Un journaliste qui couvre la Bande de Gaza doit y s’habituer, comme la population prise au piège du conflit israélo-palestinien. Mais cette fois, ces femmes et ces enfants qui criaient étaient mes voisins...
Il faisait chaud, l’électricité était coupée. J’attendais un coup de téléphone et j’étais en train de me pencher vers le balcon quand quelque chose m’a frappé par derrière. En tombant par terre, je me suis dis que ça devait être une porte.
Avant de m’épousseter et d’évaluer les dégâts, j’ai pu appeler pour transmettre l’information à l’agence et annoncer que le ministère avait été bombardé dans le cadre de l’offensive menée depuis deux semaines par l’armée israélienne après la capture d’un de ses soldats.
La déflagration de 1h30 du matin a transformé un quartier entier en zone de guerre. Mes voisins et moi faisions partie des dommages collatéraux.
Treize personnes ont été blessées, des voitures détruites. Une portière de la mienne, avec ses deux gros logos "AP" à l’avant et à l’arrière, a été arrachée.
Alors que les habitants de l’immeuble sortaient terrifiés dans les couloirs plongés dans l’obscurité, nous avons tenté de nous organiser. Avec un voisin, nous avons entrepris d’assurer que tout le monde allait bien. Armés d’une torche, un journaliste et un porte-parole du Fatah se sont ainsi retrouvés à frapper aux portes.
Au troisième étage, nous avons trouvé un vieil homme. Pour tenter de trouver le sommeil dans la chaleur accablante de Gaza, il s’était réfugié sur son balcon. Il était inconscient et nous l’avons transporté à l’intérieur où les secours l’ont récupéré et conduit à l’hôpital. Nous avons ensuite appris qu’il avait seulement été choqué par l’explosion et sonné par la déflagration.
Dans la rue, un de mes voisins portait dans ses bras ses fillettes, âgées de six ans et sept mois. Le bébé était couvert de poussière.
Comme mon lit lorsque je suis rentré chez moi plus tard dans la matinée. Toutes les vitres avaient été soufflées, et des éclats d’obus jonchaient le sol. L’ours en peluche de mon enfance était enseveli sous les éclats de verre.
Aujourd’hui, je vais tenter de tout déblayer. J’irai parler à ma femme, qui doit accoucher d’un jour à l’autre. L’hôpital, où elle doit donner naissance à notre enfant, a réclamé 25 litres d’essence pour un générateur car l’approvisionnement en électricité ne peut être garanti. J’essaierai de voir si je peux trouver une autre portière pour la voiture.
Mais je ne réparerai pas les fenêtres. Du moins, pas tant que durera l’offensive actuelle.