Appel au rassemblement et à la mobilisation
Le 4ème Congrès de l’AFPS s’est tenu ce week-end à Saint Denis, rassemblant plus de 200 délégués, venus des 100 groupes locaux implantés dans presque toutes les villes de France. Il a fait le bilan des 2 années écoulées depuis notre dernier congrès, et posé les orientations de notre association pour les deux années à venir.
Au lendemain de ce congrès, je veux adresser à tous les militants et amis de l’AFPS un appel au rassemblement et à la mobilisation.
Nous sommes fiers d’avoir accueilli à l’occasion de nos débats Bassem Tamimi, notre invité d’honneur, représentant du comité populaire de Nabi Saleh en Palestine occupée, qui a enfin pu séjourner en France après des années de prison pour ses activités de résistance civile contre l’occupation israélienne. Son intervention d’une grande force humaine et politique nous est allée droit au cœur.
Hael el-Fahum, ambassadeur de Palestine en France, nous faisait bien sûr l’honneur de sa présence. Il nous a dit l’importance capitale de la solidarité internationale, soulignant le rôle de notre mobilisation lors du vote historique pour l’admission de l’Etat de Palestine à l’ONU.
De son côté Jacques Picard, Conseiller régional d’Ile de France, nous présentant la convention signée entre le Conseil régional et le gouvernorat de Jérusalem (occupée), a montré que les actions de coopération décentralisée peuvent avoir une haute portée politique et mettre concrètement en cause les faits établis illégaux.
Nous lançons aujourd’hui un appel solennel à toutes celles et tous ceux épris de justice et désireux de voir enfin émerger la paix au Proche-Orient. Nul n’ose plus le nier : la paix suppose de voir, enfin, réalisés, les droits nationaux du peuple palestinien.
Mais ceux-ci continuent, année après année, décennie après décennie, à être niés, bafoués, piétinés, violés, par la politique des gouvernements successifs d’Israël. Ces gouvernements n’ont de cesse de poursuivre et d’intensifier la colonisation des territoires palestiniens occupés, de détourner les ressources palestiniennes, ses terres, l’eau, d’empêcher toute vie sociale, économique, culturelle, politique palestinienne. Ils enferment la population entre des murs d’annexion en Cisjordanie, l’assiègent dans la bande de Gaza, cantonnent à l’exil forcé ceux que l’expulsion a transformés en réfugiés depuis des générations… Ils soumettent toute résistance à une répression massive et meurtrière, avec l’armée et les colons, et ciblent tout particulièrement la résistance populaire.
Les dirigeants israéliens ne cessent de le répéter, de la tribune du congrès américain à celle des Nations unies : ils refusent un Etat palestinien dans les frontières de 1967, ils refusent le démantèlement des colonies, toutes illégales, ils rejettent le droit au retour des réfugiés palestiniens, ils refusent la souveraineté palestinienne à Jérusalem-Est et mettent en œuvre unilatéralement cette politique sur le terrain.
Et pourtant, se soumettant aux exigences israéliennes, à l’instar des dirigeants de la Maison Blanche, les gouvernements européens, et le gouvernement français en particulier, continuent de prôner une reprise des négociations dans le seul tête à tête israélo-palestinien, totalement déséquilibré au profit de l’occupant. Ils persistent à refuser de reconnaître l’Etat palestinien comme membre de plein droit des Nations unies tant que les négociations n’auront pas abouti, c’est-à-dire tant que la puissance occupante s’y oppose.
Quelle hypocrisie ! Pire : quelle complicité ! Car l’Union européenne qui a décidé de pressions économiques pour peser contre l’unité nationale qu’exige la société palestinienne, refuse à l’inverse toute sanction contre la politique israélienne, laissant ses dirigeants jouir d’une totale impunité. Pire encore : refusant de suspendre l’accord d’association entre l’UE et Israël jusqu’à ce que Tel-Aviv respecte a minima les droits humains, l’UE au contraire développe avec Israël une « Politique européenne de voisinage » qui l’intègre de fait au marché européen et développe des collaborations économiques, technologiques, stratégiques, tous azimuts comme un blanc seing à sa politique criminelle, un signal bienveillant pour la pérenniser. Cette hypocrisie complice entrave dès lors l’avènement de la paix.
Nous lançons donc un appel solennel : exigeons de notre gouvernement qu’il mène une politique étrangère conforme aux principes qu’il professe, conforme au droit.
Exigeons de notre gouvernement qu’il contribue à mettre un terme à l’impunité de la politique israélienne, par des sanctions efficaces, économiques, judiciaires et politiques, et qu’il fasse tout pour qu’elles soient adoptées par ses partenaires de l’UE. Exigeons de la France qu’elle interdise l’entrée des produits des colonies. Exigeons qu’elle mette un terme aux pressions économiques qui pèsent sur le peuple palestinien. Exigeons que la France intervienne avec fermeté pour obtenir la libération des prisonniers politiques palestiniens. Exigeons qu’elle reconnaisse l’Etat de Palestine pleinement souverain dans ses frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, qu’elle défende le droit au retour des réfugiés, et intervienne avec détermination en ce sens à l’Assemblée générale comme au Conseil de sécurité des Nations unies.
Exigeons aussi de la France qu’elle cesse de salir son propre honneur, ce qu’elle fait en inculpant des militants du droit et de la paix qui, faute d’initiative digne de ce nom de notre pays, ont décidé de boycotter de quelque façon que ce soit la politique raciste et criminelle du gouvernement israélien. Criminaliser des défenseurs du droit, c’est criminaliser tous ceux et toutes celles qui défendent le droit. Nous ne pouvons le tolérer.
Le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien en France, en Europe et dans le monde s’est considérablement développé, sur la base d’actions communes, dont les campagnes BDS, dans un rassemblement fondé sur la défense du droit international. Ce mouvement citoyen sans frontières est devenu, aux côtés de la résistance palestinienne et des organisations israéliennes anticolonialistes, un paramètre incontournable de la diplomatie elle-même. Nous nous félicitons du développement de notre association dans la société, adhésions nouvelles, création de groupes locaux, établissement de relations fructueuses avec nombre d’organisations en France comme en Europe et au-delà. Mais cela ne suffit pas. La solidarité avec le peuple palestinien demande que nous soyons beaucoup plus nombreux et plus forts. Non pas seulement pour crier notre colère, mais pour que la France, enfin, prenne sa place dans le combat pour la fin d’une injustice qui n’a que trop duré.
Taoufiq Tahani
Président de l’AFPS