Les tensions montent d’un cran au Proche-Orient. Israël a mené tôt, lundi 5 octobre, un bombardement aérien sur la bande de Gaza. Dans un communiqué, l’armée israélienne précise qu’elle « a visé un site terroriste du Hamas ». D’après le journal israélien Haaretz, il s’agissait d’un site d’entraînement des brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas. Cette frappe viendrait en réponse à un tir de roquette palestinien, dimanche soir, sur un terrain désert dans le sud d’Israël.
Après avoir réuni ses principaux responsables de sécurité dimanche soir, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a montré sa fermeté. Israël « mène un combat jusqu’à la mort contre le terrorisme palestinien », a-t-il déclaré, affirmant avoir ordonné « l’accélération des démolitions de [leurs] maisons ».
Plusieurs attentats contre des Israéliens
Dimanche, l’armée israélienne a tué un Palestinien, âgé de 18 ans, lors de heurts à Tulkarem, dans le nord-ouest de la Cisjordanie occupée. Houzeifa Othmane Souleimane est la première victime depuis le début d’un nouveau cycle de violences qui s’est propagé à la Cisjordanie occupée, après que quatre Israéliens ont été tués depuis jeudi soir.
La mort du jeune Palestinien fait redouter un emballement qui a déjà fait, selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 150 blessés, touchés par des balles ou balles caoutchoutées de l’armée israélienne.
La dégradation sécuritaire s’est accélérée en quelques jours, au gré de plusieurs attentats. Durant la semaine, quatre Israéliens ont été tués : un couple de colons criblés de balles jeudi soir sous les yeux de leurs enfants dans le nord de la Cisjordanie, puis deux hommes samedi soir dans la vieille ville. L’auteur de cette dernière attaque, présenté par le Jihad islamique comme un de ses membres, a aussitôt été abattu par la police israélienne, tandis que la traque se poursuit en Cisjordanie pour retrouver les auteurs des tirs qui ont tué le couple jeudi soir. L’armée israélienne a mené un raid à Naplouse (nord) et annoncé avoir arrêté des suspects sans donner plus de précisions. Un deuxième Palestinien accusé d’avoir mené une attaque au couteau a été abattu par la police.
L’absence de toute condamnation publique des attentats par l’Autorité palestinienne confirme la droite israélienne dans ses préjugés contre Mahmoud Abbas. Rejeté par une large majorité de son peuple, qui lui reproche sa docilité face à l’occupant, le vieux leader laisse planer le doute sur sa volonté ou sa capacité à mater les franges les plus radicales.
Le danger d’une troisième intifada ?
En réponse à ces violences, Israël a pris la mesure exceptionnelle de boucler pour deux jours la vieille ville de Jérusalem aux Palestiniens. Habituellement grouillante, la partie orientale de la vieille ville avait des airs à la fois de ville fantôme et de camp retranché, avec ses magasins fermés, ses ruelles parcourues seulement par les touristes et ses portes gardées par des centaines de policiers.
Les policiers israéliens ont dispersé à coups de grenades assourdissantes et de projectiles caoutchoutés quelques dizaines de manifestants qui protestaient contre les restrictions imposées par les autorités israéliennes. « C’est mon devoir national et mon devoir religieux de défendre Al-Aqsa », la mosquée qui se trouve sur l’esplanade des Mosquées en surplomb de la vieille ville, a expliqué l’une des manifestantes, Oum Mohammed.
A l’extérieur de la vieille ville, dans le quartier d’Essaouiya (Jérusalem-Est), d’où venait le second assaillant abattu, des dizaines de jeunes masqués ont fait tomber sur les policiers israéliens une pluie de pierres à laquelle les policiers ont répliqué par des tirs de projectiles antiémeutes, dans des scènes rappelant les intifadas passées
La Cisjordanie occupée est elle aussi en proie aux tensions. Dimanche dans la nuit, des dizaines de jeunes Palestiniens affrontaient les soldats israéliens aux check-points reliant la Cisjordanie à Jérusalem. Différentes voix se sont alarmées ces derniers jours d’un risque d’embrasement. Palestiniens et opposition israélienne ont évoqué le danger d’une troisième intifada.