Photo : Une femme brandit un drapeau palestinien lors d’une manifestation en marge de la récolte des olives à Atara, le 30 octobre 2020 - Crédit : Heather Sharona Weiss (Active Stills Collective)
L’avenir des Palestiniens a longtemps été discuté sans leur contribution ou dans un cadre imposé et limité. En effet, la plupart des idées sur l’avenir dans les espaces politiques dominants établissent de manière assez cohérente l’endiguement des Palestiniens autochtones et la sécurité de l’État colonisateur israélien comme leur principale préoccupation. La manifestation la plus récente de cet état de fait a été la « Vision pour la paix » publiée par l’administration du président des États-Unis Donald Trump.
Cette « vision » est très éloignée du mandat politique révolutionnaire de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), créé dans les années 1960, qui visait à libérer la Palestine et son peuple du projet colonial des colons sionistes qui a créé Israël. Elle est également très éloignée de la solution à deux États, qui a été imposée comme l’avenir le plus approprié et le plus réalisable pour les Israéliens et les Palestiniens et qui était ancrée dans le récit qui présentait Israël et de la Palestine comme deux groupes nationaux en guerre plutôt que comme l’aboutissement du projet sioniste.
L’adoption de ce récit était implicite dans le plan en dix points de l’OLP en 1974 et est devenue explicite lors du Conseil national palestinien en 1988. Elle a été confirmée par les accords d’Oslo au début des années 1990, qui ont établi un calendrier pour la création d’un État palestinien dans les territoires occupés en 1967. Le cadre politique antérieur de la lutte anticoloniale de l’OLP a été bouleversé, l’accent n’étant plus mis sur la libération collective, mais sur la réussite individuelle et la plus-value, dans le cadre d’un « État en attente ».
Ce changement politique et discursif a également entraîné une transformation fondamentale de la société civile palestinienne, qui est devenue largement tributaire du patronage de donateurs extérieurs et a limité une grande partie de la capacité palestinienne d’imagination collective à un programme politique très spécifique, marginalisant à la fois les réfugiés et les citoyens palestiniens d’Israël.
Les efforts visant à limiter la vision collective des Palestiniens à un cadre de création d’un État selon les lignes de 1967 ont été largement couronnés de succès.
Alors qu’Israël passe de l’annexion de facto à l’annexion de jure du reste de la Cisjordanie occupée, de nombreux tiers s’accrochent désespérément à la solution des deux États, qu’ils considèrent comme celle qui protège le mieux leurs intérêts diplomatiques et commerciaux avec Israël. Pour certains Palestiniens, le cadre de la création d’un État offre encore ce qu’ils considèrent comme l’avenir le plus réalisable à court terme.
Son habillage nationaliste est également attrayant, d’autant plus que la création d’un État a été le prisme dominant à travers lequel la libération a été imaginée. En effet, les efforts visant à limiter la vision collective des Palestiniens à un cadre d’État suivant les lignes de 1967 ont été largement couronnés de succès.
Toutefois, des tentatives ont été faites pour repousser ces limites et d’autres, plus radicales, pour les transcender complètement. Cette note politique se concentre sur les possibilités de construire une vision collective de l’avenir palestinien. Il s’appuie sur l’expérience palestinienne en matière de vision et examine les approches de la construction d’un consensus qui pourraient faire progresser une vision partagée par la majorité du peuple palestinien.
Visions d’avenir : leurs promesses et leurs pièges
Dans une tentative sérieuse de repousser les limites, un groupe de citoyens palestiniens d’Israël a présenté une vision détaillée de l’avenir en 2006-2007. Leurs efforts ont démontré une articulation collective sans précédent des aspirations politiques et sociales de cette partie particulière du peuple palestinien. Cette vision de l’avenir se composait de quatre documents : le Document sur la Vision de l’Avenir, une Constitution égale pour tous, la Constitution démocratique et la Déclaration de Haïfa. Connus sous le nom de Documents pour une vision de l’Avenir (dits dès lors les Documents) ils ont été publiés et produits dans le cadre d’un effort collectif par des hommes politiques, des intellectuels et des dirigeants de la société civile palestiniens.
