Photo : Lloyds Bank à Leeds en 2015 (Wikipedia)
Deux femmes musulmanes poursuivent la Lloyds Bank (LBP) pour les avoir pénalisées en raison de leur soutien à la Palestine.
Lors de l’assaut israélien contre Gaza en mai 2021, deux employées de la LBP ont exprimé leur solidarité avec les Palestiniens sur le portail de discussion de l’entreprise. La banque a ouvert une enquête sur ces messages et a déterminé que les deux femmes avaient enfreint la politique d’"intégrité professionnelle" de l’entreprise. Elles ont reçu un dernier avertissement écrit pour "faute grave", qui restera définitivement inscrit dans leur dossier interne à la banque. LBP a également informé la Financial Conduct Authority (FCA) de l’affaire, ce qui signifie que l’incident figurera dans les vérifications d’antécédents potentiellement effectuées par de futurs employeurs.
Les deux femmes (qui souhaitent rester anonymes) sont représentées au tribunal par des avocats travaillant en collaboration avec le Centre européen de soutien juridique (ELSC). Dans le cadre de l’action en justice pour discrimination, elles demandent la suppression des sanctions susmentionnées et une indemnisation pour l’impact du préjudice. L’une des femmes affirme qu’elle s’est déjà vu refuser un nouvel emploi à la suite du rapport à la FCA.
"Ce cas est un nouvel exemple d’une tendance au racisme anti-palestinien que nous avons observée en Europe à un niveau institutionnel, que ce soit au sein d’organismes publics ou privés ", a déclaré Alice Garcia, responsable du plaidoyer et de la communication de l’ELSC, à Mondoweiss. " Depuis la création de l’ELSC en 2019, nous avons documenté plus de 700 incidents de racisme anti-palestinien et avons répondu à 232 incidents de répression auxquels sont confrontés [ces] personnes, mais aussi des universitaires, des étudiants, des journalistes, des artistes, des organisations de base de la société civile, des ONG palestiniennes et européennes ". Cette censure est permise par des politiques restrictives telles que la mise en œuvre de la définition biaisée de l’antisémitisme de l’IHRA ou des politiques anti-BDS et des campagnes de délégitimation amplifiées par des acteurs pro-israéliens. Cela vise à protéger le gouvernement israélien de toute responsabilité et est très problématique pour les droits fondamentaux tels que la liberté d’expression".
Dans l’un des messages du portail, une plaignant fait référence au "deux poids deux mesures" appliqué à la Palestine et mentionne que d’autres questions politiques et sociales étaient régulièrement discutées au sein de l’entreprise. "Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est que PERSONNE au bureau n’a parlé de cette question", écrit-elle. "Les collègues arrivent et parlent de leur vie quotidienne, du football, des émissions qu’ils ont regardées, mais RIEN sur ce sujet ? Je suis déconcertée par l’ignorance des gens à ce sujet, et encore plus frustrée par le fait que lorsqu’il y a eu des sujets dans le passé, comme les incidents de Paris, BLM [Black Lives Matter], LGBTQ, etc., les gens en ont parlé, ont commenté les messages, ont changé les photos de profil pour montrer leur solidarité, etc. Est-ce parce qu’ils pensent qu’il s’agit d’un problème MUSULMAN et qu’ils en sont donc exemptés ?".
Ces observations se sont avérées prémonitoires, car les employés n’ont pas été sanctionnés pour avoir publié des messages sur les autres sujets mentionnés par la plaignante. L’"exception palestinienne" de la banque semble ne pas concerner d’autres aspects de la politique de l’entreprise. Au milieu des manifestations Black Lives Matter de 2020, LBP a lancé un Plan d’Action au sujet de la Race pour lutter contre toute forme de discrimination. "En tant que groupe, nous sommes guidés dans notre façon de faire par un ensemble clair de valeurs", a déclaré la banque dans un communiqué. "Un élément clé de la façon dont nous cherchons à vivre et à respirer ces valeurs est de nous efforcer de créer un environnement totalement inclusif pour tous nos collègues, clients et communautés, un environnement qui soit vraiment représentatif de la Grande-Bretagne d’aujourd’hui".
Les audiences se tiendront en juin dans les bureaux du London Central Tribunal Employment.
L’offensive israélienne de 2021 au sujet de laquelle les deux femmes ont posté a tué plus de 259 Palestiniens, dont environ 66 enfants.
Traduction : AFPS