Le département américain du Commerce a annoncé son intention de renforcer son application des lois anti-boycott préexistantes, dans le but de faire pression sur la Ligue arabe pour qu’elle normalise ses relations avec Israël.
La nouvelle politique, annoncée par le département jeudi, augmenterait les amendes contre les entreprises américaines qui boycottent Israël et focaliserait également son attention sur les filiales étrangères des entreprises américaines.
La politique en question s’appuie sur une loi américaine adoptée en 1979, qui stipule que les entreprises et les particuliers américains sont passibles de sanctions pénales et civiles s’ils s’alignent sur la position de longue date de la Ligue arabe de boycotter Israël.
Matthew Axelrod, qui supervise l’application de la loi anti-boycott au ministère du Commerce, a dévoilé la nouvelle politique dans une note au personnel du ministère et lors d’un événement au bureau de l’American Jewish Committee (l’AJC est une des plus anciennes organisations de défense des juifs des États-Unis) à Washington.
« Je veux m’assurer que nous, au département du Commerce, faisons ce que nous pouvons pour avoir le programme d’application anti-boycott le plus solide possible », a-t-il déclaré, selon le site Jewish Insider.
Pression sur l’Irak et la Syrie
Ces changements de politique interviennent deux ans après que quatre États arabes – les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan – ont rompu le consensus en vigueur depuis longtemps dans le monde arabe en normalisant les relations avec Israël.
Les accords d’Abraham, négociés sous l’administration du président Donald Trump, ont ouvert la voie aux Émirats arabes unis et à Israël pour renforcer leurs liens économiques et sécuritaires. L’année dernière, le ministère du Commerce a retiré les Émirats arabes unis de sa liste de pays soumis à sa loi anti-boycott.
Lors de l’événement de jeudi, Matthew Axelrod a déclaré que la nouvelle politique pourrait aider à créer une pression sur les pays qui n’ont pas encore normalisé leurs relations avec Israël, y compris la Syrie et l’Irak, qui, selon lui, « vont dans la mauvaise direction ».
Les républicains de la Chambre ont présenté en mars un projet de loi qui empêcherait effectivement les citoyens et les entreprises américaines de fournir des informations aux pays étrangers et aux organisations internationales qui « ont pour effet de favoriser » le boycott d’Israël
« Notre bureau de conformité anti-boycott dispose désormais d’outils étendus pour aider à dissuader les violations de nos règles anti-boycott, et lorsque la dissuasion s’avère infructueuse, il dispose désormais d’outils aussi plus perfectionnés pour punir les contrevenants », a-t-il ajouté.
Les pays arabes ont longtemps soutenu que la normalisation avec Israël ne viendrait qu’après son retrait des terres illégalement occupées, en conjonction avec une solution juste pour les réfugiés palestiniens et un règlement conduisant à la création d’un État palestinien viable et indépendant.
Alors que la mesure anti-boycott prévoit de punir les entreprises participant au boycott de la Ligue arabe, les législateurs américains font pression pour une législation visant à renforcer la mesure.
La loi américaine de 1979 ne s’applique qu’aux entreprises qui boycottent Israël pour se conformer aux lois d’un gouvernement étranger.
Les républicains de la Chambre ont présenté en mars un projet de loi qui empêcherait effectivement les citoyens et les entreprises américaines de fournir des informations aux pays étrangers et aux organisations internationales qui « ont pour effet de favoriser » le boycott d’Israël.
Pendant ce temps, les législateurs s’efforcent également de faire avancer des lois qui criminaliseraient le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) dirigé par les Palestiniens.
Dans les faits, plus de 30 États américains ont déjà adopté leurs propres versions de législation qui obligent les individus et les entreprises sous contrat avec l’État à signer un engagement de ne pas boycotter Israël.
Photo : Des Marocains brûlent le drapeau israélien lors d’une manifestation contre la normalisation à Rabat, le 16 mai 2021 (AFP/Fadel Senna)
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