Les « Documents » exposent ce que la collectivité considère comme les demandes sociales et politiques de la communauté palestinienne en Israël, mais il est intéressant de noter qu’ils présentent également un récit historique palestinien concis. Il en résulte un cadre théorique structuré pour les droits des Palestiniens au sein de l’État d’Israël. Les documents ne présentaient pas de nouvelles idées ; ils consolidaient plutôt ce que beaucoup demandaient depuis des décennies. C’était cependant la première fois que ces idées étaient présentées de manière aussi claire et avec une vision précise de ce que pourrait être un avenir plus acceptable pour les citoyens palestiniens d’Israël.
Fondamentalement, les « Documents » demandent à l’État d’Israël d’abandonner son caractère juif et d’accueillir tous ses citoyens. En même temps, ils affirment l’identité nationale palestinienne de la communauté et son appartenance au monde arabe, ainsi que son statut d’autochtone. En effet, le récit historique contenu dans les documents est clair et fait de la Nakba la référence temporelle centrale et la racine de la tragédie palestinienne. Il existe également des descriptions claires et précises de la genèse du projet colonial sioniste en Palestine :
Vers la fin du 19e siècle, le mouvement sioniste a lancé son projet de colonisation en Palestine. Par la suite, de concert avec l’impérialisme mondial et avec la collusion des puissances réactionnaires arabes, il a réussi à réaliser son projet, qui visait à occuper notre patrie et à la transformer en un État pour les Juifs - Déclaration de Haïfa, pp. 11-12
Israël est le résultat d’un processus de colonisation initié par l’élite juive sioniste d’Europe et d’Occident et réalisé par les pays coloniaux qui y ont contribué et par la promotion de l’immigration juive en Palestine, à la lumière des résultats de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste - Document de la Vision pour l’avenir, p.9.
L’accent mis sur la nécessité d’une réparation historique de l’injustice de la Nakba est ce qui différencie ces Documents des autres initiatives des citoyens palestiniens d’Israël qui appellent à l’égalité. Cependant, si les Documents abordent brièvement l’oppression continue des autres parties du peuple palestinien, en appelant à la fin de l’occupation militaire des terres de 1967 et en demandant explicitement qu’Israël reconnaisse le droit au retour des réfugiés palestiniens sur la base de la résolution 194 des Nations unies, ils ne discutent pas davantage de la manière dont le retour des réfugiés pourrait être facilité. Ils ne posent pas non plus la fin de l’occupation et la mise en œuvre du droit au retour comme conditions préalables à la satisfaction des demandes des citoyens palestiniens d’Israël.
En effet, ces documents se concentrent clairement et délibérément sur la seule condition des citoyens palestiniens d’Israël, séparant consciemment ou non leur cause de celle de leurs compatriotes palestiniens ailleurs et s’inscrivant fermement dans le cadre de deux États. En résumé, les documents de la Vision pour l’avenir n’appellent pas à un démantèlement de la structure, mais plutôt à sa réforme. S’ils présentent un plan pour l’avenir, ils le font dans les limites et les frontières fixées par le régime colonial des colons, en ignorant complètement leur reconnaissance de l’indigénéité palestinienne.
D’autres efforts ont été déployés pour envisager d’autres avenirs, notamment ceux proposés par des initiatives promouvant un État laïque unique pour toutes les personnes vivant du Jourdain à la mer Méditerranée.
Par exemple, la Campagne pour un État démocratique unique (ODSC), établie à Haïfa, propose un programme politique en dix points qui inclut le droit au retour des réfugiés et la restitution de leurs biens, ainsi que d’autres dispositions visant à garantir l’égalité. Cependant, comme les Documents de la Vision pour l’Avenir, l’ODSC n’appelle pas à la décolonisation bien qu’elle reconnaisse qu’Israël est un État colonial et d’apartheid. Des individus ou des groupes ont également tenté de développer des visions alternatives pour l’avenir, y compris en se concentrant sur des questions spécifiques telles que le droit au retour des réfugiés palestiniens. Il s’agit notamment du plan détaillé de Salman Abu Sitta pour le retour ainsi que de divers groupes de base en Palestine, y compris des groupes de jeunes qui envisagent la reconstruction de leurs villages qui furent ethniquement nettoyés [...].
Recherche d’un consensus collectif
Les Documents de la Vision pour l’Avenir ont été élaborés dans le cadre de consultations et de débats entre divers intellectuels, dirigeants de la société civile et hommes politiques de la communauté palestinienne en Israël. Toutefois, ils n’ont pas été le fruit d’un large consensus impliquant d’autres segments de la société, ce qui explique peut-être les limites de leur impact et de leur portée.
