Toutes les familles palestiniennes a eu au moins un de ses membres arrêté, emprisonné depuis 1967. Chaque membre de la société palestinienne, y compris les mineurs, pouvant être arrêté et emprisonné à n’importe quel moment, n’importe où, sans motif, se trouve en insécurité permanente. Cette stratégie de harcèlement systémique qui s’affranchit totalement du droit international, vise à briser une société tout entière.
L’utilisation de masse de la détention administrative des Palestinien·nes sans inculpation ni procès équitable, sur la base d’informations secrètes, permet au régime israélien de détenir sans réelle limitation de durée, car renouvelable sans restriction, tout Palestinien ou toute Palestinienne qui s’oppose au régime israélien, milite ou travaille dans une ONG palestinienne.
Les ordres militaires publiés par Israël criminalisent toute forme d’opposition à l’occupation. Les peines infligées aux Palestiniens et Palestiniennes sont démesurées. C’est pourquoi, 95 % des Palestinien·nes déféré.es devant de telles juridictions choisissent de « plaider coupable » pour obtenir des peines moins lourdes, quand bien même elles ou ils ne sont pas coupables des faits incriminés.
Tout est fait pour atteindre la personne qui est arrêtée, mais également sa famille. Et ce, de l’arrestation violente, souvent nocturne par une incursion de l’armée israélienne, en passant par l’interrogatoire régulièrement accompagné d’actes de tortures physiques et/ou mentales, à l’emprisonnement illégal dans une prison située en Israël, donc difficile d’accès pour la famille, dans des conditions sanitaires déplorables, très peu de visites autorisées ; jamais à l’abri d’une nouvelle arrestation jusque devant la prison lors de la libération.
Pendant toute la durée de sa peine, le prisonnier ou la prisonnière ne recevra pas les soins adaptés à son état de santé, il ou elle pourra être placé.e à l’isolement notamment pour des raisons de sécurité, sans réelle limitation de durée. Mi-janvier 2023, 40 hommes étaient placés à l’isolement depuis des durées variables, voire plusieurs mois.
Les enfants ne sont pas épargnés. Les parents ne sont pas toujours présents lors des interrogatoires au cours desquels certains subissent de la torture physique ou psychologique. Pour eux non plus les conditions de détention ne sont pas conformes au droit international.
Et pour punir davantage la famille, la déstabiliser complètement, la maison du prisonnier peut être démolie. Ainsi, en 2022, huit maisons de familles de prisonniers politiques ont été démolies et 6 en 2021.
Le gouvernement de coalition de Benyamin Netanyahou annonce et met en place des mesures alarmantes vis-à-vis des prisonnier.es, y compris des mesures collectives. En effet le ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ultranationaliste, a fait mettre en œuvre des mesures répressives et en annonce d’autres : de nouvelles restrictions sur le temps et les rations d’eau pour les douches dans les prisons de Gilboa et de Nafha. Sont annoncés notamment le transfert forcé des prisonnier.es tous les trois mois vers de nouvelles prisons ; des mesures visant la limitation des visites familiales à une demi-heure par mois ; la limitation du temps libre/de la cour à une heure par jour ; l’interdiction pour les prisonnier.es de se rassembler dans les sections et cellules à des fins d’organisation et l’accrochage du drapeau israélien dans chaque cellule.
En janvier, les autorités israéliennes ont transféré tous les prisonniers palestiniens de la prison de haute sécurité de Hadarim dans des sections nouvellement construites de la prison de Nafha, dans le désert du Naqab/Negev. Début février, les autorités pénitentiaires ont effectué plusieurs raids dans la prison de Ramon et les cellules des prisonnières palestiniennes détenues à Damon.
Face aux arrestations et détentions arbitraires, à ces conditions de détention cruelles, inhumaines et dégradantes, les prisonniers et prisonnières n’ont d’autre choix que la désobéissance civile, voire la grève de la faim. Depuis début février 2023, des prisonniers ont entamé une campagne de désobéissance civile pour exiger la fin des mesures répressives : refus de sortir des cellules notamment. S’ils n’obtiennent pas satisfaction, ils prévoient une grève de la faim à laquelle participeraient les prisonniers de toutes les affiliations politiques, dès le début du ramadan (23 mars).
Ben Gvir fait pression pour faire adopter une « loi sur la peine de mort pour les terroristes » 1 et annuler les règlements autorisant les membres de la Knesset à rencontrer les prisonnier.es palestinien·nes incarcéré.es dans les prisons israéliennes.La Knesset a approuvé en première lecture une proposition de loi visant à révoquer la citoyenneté israélienne ou la résidence « permanente » des Palestinien·nes de Jérusalem emprisonné.es pour des « actes de terrorisme » au sens où l’entend le gouvernement israélien.
Alors qu’Israël bafoue plusieurs conventions internationales et traités régissant les droits humains, dans sa politique de répression du peuple palestinien, les voix sont peu nombreuses pour soutenir les prisonnier.es palestinien·nes. La communication israélienne, autour des prisonniers politiques palestiniens, s’appuie sur des prétendus jugements pour se donner l’image de victime et non de bourreau. Cela a notamment comme conséquence que des élu.es, des organisations des droits humains internationales, nationales, des citoyen·nes sont réticent.es, voire refusent de se mobiliser, d’agir pour des prisonnier.es politiques palestinien·nes.
Des experts de l’ONU, de l’Union européenne s’expriment sur des cas particulièrement choquants. Mais la politique d’emprisonnement systémique des Palestinien·nes ne génère pas de réactions particulières. Notre combat pour le droit des prisonnier.es politiques s’exprime et doit s’exprimer par l’information des citoyen·nes, militant.es ou non, et par des actions de sensibilisation, de mobilisation auprès des élu.es français.es, européen·nes et des acteurs internationaux qui sont en mesure de s’exprimer, d’agir. Il passe par l’AFPS nationale, par notre groupe de travail prisonniers politiques palestiniens et également par chaque groupe local.
Nous soutenons et nous travaillons avec les organisations palestiniennes de défense des droits humains, des prisonniers, notamment Addameer et Defense for Children International Palestine. Lesquelles sont deux organisations attaquées et déclarées « terroristes » par Israël.
Nous soutenons directement les prisonnier.es par la campagne de parrainage qui consiste à leur écrire pour exprimer notre soutien. Même si nous ne sommes pas certains que le ou la destinataire recevra effectivement le courrier, ni si il ou elle pourra répondre, le courrier arrive à la prison en principe, où il est vu par l’autorité pénitentiaire. Il s’agit d’un acte politique et non seulement humanitaire. Cette campagne peut être complétée, lorsque cela est possible, par un contact direct avec les familles de prisonniers.
Des campagnes ponctuelles d’envoi de courrier, voire de signatures de pétitions, sont menées lors de mobilisation pour des cas spécifiques. De même, nous nous adressons à la Croix-Rouge internationale pour des prisonnier.es dont la santé est menacée par l’absence de soins ou par les conditions de détention.
L’arrestation et l’emprisonnement des Palestinien·nes sont des outils de la colonisation, de l’occupation israélienne, au cœur de la répression israélienne. Ces pratiques et méthodes de persécutions systémiques, de déni des droits fondamentaux à la vie et à la liberté sont des actes inhumains décrits à l’article 2 de la Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid.
Nos campagnes, actions contre la colonisation, l’occupation, la colonisation, l’apartheid israélien, pour la libération des prisonniers politiques palestiniens, pour le respect des droits du peuple palestinien sont un même combat.
CP