La marque américaine de crème glacée Ben & Jerry’s a intenté un procès à sa société mère Unilever Plc afin de bloquer la vente de ses activités en Israël à un titulaire de licence local, affirmant qu’il est incompatible avec ses valeurs de vendre sa marque en Cisjordanie occupée.
La société, connue pour son activisme politique, a pris la mesure inhabituelle de demander une injonction mardi après qu’Unilever, basée à Londres, a déclaré la semaine dernière avoir vendu ses intérêts au détenteur de licence israélien Avi Zinger.
Selon ce nouvel accord, les glaces Ben & Jerry’s seraient disponibles pour tous les consommateurs en Israël et en Cisjordanie occupée, y compris dans les colonies israéliennes.
La plainte déposée devant le tribunal fédéral de district de Manhattan indique que la vente annoncée le 29 juin menace de porter atteinte à l’intégrité de la marque Ben & Jerry’s et rappelle que lors de son rachat par Unilever en 2000, il s’était expressément réservé le droit de préserver cette intégrité avec un conseil d’administration indépendant.
Une injonction contre le transfert de l’entreprise et des marques de commerce connexes à Avi Zinger, qui dirige American Quality Products Ltd, était essentielle pour "protéger la marque et l’intégrité sociale que Ben & Jerry’s a mis des décennies à construire", selon la plainte.
Ben & Jerry’s a déclaré que son conseil d’administration avait voté à 5 contre 2 en faveur de l’action en justice, les deux personnes nommées par Unilever étant dissidentes.
Dans une déclaration, Unilever a indiqué qu’il ne discutait pas des litiges en cours, mais qu’il avait le droit de vendre l’entreprise contestée et que "l’affaire était déjà conclue".
Les avocats de Zinger n’ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires. La semaine dernière, Zinger a réglé son propre procès contre Ben & Jerry’s pour avoir refusé de renouveler sa licence.
Ce litige met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les marques de consommation qui prennent position vis-à-vis des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, considérées comme illégales au regard du droit international et par une grande partie de la communauté internationale.
En juillet dernier, Ben & Jerry’s a déclaré mettre fin aux ventes de sa marque en Cisjordanie et dans certaines parties de Jérusalem-Est occupée et qu’elle rompait sa relation de trois décennies avec Zinger.
Israël a condamné cette décision et certains groupes juifs ont accusé Ben & Jerry’s d’antisémitisme.
Ben & Jerry’s a été fondée dans une station-service rénovée en 1978 par Ben Cohen et Jerry Greenfield. N’étant plus impliqués dans les opérations de Ben & Jerry’s, ils ont écrit dans le New York Times en juillet dernier qu’ils soutenaient Israël mais s’opposaient à son "occupation illégale" de la Cisjordanie.
Traduction et mise en page : AFPS /DD