La recherche d’un consensus doit être un élément essentiel de l’articulation d’une vision future qui s’adresserait au peuple palestinien dans son intégralité. Le consensus (ijmaa’ en arabe) est défini comme un accord ou une entente obtenu.e par un collectif ou un groupe de personnes. Le terme peut se référer à la fois au processus et à la décision finale elle-même. Contrairement au vote à la majorité, qui peut conduire à des résultats litigieux et exclure de larges segments de la population, le consensus exige que toutes les personnes impliquées parviennent à un accord négocié. Le processus peut également faciliter la création d’un réseau de confiance entre les différents groupes et parties.
En l’absence de souveraineté et d’autonomie (en particulier dans les situations coloniales), il est nécessaire de réfléchir à un consensus plus révolutionnaire - un consensus qui émane du peuple d’une manière qui n’est pas nécessairement possible par le biais de ce que l’on considère comme des procédures et des institutions démocratiques standard. L’histoire palestinienne nous fournit des exemples où le consensus révolutionnaire a fait partie du processus politique, y compris pendant les premiers jours de l’OLP et pendant la première Intifada, ainsi que dans des articulations plus contemporaines.
Le fondateur initial de l’OLP, Ahmad al-Shuqairyi, représentant palestinien auprès de la Ligue arabe, a formulé les premiers documents politiques de l’organisation, y compris la charte nationale et les statuts. Ceux-ci ont ensuite été approuvés par une assemblée de 422 Palestiniens qui s’est réunie à Jérusalem et qui comprenait des notables, des chefs locaux, des professionnels tels que des médecins et des avocats, ainsi que des représentants d’organisations de femmes (les femmes n’ont finalement obtenu qu’un nombre limité de sièges). L’absence de personnes issues des camps de réfugiés, de la paysannerie et de la classe ouvrière est notable. Ce point a suscité le mécontentement, particulièrement chez les étudiants et les jeunes militants, ainsi qu’au sein du Fatah et des groupes islamiques.
Le manque de représentation, le sentiment que l’OLP était soumise aux États arabes, ainsi que la crainte que l’OLP ne soit pas un organe révolutionnaire ont semé les graines d’un changement structurel radical. Les groupes de guérilla, qui jouissaient d’une légitimité populaire et populaire importante du fait de leur lutte armée contre Israël, sont parvenus à un consensus en faveur du changement. Yasser Arafat a été élu président de l’OLP en 1969 dans ce qui était essentiellement une prise de pouvoir politique menée par le Fatah et soutenue par d’autres groupes de guérilla.
Cette prise de pouvoir a marqué le début d’une décennie de pluralisme politique et a intégré non seulement les groupes de guérilla et les partis politiques, mais aussi les syndicats et d’autres collectifs. Le consensus initial sur la forme que devait prendre le mouvement de libération palestinien - à savoir la lutte armée révolutionnaire et l’absence de contrôle des États arabes - a duré jusqu’à ce qu’Israël chasse l’OLP du Liban en 1982 (voir les récentes réflexions de Jamil Hilal sur les dirigeants palestiniens du passé). Par la suite, lorsque les groupes de guérilla se sont déplacés vers le territoire palestinien occupé (TPO), tout consensus résiduel a été éclipsé par les méthodes de plus en plus autoritaires d’Arafat en matière de nomination et de confirmation des représentants, ainsi que par une surreprésentation des élites de la diaspora.
En 1987, l’esprit révolutionnaire est descendu dans les rues de Palestine dans une manifestation de masse de protestation collective de la première Intifada.
