Je m’adresse à vous qui soutenez le peuple palestinien dans sa lutte pour la réalisation de ses droits nationaux. Je m’adresse à vous après la lecture de tracts fustigeant « 40 ans d’occupation, 40 ans de
spoliations… ». 40 ans… Alors que dans les souvenirs de mon grand-père et de plus de 4 millions de réfugiés palestiniens il s’agit de 60 ans.
Je m’adresse à vous car je ne souhaite pas qu’en notre nom, on efface 20 ans de notre histoire. [1]
En effet, il y a 60 ans, d’habitant de la Palestine, ma famille devient réfugiée dans son propre pays.
29 novembre 1947, c’est la Naqba : l’expulsion de 800 000 Palestiniens et l’occupation de leurs terres par les Israéliens.
Le 11 décembre 1948, la résolution 194 oblige les occupants Israéliens à laisser rentrer les réfugiés palestiniens chez eux. Jusqu’à aujourd’hui aucun réfugié n’a pu revenir.
1967, Israël poursuit les Palestiniens là où ils ont pu trouver refuge en Cisjordanie, dans la Bande de Gaza, dans le Sinaï en Égypte, dans le Golan en Syrie. 300 000 Palestiniens se retrouvent à nouveau sur les routes de l’exil.
1977, le nombre de colons israéliens en territoire palestinien est de 5 000, il est actuellement de 500 000.
Printemps 2002, Israël détruit la quasi-totalité de l’infrastructure civile, des centaines de Palestiniens perdent la vie et des milliers d’autres subissent des mois entiers de couvre-feu.
2004, malgré l’injonction de la Cour Internationale de Justice de la Haye et la décision de l’Assemblée Générale des Nations Unies, Israël continue en toute impunité à construire un Mur d’Apartheid qui pénètre
profondément à l’intérieur du territoire palestinien.
2006, alors que les élections palestiniennes sont déclarées démocratiques par l’ensemble des observateurs internationaux, la communauté internationale décide de condamner la population palestinienne à un embargo économique.
2007, la Palestine est défigurée par 730 kilomètres de murs et plus de 10 000 Palestiniens, hommes, femmes, enfants, sont retenus dans les prisons israéliennes.
La situation des réfugiés prévue pour n’être que temporaire, va perdurer jusqu’à ce jour. Les camps de réfugiés, montés dans la hâte de la catastrophe, sont faits de tentes en tissus, qui seront petit à petit
remplacées par des maisons en tôles puis des maisons en dur.
Les camps de réfugiés sont la base de développement de la résistance palestinienne. Ils sont le lieu de transmission de la mémoire et des traditions.
Après 60 ans d’exil, 4 millions de Palestiniens attendent toujours qu’on leur donne le droit de rentrer chez eux.