Nous avons donc cueilli les olives près des barbelés (à l’extérieur). L’agriculteur vit sans cesse insulté, agressé, caillassé par les enfants des colons lorsqu’il vient entretenir ou récolter. Et lorsqu’il porte plainte contre ces agressions on lui répond que ces gens n’ont pas une vie facile.
Nous avons pu cueillir tranquillement car personne n’est venu nous agresser. La récolte a été bonne. Par contre nous avons constaté qu’il n’avait pu récolter son raisin qui a séché sur place.
Ce soutien moral est surtout très important pour cette famille isolée. Cela les aide à continuer de résister.
E., Y., H., C., P., J. et M-P.
Vendredi 3 et samedi 4 novembre
Salut à tous !
Compte rendu des vendredi 3 et samedi 4 novembre 2006.
Départ pour Bil’in où se déroulent chaque vendredi depuis un an et demi des manifestations pacifistes devant le Mur ; une dizaine de membres de l’AFPS rejoignent une centaine de personnes, palestiniens, israéliens, divers internationaux (beaucoup de Français, Américains, un groupe belge en fin de manif). Nous nous approchons de la colonie qui se construit sur les terres de Bil’in.
Le premier obstacle, forme de rouleaux de barbelés et d’un solide grillage est franchi par en dessous, voilà les manifestants sur le chemin de ronde qui entoure les territoires annexés par Israël. Les bombes lacrymogènes s’abattent sur nous, les uns sont stoppés par l’asphyxie et les larmes, d’autres peuvent s’avancer. Quand nous réussissons à rejoindre les soldats qui sont venus à notre rencontre, les lacrymos s’arrêtent (les soldats en prenaient aussi plein la gueule), un sit in plus ou moins houleux commence (chansons révolutionnaires, diverses tentatives de dialogue, quelques bousculades).
Les soldats protègent l’accès à l’intérieur de la base militaire, certaines personnes passent dans la bousculade, aucune interpellation n’est à déplorer (la coordination et la cohésion du groupe sont très bonnes), statu quo.
Ça se poursuit dans les mêmes conditions pendant une trentaine de minutes d’allers et retours sur le chemin de ronde, usage de lacrymos, de bombes assourdissantes. Accalmie, dialogue (de sourds), retour vers Bil’in. Nous n’oublions pas de remettre des pierres sur la route en repartant.
En arrivant à l’entrée du village, d’où des tirs sporadiques se faisaient entendre pendant la durée de la manif, nous tombons sur un face à face jeep de l’armée contre gamins locaux : les jeunes lancent des pierres, les soldats répliquent, balles en caoutchouc, balles réelles, lacrymos, la routine... Au bout de cinq minutes, la jeep se fout en position sur la terrasse, une vingtaine de personnes (Palestiniens, quelques français, reporters surtout) se réfugient dans la maison, sous la menace manifeste des soldats qui aboient au haut parleur en tirant, une quinzaine s’enfuient par derrière. La voiture est à un mètre de l’entrée de la porte, les soldats tirent des salves de balles réelles sur les gamins planqués.
Dès son départ, nous sortons photographier les douilles, une mère de famille éplorée se fait interroger par la TV. Des jeeps à 80 mètres continuent à tirer, J. reçoit une balle dans le poignet, le bracelet de sa montre saute. Il est rapidement pris en charge par deux Palestiniens dont un du Croissant rouge qui le mènent à l’ambulance, en passant à découvert. José a peur pour les Palestiniens qui le protègent des tirs.
Dans l’ambulance, il est assisté par une Israélienne de Tel Aviv qui fait l’interprète, elle l’accompagne durant le temps de l’hospitalisation à Ramallah, P. le rejoint grâce aux Palestiniens, puis quelques membres du groupe par leurs propres moyens. La balle a glissé sur l’os, causant une fracture et est ressortie 12 cm plus loin (pas par le bout de l’auriculaire). L’armée israélienne ne nettoyant pas ses balles avant usage, le plus dur sera d’éviter l’infection. Après l’achat d’antibiotiques, tous rentrent sans problème le soir même.
Aujourd’hui, fin de la cueillette chez le paysan de jeudi, entre Khrasina et Qiriat Arba, sans problème et même assez fructueuse. L’après midi, une partie du groupe va aider le maître de maison dans ses plantations pendant que d’autres vont visiter le camp de réfugiés de Deiheshe. A noter les départs en masse : après Y., Y. et H. vendredi, Y., E., M. et G. nous ont quittés, M. est arrivé.
Bonjour chez vous !
José, Vinz et Francois