Ce soulèvement est le résultat d’années d’organisation à la base qui ont jeté les bases d’une politisation de masse et d’une lutte populaire. Les syndicats, les groupes d’étudiants, les collectifs et les factions politiques ont formé une coalition connue sous le nom de Direction nationale unifiée du Soulèvement. Les décisions étaient prises au sein de cet organe et un système de rotation de la direction a été mis en place dans un esprit de représentation, mais aussi pour répondre à l’arrestation fréquente de dirigeants. Le soulèvement était centré sur la notion de « pouvoir du peuple » en tant que forme de consensus populaire et révolutionnaire. Comme l’écrit Linda Tabar, « la gauche a pris la tête de ce processus… affirmant que le peuple était le moyen et l’objectif de la lutte, le mouvement a investi dans le potentiel et les capacités du peuple et dans sa croyance en son propre pouvoir… La gauche a considéré le peuple comme l’espace dans lequel construire des formes autonomes de pouvoir qui pourraient soutenir la lutte pour créer d’autres réalités. »
Une articulation plus contemporaine du consensus peut être trouvée dans le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) qui a été créé en 2005 à la suite d’un appel de 170 syndicats palestiniens, de réseaux de réfugiés, d’organisations de femmes, d’associations professionnelles, de comités de résistance populaire et d’autres organismes de la société civile palestinienne. Ils sont parvenus à un consensus sur trois exigences fondamentales :1) la fin de l’occupation et de la colonisation israéliennes de toutes les terres arabes et le démantèlement du mur ; 2) la reconnaissance des droits fondamentaux des citoyens arabo-palestiniens d’Israël à une égalité totale ; 3) le respect, la protection et la promotion des droits des réfugiés palestiniens à retourner dans leurs maisons et leurs propriétés, comme le stipule la résolution 194 de l’ONU.
L’appel du mouvement BDS était suffisamment large pour aborder l’essence de la lutte palestinienne en problématisant le sionisme en tant que structure, mais aussi en s’adressant à l’ensemble du peuple palestinien dans ses trois parties géographiques. Il s’agissait d’un rejet très clair et articulé d’Oslo qui avait non seulement exclu deux parties essentielles de la population palestinienne (les réfugiés et les citoyens palestiniens d’Israël), mais qui n’avait pas non plus abordé la question clé, le sionisme, en tant que projet colonial de colonisation. En outre, l’appel est une réponse à l’échec et à l’inaction des dirigeants palestiniens, en particulier à la suite de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice du 9 juillet 2004 sur le mur de séparation israélien. Bien que le BDS existe en tant que mouvement qui mobilise un soutien international pour faire pression sur Israël afin qu’il respecte le droit international, il présente très clairement une vision pour l’avenir à travers ses trois demandes. L’aspect le plus impressionnant du BDS n’est pas seulement la manière dont il a rallié une grande majorité de la société civile palestinienne, y compris les partis politiques, à l’appel. C’est aussi la façon dont l’organisation a continué à fonctionner par consensus dans son processus de prise de décision, malgré la grande diversité des opinions politiques et sociales représentées dans son organe de direction, le BNC (Comité national BDS).
Il est important de noter que le BDS n’est pas un parti politique ni un organe représentatif du peuple palestinien. Mais en tant que mouvement politique, il démontre bien la possibilité de parvenir à un consensus parmi les Palestiniens sur des questions fondamentales qui pourraient être revitalisées en un programme politique et une vision d’avenir. Dans le climat actuel de polarisation politique et d’absence de pratiques démocratiques, cet exemple de consensus mérite d’être rappelé.
Défis et possibilités
Une anthologie de nouvelles intitulée Palestine +100 a été publiée récemment, dans laquelle des écrivains palestiniens partagent leurs imaginations dystopiques et fantastiques de la Palestine en 2048 - cent ans après la Nakba. Beaucoup de ces histoires ont des intrigues plutôt horribles dans lesquelles le régime israélien transforme et adapte son oppression du peuple palestinien en cauchemars de haute technologie. Ce qui est encore plus effrayant, c’est que plusieurs de ces futurs sont tout à fait crédibles, en particulier compte tenu de la détérioration rapide de la situation sur le terrain. Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif que les Palestiniens articulent des alternatives à ces futurs possibles et dépassent une direction palestinienne paralysée qui a été incapable de contrer la « vision » de l’administration Trump.
En gardant cela à l’esprit, il est important d’examiner les pierres d’achoppement et les moyens de les contourner. La première pierre d’achoppement dans les discussions sur l’avenir est celle de la « faisabilité », en d’autres termes ce qui est considéré comme possible dans le contexte du cadre hégémonique existant. Mais que signifie l’idée de faisabilité et qui la détermine ? La faisabilité repose généralement sur les notions de possibilité, de rationalité et de praticité qui sont déterminées par les détenteurs du pouvoir.
