28 novembre 2018
Aucun haut fonctionnaire israélien n’est désigné pour assister à la cérémonie de clôture d’une saison culturelle croisée franco-israélienne, cérémonie prévue pour jeudi à Tel Aviv, malgré la présence attendue du ministre français de la culture, Franck Riester.
La Ministre de la Culture, Miri Regev, ne rencontrera pas son homologue français parce que, selon un commentaire de son cabinet, « aucun moment opportun n’a été trouvé ». A la place de celle-ci, le conseiller diplomatique de la ministre de la culture « représentera Israël à la cérémonie », selon le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon.
Israël a investi environ six millions de shekels (1,6 millions de $ = 1,4 millions d’€) dans le programme, qui a marqué le 70 ème anniversaire de l’état et qui a comporté des centaines d’événements culturels, d’expositions et de prestations qui se sont tenues dans les deux pays.
Le Premier Ministre Benjamin Netanyahu s’était envolé en France pour la cérémonie d’ouverture en juin, à laquelle avaient assisté le Président français, Emmanuel Macron, et les hauts dirigeants de la communauté juive française.
Selon les sources diplomatiques, Israël attendait donc que Macron rende la pareille en assistant à la cérémonie de clôture en Israël, mais Macron a envoyé à sa place son ministre de la culture et aucune visite présidentielle n’est actuellement attendue.
Selon les sources, la décision de ne pas assister à la cérémonie de Tel Aviv est la réponse à l’absence de Macron.
Au sujet de l’impossibilité du ministre de la culture d’assister à la cérémonie, le cabinet de Regev a déclaré à Haaretz : “la Ministre Regev a prévenu à l’avance qu’elle ne pourrait pas assister à la cérémonie. La ministre a demandé au chef de l’Administration de la Culture, Galit Wahba-Shasho, qui assurait la liaison pour la saison culturelle mixte franco-israélienne, de représenter le Ministère de la Culture et de transmettre les salutations de la part du ministre et du ministère. La Ministre Regev est fière de l’excellente coopération entre les deux pays, favorise les liens culturels entre les artistes et les créateurs (des deux pays), et considère la France comme un terrain fertile pour d’autres projets et entreprises collaboratives. La ministre a fait de grands efforts pour essayer de fixer une date pour une rencontre avec le ministre français de la culture, mais à son grand regret, aucune date n’a été trouvée qui puisse convenir à tous les deux. »
L’Ambassade de France en Israël a déclaré en réponse que « la ministre est bien sûr invitée et nous cherchons à vérifier avec elle si le programme lui permettra de rencontrer son homologue français. »
En mars, Regev a exigé que le Ministère des Affaires étrangères retire son aide financière au Festival du Film israélien à Paris, qu’il a soutenu pendant des années, parce que le festival a projeté le film “Foxtrot” à la soirée d’ouverture. Regev a déclaré à l’époque que, « il n’y a pas lieu pour l’Etat d’Israël de soutenir un festival qui fournit une tribune à des films qui nous calomnient dans le monde et qui comportent un contenu erroné sur les soldats et les citoyens israéliens. »
« Foxtrot », dans lequel l’on voit des soldats israéliens en train de tuer les passagers d’une voiture et de dissimuler les traces de leur forfait, a obtenu en septembre le Lion d’Argent, grand prix du jury, au Festival du Film de Venise, et a aussi été proposé pour l’Oscar du Meilleur Film Etranger.
Regev a déclaré qu’elle a demandé au directeur général du Ministère de la Culture, « de préciser au directeur général du Ministère des Affaires étrangères, qui subventionne le festival, qu’il est inacceptable pour le Ministère des Affaires étrangères de mener une politique indépendante distincte de la politique du gouvernement. »
Le Procureur Général Adjoint, Dina Wilber, a étudié les déclarations de Regev et a décidé que puisque le Ministère de la Culture n’était pas partie aux dispositions avec le festival de film, « les déclarations de celle-ci reflétaient sa propre opinion », et n’auraient aucun effet sur le budget.
Finalement, la subvention a été transférée au festival mais l’Ambassadrice d’Israël en France, Aliza Bin-Noun, n’a pas assisté comme prévu à la soirée d’ouverture. A la place de celle-ci, l’attaché culturel d’Israël en France y a assisté mais n’a pas pris la parole.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers