Le 7 décembre, le ministère de la santé de Gaza a déclaré que l’agression avait entraîné la perte tragique de plus de 17 177 Palestiniens, plus de 46 000 blessés, dont 70 % d’enfants et de femmes, et des milliers de personnes encore sous les décombres.
Les attaques israéliennes ont visé des zones résidentielles, provoquant la fuite de 1,8 million de Palestiniens, cherchant refuge dans les zones méridionales, dans des abris, chez des familles ou des amis. Ce sont surtout les enfants qui ont le plus souffert. Terrifiés et déplacés, ils ne peuvent faire face à leur nouvelle réalité. De nombreux enfants ont perdu leur maison, leur école et doivent affronter la perte d’un être cher, qu’il s’agisse d’un membre de la famille ou d’un camarade de classe. L’ampleur de la catastrophe est insupportable. Rares sont ceux qui peuvent s’identifier à l’histoire de ces enfants.
L’agression a causé des dommages considérables aux infrastructures : écoles, jardins d’enfants, mosquées, églises, hôpitaux, centres de santé et abris, y compris ceux des Nations unies. Des quartiers entiers sont à l’état de ruines. Plus de 60 % des logements de Gaza ont été détruits.
L’état des infrastructures de santé
Le secteur de la santé est au bord de l’effondrement, incapable de faire face au nombre croissant de blessés et de morts. L’agression a gravement endommagé les infrastructures sanitaires : 286 membres du personnel de santé ont été tués, 56 établissements de santé, dont 24 hôpitaux, ont été endommagés et 59 ambulances ont été partiellement ou totalement endommagées jusqu’à aujourd’hui. 14 hôpitaux sur 36 fonctionnent encore partiellement et les autres sont hors service en raison des attaques israéliennes (directes ou indirectes) ou de la pénurie de carburant. L’occupation israélienne a arrêté des dizaines de membres du personnel de santé, dont le directeur général de l’hôpital Al-Shifa à Gaza, dans des conditions difficiles de torture et de faim. Des dizaines de personnes sont toujours portées disparues, dont un ambulancier de la Palestinian Medical Relief Society (PMRS). Les hôpitaux ont perdu leur capacité de traitement et les équipes médicales soignent les blessés avec des moyens très limités. Les équipes médicales sont fatiguées et épuisées, d’autant plus qu’elles ont travaillé sans interruption depuis le 7 octobre.
L’impact sur le système de soins
Le taux d’occupation des lits dans les hôpitaux a atteint plus de 209 % et le taux d’occupation des lits de soins intensifs a atteint 248 %.
- Les interventions chirurgicales non urgentes et les interventions médicales de routine non urgentes ont été retardées ou interrompues.
- Les patients chroniques ont interrompu leur traitement.
- Moins de 30 % des patients souffrant d’insuffisance rénale (326 sur 1 100) ont reçu des séances de dialyse, et aucune information n’est disponible sur le reste des patients.
- Les services de maternité et de santé infantile au niveau des soins primaires ont été perturbés.
- L’orientation des patients hors de Gaza se fait très lentement.
Selon le ministère de la santé, du 1er novembre au 5 décembre, 474 Palestiniens ont été transférés hors de Gaza pour y être soignés, dont 388 blessés et 86 malades, le nombre de personnes les accompagnant s’élevant à 367. En outre, 30 nouveau-nés ont été envoyés en Égypte, des dizaines de patients atteints de cancer ont été envoyés en Turquie et d’autres dizaines d’enfants et de patients ont été envoyés aux Émirats arabes unis.
La situation dans les abris
Les abris officiels sont surpeuplés, accueillant 1,2 million de personnes déplacées au-delà de leurs capacités, avec un manque d’assainissement et d’eau propre, les exposant à des conditions potentiellement mortelles. En tant que professionnels de la santé, nous avons mis en garde à plusieurs reprises et pendant des semaines contre le risque de propagation de maladies infectieuses. Aujourd’hui, la situation sanitaire dans les abris est très dangereuse : les équipes médicales ont enregistré une propagation de la diarrhée parmi les enfants, une augmentation des infections respiratoires aiguës dans 3 cas, une augmentation des maladies de peau dans 4 cas. Les conditions d’hygiène entraînent des infections par les poux et l’enregistrement de certains cas d’hépatite. La nutrition reste un problème pour les enfants, beaucoup d’entre eux ne mangent qu’un repas par jour, voire beaucoup moins.
Conclusion
Gaza c’est aujourd’hui : des centres d’hébergement sans capacité, un manque d’eau potable, un manque d’assainissement adéquat, la malnutrition de personnes épuisées et effrayées et un système de santé qui s’effondre. Nous sommes très préoccupés par les groupes de personnes vulnérables confrontés à des conditions d’hébergement difficiles, comme les personnes handicapées, les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes qui se remettent de blessures ou d’opérations chirurgicales et celles dont le système immunitaire est affaibli. Tout cela conduira à une catastrophe de santé publique si la communauté internationale ne prend pas des mesures pour arrêter le génocide.
Il est urgent de prendre les mesures suivantes :
- Cessez-le-feu immédiatement.
- Création d’un corridor humanitaire pour permettre aux aides humanitaires, y compris les médicaments, d’entrer à Gaza sans délai, d’orienter les blessés hors de Gaza, d’accueillir les équipes médicales étrangères à Gaza.
- Reconstruction du système de santé et de Gaza en général.
Dr Aed Yaghi