UNION LOCALE C.G.T des syndicats de Nancy et ses environs
Nancy, le 27 juin 2006.
Ce collectif est mené par l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) et comprend notamment le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) et l’Union juive française pour la paix (UJFP). Les représentants de ces associations participaient à ladite délégation. Un membre est, par ailleurs, signataire de l’appel « Pour une autre voix juive » publié dans le journal Le Monde en 2003 puis en 2004.
Il nous a été expliqué qu’un accord sur un projet de tramway a été signé le 17 juillet 2005 entre le gouvernement israélien et les entreprises ALSTOM et CONNEX. Cet accord vise la réalisation et l’exploitation à Jérusalem d’une ligne de tramway dont le tracé a été dessiné dans le but de renforcer les liens existant entre Jérusalem-Ouest et les colonies israéliennes établies dans et autour de la ville.
Il se trouve que les colonies faisant l’objet de cette nouvelle desserte sont construites sans reconnaissance internationale sur des territoires appartenant à la communauté palestinienne et en violation de toutes les conventions internationales. Il se trouve que cette desserte, construite illégalement sur les terres des Palestiniens, ne leur sera même pas accessible, introduisant de cette façon une ségrégation inacceptable sur le plan humain.
Par ailleurs, en apportant un nouveau service moderne et de qualité à ces colonies, les sociétés françaises impliquées confortent l’Etat d’Israël dans sa politique d’occupation illégale et banalise la spoliation au quotidien dont les Palestiniens sont victimes chez eux depuis des décennies par l’implantation des colonies pourtant dénoncées par toutes les instances internationales et par la France elle-même.
Ces quelques phrases et les qualificatifs qu’elles contiennent ne sont nullement des jugements de valeur, mais la simple description, en toute neutralité, d’une situation décrite par tous et surtout par les intéressés des deux camps eux-mêmes.
D’ailleurs, il n’entre pas dans les compétences d’un syndicat comme le nôtre de participer à un débat de nature politique, et nous laisserons aux dirigeants des sociétés françaises signataires de ces marchés la responsabilité de leurs actes et le soin de discuter avec leur conscience de la légitimité de leur conduite.
Mais nous ne serions pas dignes de la confiance de nos mandants si nous ne relevions pas que l’attitude irresponsable de ces dirigeants met en cause la sécurité des salariés de la CONNEX et d’ALSTOM.
Sécurité économique d’une part, parce que signer ces marchés, revient à choisir son camp et, en l’occurrence, à se rendre quelque part complice de l’illégalité de l’ensemble de la démarche de l’Etat Israël sur cette question particulière. Sans doute, s’agit-il d’abord d’un marché et la situation de notre économie n’est pas à ce point brillante que nous puissions nous payer le luxe d’en refuser. Mais s’arrêter à ce raisonnement est à courte vue et fait l’impasse sur le risque important de voir les Etats musulmans de la planète rejeter systématiquement les offres de nos entreprises par représailles à cette conduite illégitime. On appelle ça un boycott et gagner d’un côté peut nous faire perdre beaucoup plus d’un autre côté.
Sécurité physique, surtout car, il n’y a pas si longtemps, nous avons vu le monde musulman s’enflammer pour la publication d’images provocatrices portant atteinte aux croyances religieuses avec des morts à la clef. Il y a fort à craindre que des provocateurs malintentionnés ne saisissent cette opportunité de dénoncer les entreprises françaises impliquées et ne mettent au pilori leurs salariés expatriés en les désignant à la vindicte populaire avec les conséquences que l’on peut facilement imaginer. Ce ne serait pas une première !
Sur un plan plus moral, la CGT ne saurait en aucune manière cautionner l’attitude des dirigeants de la CONNEX et d’ALSTOM qui aboutit à accepter des marchés « sans éthique » et à faire de leurs salariés, sans leur demander leur avis, les complices de cette infamie. La sagesse populaire prétend que l’argent n’a pas d’odeur, mais il y a des limites.
17 rue Drouin - 54000 NANCY
Téléphone : 03 83 32 20 14 - Télécopie : 03 83 32 04 34 -