Dans le cas de la Palestine, le cadre d’Oslo a défini la faisabilité pendant plus de deux décennies, dictant que l’avenir des Palestiniens doit être défini dans les limites d’un cadre à deux États et que la souveraineté palestinienne ne sera accordée que dans le cadre d’un processus progressif et conditionnel. Les questions telles que Jérusalem et les réfugiés sont reléguées au « statut final ». Richard Falk, qui écrit sur l’avenir de la Palestine, s’oppose à l’argument de la faisabilité et en particulier au cadre de deux États qui, selon lui, présente des caractéristiques sans issue :
...les horizons de faisabilité limitent les options palestiniennes à deux : soit accepter un nouveau cycle de négociations dont l’échec est quasiment certain, soit refuser ces négociations et être tenu pour responsable de l’obstruction aux efforts de recherche de la paix.
Un avenir « réalisable » n’est donc pas un moyen de garantir la réalisation des droits ou la libération des Palestiniens. Falk préconise au contraire de privilégier « une politique d’émancipation » dans les discussions sur l’avenir. Certains Palestiniens et militants des droits des Palestiniens ont également parlé d’une « approche axée sur les droits ». La réalisation des droits fondamentaux et de la souveraineté des Palestiniens, et non la faisabilité, doit être la base de toute vision d’avenir.
La deuxième pierre d’achoppement que les Palestiniens doivent surmonter est la notion de permanence coloniale dans l’imaginaire futur. Écrivant sur le cas du colonialisme français en Algérie, Frantz Fanon a écrit qu’il « s’est toujours développé sur l’hypothèse qu’il durerait toujours ». Les régimes coloniaux cherchent à contrôler les perceptions de la réalité afin de lier les peuples indigènes et colonisés dans un cycle d’oppression apparemment perpétuel.
Imaginer un avenir au-delà de cette oppression est donc un exercice important auquel les Palestiniens doivent se livrer. Il faut souligner qu’il ne s’agit pas d’un exercice de fiction, mais plutôt d’un exercice consistant à imaginer à quoi ressemblerait un avenir décolonisé.
Le troisième domaine est l’abandon du discours des organisations non gouvernementales (ONG) et du néolibéralisme. Des années d’ONG et de néolibéralisme en Palestine ont conduit à une dépolitisation du langage et ont limité le champ perçu des possibles (voir Reclaiming the Political Dimension de Hazem Jamjoum). La revitalisation d’un langage local de libération et de décolonisation est essentielle et un lexique partagé est vital dans le processus d’imagination collective.
Parvenir à une vision commune de l’avenir peut sembler impossible dans le contexte actuel de polarisation et de fragmentation politiques.
Pourtant, comme nous l’avons décrit plus haut, nous avons des exemples où les Palestiniens sont parvenus à un consensus sur des questions essentielles, ce qui leur a permis de continuer à travailler et à se mobiliser tout en intégrant la pluralité politique. La culture du consensus doit être nourrie et développée, en particulier dans le contexte d’une société palestinienne géographiquement, socialement et politiquement fragmentée.
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À propos de l’auteure
YARA HAWARI est Senior Palestine Policy Fellow d’Al-Shabaka. Elle a obtenu son doctorat en politique du Moyen-Orient à l’Université d’Exeter, où elle a enseigné en premier cycle et est chercheur honoraire.
En plus de son travail universitaire axé sur les études autochtones et l’histoire orale, elle est également une commentatrice politique écrivant régulièrement pour divers médias, notamment The Guardian, Foreign Policy et Al Jazeera.
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Sources
Fayez Sayegh, Zionist colonialism in Palestine, Beirut : PLO Research Center, 1965
Yezid Sayigh, Armed Struggle and the Search for State : The Palestinian National Movement, 1949-1993, Oxford : Clarendon Press, 1997 (p.99)
Linda Tabar, People’s Power : Lessons from the First Intifada, Center for Development Studies, Birzeit University, Avril 2013, p.3.
Basma Ghalayini, ed., Palestine +100 : stories from a century after the Nakba, Manchester, UK : Comma Press, 2019.
Richard Falk, « Rethinking the Palestinian Future », Journal of Palestine Studies, volume 42, Eté 2013 (p.83)
Frantz Fanon, A Dying Colonialism, New York : Grove Press, 1965 (p.179-180)
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Traduit par : AFPS