Journée de la Terre 2005 : Culture et Résistance
« Etre palestinien, c’est mêler sa voix à cet hymne à la vie alors même que tout n’invite qu’à la mort. » Michel Seurat
Quand je pense à cette lutte, la première chose qui traverse mon esprit est le vers d’un poète, ou le refrain d’une chanson, c’est " Inscris, je suis Arabe " de Mahmoud Darwich, ou les romans poignants de Ghassan Kanafani, écrivain et homme politique qui a toujours su faire appel à la conscience universelle.
Notre combat est celui d’un peuple, nation déchirée reconstruite par delà les frontières, uni dans sa diaspora, dans sa diversité et son éparpillement. Comment exprimer la terre en exil, et comment vivre loin de ce qui vous pousse à vivre. La Palestine était là dans nos cœurs au moment où d’autres s’acharnaient pour l’effacer de la géographie et de l’Histoire, et de nos cœurs elle s’envola vers d’autres cœurs et consciences devenant message et nos battements devinrent revendications. Notre société deviendra une société éduquée portant la revendication de la démocratie et de la laïcité, prônant l’égalité des Hommes sans distinction de race, de sexe ou de religion, et l’idée d’une terre multiculturelle, multiconfessionnelle.
Nos penseurs et nos poètes ont cessé de nous appartenir pour appartenir à l’universel, comme Edward Saïd ou Mahmoud Darwich dont les écrits étaient quelques pierres posées, participation d’un peuple à la construction de l’Humanité. Les vers de Tawfiq Ziad retentissent encore en écho pour traverser la mort et le doute, le doute de la mort pour atteindre la mort du doute.
La Palestine devient culture, tout rappelle la terre, les broderies, les poèmes, les contes. Le nom des camps et des nouveaux-nés sera celui des villes perdues ou villages disparus. Et la Palestine vivra.
Quand le peuple se soulèvera en Palestine, ce sont les sourires des enfants autant que leurs pierres qui agaceront l’occupant, car malgré les souffrances nous avons su préserver l’espoir.
Alors cette année, la Journée de la Terre, journée de souffrance et de mémoire, sera l’occasion de célébrer la culture palestinienne, résistance populaire du peuple palestinien, cette quête de liberté qui lutte contre l’occupation, ce rêve d’une terre retrouvée, ce combat permanent contre l’absence et l’oubli, celui de la vie à l’assaut de la mort. Et la Palestine renaîtra de nos vers, de nos chants, de nos hymnes, de nos espérances. Venez nombreux vivre la Palestine pour que la Palestine puisse vivre. Laissez vous transporter par une terre devenue idée et idéal, une lutte devenue symbole, une jeunesse devenue étendard de liberté, de justice et de droit.
Cette Journée de la Terre est l’occasion de célébrer la Palestine...et l’espoir, avec vous et grâce à vous.
Majed Bamya [1]
Du symbole à la mobilisation (Journée de la Terre)
Le 30 mars 1976, des Palestiniens de Galilée, au nord de la Palestine, manifestent contre la confiscation de leurs terres, destinées par l’Etat d’Israël à devenir des colonies juives et des zones militaires. Ces Palestiniens, pourtant porteurs de la citoyenneté israélienne, seront sauvagement réprimés. L’armée israélienne tire dans la foule, faisant six morts et des dizaines de blessés. Le martyre de ces Palestiniens et Palestiniennes est celui de tout leur peuple exproprié, nié, bafoué.
Depuis ce jour, la Journée de la Terre est devenue un symbole pour les Palestiniens dans leur combat contre les exactions du projet sioniste en Palestine. C’est l’occasion pour les Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et des Palestiniens des territoires annexés par Israël de s’unir dans la lutte contre le colonialisme et le racisme de l’Etat d’Israël. Cette unité s’exprime également parmi les exilés de la diaspora qui relayent la commémoration à travers le monde.
Cette année, la liste des revendications de notre peuple sera notamment alourdie par la poursuite de la construction de la soi-disant " clôture de sécurité ". Cette dernière est en fait un mur, déclaré illégal par la Cour Internationale de Justice, et qui annexe encore d’avantage de terres palestiniennes. Ce mur, en plus des colonies israéliennes remet en cause la possibilité d’un Etat palestinien viable et souverain. Il renforce de fait un système d’apartheid contre lequel nous invitons toutes les consciences humanistes à protester. Unis dans la lutte et le devoir de mémoire, les Palestiniens vous appellent à une protestation commune contre le colonialisme et pour le droit international, pour une paix qui sans être juste ne saurait être durable.
Omar Abu Nasser
Une histoire tragique, celle du peuple palestinien
Tous les Palestiniens, dans le monde entier, commémorent le 29ème anniversaire de la Journée de la Terre, comme chaque année depuis le 30 mars 1976.
Le 11 mars 1976 le gouvernement israélien publie un plan d’expropriation de 21,000 Dunums (2,100 hectares) des villages palestiniens de Galilée (dans le nord de la Palestine). Cette expropriation a pour but de diminuer le nombre de Palestiniens dans la Galilée, et ce en créant de nouvelles colonies juives et des zones militaires.
A la fin du mois de mars 1976 l’Etat d’Israël, au nom du sionisme, multiplie les confiscations de terres palestiniennes et déclare les villages zones militaires.
Le haut comité arabe en Palestine occupée en 1948 déclare une grève générale. La réponse de l’armé d’occupation israélienne est immédiate. Elle impose un couvre feu le 29 mars à partir de 17h00 sur les villages palestiniens de Galilée : Sakhnin, Arabeh, Der-Hannah, Turhan, Tamra et Kabul.
Le 30 mars 1976 au matin les Palestiniens organisent la grève générale, qui s’étend de Galilée au nord jusqu’au Néguev au sud. Le gouvernement israélien déploie ses plus gros moyens, et envoie l’armée et la police contre des Palestiniens sans défense.
Six Palestiniens sont tués et des douzaines blessés, en majorité des jeunes. A Sakhnin, Khadijah Shawahdeh, fille de 16 ans a été tuée devant chez elle alors qu’elle ouvrait la porte de sa maison à son petit frère.
Namely Raja Abu Rayya, Khader Khalayla, Khair Yacine, Mohsen Taha et Rafat Zuheiri sont les autres martyrs de cette journée funeste.
Hossam El Aqra
Toutes les informations sur la Journée de la Terre 2005 : www.gupsfrance.org