Les groupes armés de la résistance palestinienne s’étaient accordés sur une trêve qu’ils ont très largement respectée depuis février 2005. La condition était l’arrêt par l’armée israélienne des attaques contre la population palestinienne, des assassinats ciblés contre les dirigeants et militants de la résistance, des destructions de maisons de même qu’ un allègement des bouclages et autres check-points qui étouffent et morcellent la Cisjordanie. Plus bien sûr la libération des prisonniers.
Depuis, si 900 prisonniers ont été libérés, des centaines d’autres personnes ont été arrêtées et détenues. Les check-points sont partout, la Cisjordanie est bouclée,des maisons sont détruites par les bulldozers que Caterpillar vend à Israël, les assassinats se multiplient à nouveau en Cisjordanie, et Gaza "libérée" est sous les bombes israéliennes.
Quoi d’étonnant à ce que des organisations de la résistance annoncent la fin de la trêve ? D’autant plus pour le Jihad islamique que c’est un de ses dirigeants qui a été assassiné lundi à Tulkarem.
Les provocations de Sharon et des siens ont abouti à un acte contraire au droit, une attaque contre des civils, et vont permettre au gouvernement israélien de nouvelles "représailles", par une de ces inversions des responsabilités dont les autorités israéliennes sont passées maîtres.
Mais peut-on provoquer incessamment un peuple qu’on occupe et humilie depuis des décennies sans s’exposer à des réactions armées ? Les pratiques coloniales militaires du gouvernement Sharon exposent la population israélienne aussi à la violence et l’insécurité.
Ainsi Khader Habib du Jihad islamique a déclaré que le Mouvement et les autres groupes palestiniens répondraient aux "crimes israéliens contre notre peuple", expliquant qu’ils s’étaient engagés à une pause dans la lutte armée mais qu’ Israël lui avait poursuivi sa politique d’assassinats et d’arrestations massives.
Mustafa Barghouthi, secrétaire de l’ Initiative Démocratique Palestinienne, a déclaré que tous les groupes palestiniens avaient donné sa chance à la trêve, mais pas Israël qui a continué à provoquer les Palestiniens.
L’armée israélienne a tué 120 Palestiniens, dont 13 depuis début octobre, et en a arrêtés 2500 depuis le début de la trêve selon M. Barghouti.
"Israël a fermé toutes les villes de Cisjordanie pendant les fêtes juives de Soukot, rendant infernale la vie quotidienne des Palestiniens" a dit Mustafa Barghouthi qui a ajouté que le mur de "sécurité" que les autorités israéliennes construisent depuis 2 ans n’arrête pas les attaques en Israël [1], ce qui prouve que ce mur n’est pas une mesure sécuritaire mais bel et bien une façon de dépecer la Cisjordanie et de voler des terres supplémentaires aux Palestiniens.
La résistance palestinienne est légitime, comme toute résistance à l’occupation. Elle nait de l’occupation et des exactions des soldats et colons israéliens. C’est quand elle frappe, malheureusement, des civils, qu’elle s’oppose au droit.
Comme le disent les militants anticolonialistes israéliens qui viennent à Bil’in et ailleurs protester contre la politique criminelle de leur gouvernement : "l’occupation nous tue tous".