D’ailleurs, tout le monde semble traîner les pieds et surtout éviter d’afficher le moindre optimisme. C’est dans ce contexte que le président palestinien Mahmoud Abbas s’est entretenu hier avec la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, venue inciter Palestiniens et Israéliens à entrer dans le vif du sujet avant la réunion en question prévue en novembre.
Mme Rice, qui effectue sa septième visite dans la région depuis le début de l’année, tente de convaincre Israéliens et Palestiniens de combler le fossé qui les sépare sur les principaux dossiers de leur conflit vieux de six décennies, en prévision d’une réunion très attendue sur la question que les Etats-Unis vont accueillir en novembre. « C’est une visite importante et elle sera suivie par d’autres avant la tenue de la réunion internationale », a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat. « Nous devons jeter les bases d’un accord avant de participer à la réunion et j’entends par cela parvenir à un doucement conjoint », sur les grandes lignes d’un règlement, a ajouté M. Erakat. « Il faut assurer la réussite de cette réunion car la crédibilité des Etats-Unis et de la communauté internationale est en jeu », a pour sa part déclaré le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina.
Un haut responsable du département d’Etat a indiqué dimanche que négociateurs israéliens et palestiniens allaient aborder hier les questions de fond en vue de l’élaboration d’un document conjoint. « Le vrai travail pour passer d’une conversation entre les deux dirigeants et des réunions au sommet à deux groupes de travail expérimentés et sophistiqués va maintenant commencer », a déclaré à la presse ce haut responsable ayant requis l’anonymat. Il a laissé entendre que Mme Rice s’impliquerait davantage dans les négociations d’ici la réunion internationale. « Je suis convaincu que cela va exiger beaucoup de travail diplomatique de la part des Etats-Unis », a-t-il indiqué. « Ce sont vraiment des questions difficiles ».
En entamant sa tournée, Mme Rice a appelé les Israéliens à s’abstenir « d’éroder la confiance » des Palestiniens, se démarquant de la récente décision israélienne de confisquer des terres palestiniennes près d’El Qods. Elle a prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à une « percée » sur le document commun qu’Israéliens et Palestiniens tentent d’élaborer pour le présenter lors de la réunion internationale. « Je n’attends pas (de ces entretiens) une issue particulière sous la forme d’une percée sur le document », a-t-elle dit. « Comme on peut s’y attendre, il y a encore des problèmes et des divergences à réduire, sur la nature et le contenu de ce document », a-t-elle reconnu.
Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui s’est entretenu dimanche avec Mme Rice, s’est lui aussi efforcé de tempérer les espoirs suscités par la réunion internationale, affirmant que l’élaboration d’une « déclaration commune » n’était pas une condition préalable à sa tenue. Il a, par ailleurs, écarté les appels des Palestiniens à fixer un calendrier précis des pourparlers qui devraient s’engager dans la foulée de la réunion internationale. « Je crois qu’un tel calendrier poserait des problèmes plutôt que d’en résoudre (...). Nous souhaitons vivement que les éléments constituant la base de la déclaration commune soient approuvés par les Palestiniens et la partie israélienne et que des discussions s’ensuivent sur la création d’un Etat palestinien », a-t-il dit.
Après avoir rencontré Condoleezza Rice, le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak a publié un communiqué soulignant que la liberté de mouvement de Tsahal en Cisjordanie était « un principe fondamental qui doit être exigé également dans l’avenir ». C’est donc le ministre palestinien des Affaires étrangères qui tire la conclusion de ce ballet diplomatique. « Olmert veut une conférence des relations publiques et qui permettra la normalisation avec les pays arabes. Nous ne l’aiderons pas à cela », a ainsi déclaré Riad Malki. Mme Rice promet par contre une « conférence sérieuse et substantielle »
Madame Rice a également rencontré le président palestinien mahmoud Abbas. Selon L’orient le Jour,
Rice réclame aux protagonistes un document « concret » jetant les bases d’un État palestinien
La secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a exhorté hier Palestiniens et Israéliens à s’entendre sur un document « concret » ouvrant la voie à la création d’un État palestinien avant une réunion sur le Proche-Orient en novembre près de Washington.
« Ils ne vont pas tenter de tout régler dans le document de novembre, mais ce document doit être sérieux, substantiel, concret et montrant qu’on peut aller de l’avant », a déclaré Mme Rice après un entretien de plus de trois heures avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah en Cisjordanie. « Franchement, le temps est venu d’établir un État palestinien », a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Abbas. La création de cet État est, selon elle, « absolument essentielle, non seulement pour l’avenir des Palestiniens et des Israéliens, mais également pour le Proche-Orient ». « Nous avons parcouru un bon bout de chemin. Il nous reste beaucoup à faire, mais nous n’allons pas nous fatiguer jusqu’à mon dernier souffle d’énergie et mes derniers moments à mon poste », a-t-elle assuré.
Elle a par ailleurs confirmé que la réunion, que Washington veut « sérieuse et substantielle », aurait lieu à Annapolis près de Washington. « Franchement, nous avons mieux à faire que d’inviter les gens à Annapolis si c’était simplement pour la photo », a dit Mme Rice. Selon elle, le président américain George W. Bush, à l’initiative duquel se tiendra la réunion, a fait de la création d’un État palestinien indépendant « l’une des plus importantes priorités de son Administration durant ce qui reste de son mandat ».
Elle a en outre insisté sur la nécessité de l’application « des obligations prévues dans le cadre de la première phase de la “feuille de route” », un plan de paix international resté lettre morte. La première phase de la « feuille de route » stipule la « fin des violences et du terrorisme », et le gel de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés.
À cet égard, M. Abbas a affirmé avoir demandé à Mme Rice d’« aider » les Palestiniens « à obtenir la fin de toutes les activités de colonisation (israélienne), l’arrêt de la construction du mur (la barrière de séparation érigée par Israël en Cisjordanie) et la confiscation des terres ». Il s’est inscrit en faux contre les déclarations du Premier ministre israélien Ehud Olmert qui s’est dit dimanche opposé à un calendrier régissant les négociations qui devraient s’engager dans la foulée de la réunion internationale. « En ce qui concerne les négociations, elles ne seront pas ouvertes indéfiniment. Il faut fixer une échéance afin qu’on puisse aboutir à des résultats », a-t-il dit.
De son côté, le Premier ministre israélien a laissé entendre hier qu’il pourrait renoncer à la souveraineté israélienne sur certains quartiers du secteur oriental de Jérusalem occupé et annexé par Israël depuis la guerre de juin 1967. « Était-il nécessaire d’annexer le camp de réfugiés de Choufat, d’al-Sawahreh, d’al-Walajeh et d’autres villages pour dire qu’ils font aussi partie de Jérusalem ? Je dois avouer qu’il est légitime de poser ces questions », a-t-il affirmé à la tribune de la Knesset.
Par ailleurs, les équipes israélienne et palestinienne chargées d’élaborer le document conjoint en vue de la réunion d’Annapolis doivent se rencontrer lundi, a-t-on appris de sources officielles.
La secrétaire d’État américaine, arrivée dimanche en Israël pour sa septième mission au Proche-Orient depuis le début de l’année, doit se rendre aujourd’hui en Égypte pour une brève visite avant de retourner à Jérusalem. Elle achèvera sa mission jeudi. [1]