Le premier vol commercial direct entre Israël et les Émirats arabes unis (EAU), qui a eu lieu lundi, a été critiqué pour avoir transporté à son bord une délégation américano-israélienne cherchant à finaliser l’accord de normalisation entre Tel Aviv et Abou Dabi.
L’extérieur de l’appareil a lui aussi suscité la controverse, en raison du nom figurant sur le fuselage sous le cockpit.
L’avion doit son nom à la ville de Kiryat Gat, ce qui a conduit certains Palestiniens à évoquer sur les réseaux sociaux l’histoire de la terre sur laquelle cette municipalité israélienne a été construite.
This is hilarious. The word "peace" written in 3 languages on the plane, and written below the cockpit window on one side is Kiryat Gat, the name of the illegal Jewish settlement that sits on the remains of my grandparents' ethnically cleansed village, al-Faluja. https://t.co/yIgXe9g3JP
— لينة (@LinahAlsaafin) August 30, 2020
Traduction : « C’est désopilant. Le mot “paix” est écrit en trois langues sur cet avion, et en dessous du hublot du cockpit est écrit Kiryat Gat, nom d’une colonie juive illégale qui est érigée sur les vestiges du village de mes grands-parents, qui a subi un nettoyage ethnique, al-Faluja. »
Kiryat Gat, qui se situe à 70 kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, a été construite en 1954 sur les fondations du village palestinien d’Iraq al-Manshiyya.
Iraq al-Manshiyya et le village voisin d’al-Faluja figurent parmi les 418 villages palestiniens (au moins) dépeuplés à l’époque de la création de l’État d’Israël en 1948 – période connue par les Palestiniens sous le nom de Nakba ou « catastrophe », au cours de laquelle des milliers de Palestiniens ont été tués et des centaines de milliers d’habitants ont été contraints de fuir. Leur droit au retour leur est refusé depuis.
Iraq al-Manshiyya et al-Faluja ont également une signification particulière : il s’agit des lieux où un armistice a été convenu entre Israël et l’Égypte le 24 février 1949 – avant qu’il ne soit rompu peu après par Israël après une campagne bien orchestrée de guerre psychologique et de violences contre les villageois.
En décembre 1972, le statut municipal de Kiryat Gat a été révisé et elle est devenue la 31e ville israélienne. Elle a continué son expansion et, en 1992, s’est étendue pour inclure la terre appartenant anciennement à al-Faluja.
L’histoire qu’évoque le nom de l’avion transportant des responsables israéliens en vue de normaliser les relations diplomatiques avec un État arabe est la goutte d’eau pour certains internautes.
Can they write the name of the occupied town Kiryat Gat in Arabic too ? I don't think so, it's called قرية الفالوجا by the way, where a massacre of its Arabs population occurred in 1948 to drive them out of it, we'll never forget, we'll never forgive. https://t.co/fms3RoXUjD
— Mohamed (@mohamed_latif) August 31, 2020
Traduction : « Peuvent-ils également écrire le nom de la ville occupée de Kiryat Gat en arabe ? Je ne crois pas… Elle s’appelle قرية الفالوجا. D’ailleurs, un massacre de ses habitants arabes s’y est produit en 1948 pour les en chasser. Nous n’oublierons jamais, nous ne pardonnerons jamais. »
the word peace is written under kiryat gat which is built over the ruins of the ethnically cleansed al faluja. it was cleansed after the war thru intimidations United Nations observers reported to UN mediator that the intimidation included beatings, robberies, and attempted rape https://t.co/x52ZfhsqDI
— fathi 🇵🇸 (@Towelhead__) August 30, 2020
Traduction : « Le mot paix est écrit sous Kiryat Gat, laquelle est bâtie sur les ruines du village d’al-Faluja qui a été nettoyé ethniquement. Il a été nettoyé après la guerre au moyen d’intimidations que les observateurs de l’ONU ont rapportées au médiateur de l’ONU, parmi lesquelles des passages à tabac, des vols et des tentatives de viol »
Alors que de nombreux Palestiniens considèrent que l’ensemble de la Palestine historique est occupée, d’autres utilisateurs des réseaux sociaux ont un problème avec le fait que Kiryat Gat soit qualifiée par certains de colonie, pointant le fait qu’elle se situe au sein des terres reconnues par la majorité de la communauté internationale comme constituant l’État d’Israël.
The question is where its indigenous populations ? Hint : ethnically cleansed ?
— Mohammed Al-Rozzi Ⓥ (@MohammedAlrozzi) August 30, 2020
Traduction : « Hé, je suis un Israélien de gauche. Kiryat Gat se situe effectivement par-dessus al-Faluja. Mais qu’y a-t-il d’illégal là-dedans ? Elle est dans les frontières de 1948. En quoi est-ce une colonie ? »
« La question qui se pose ici, c’est : où est sa population indigène ? Indice : nettoyage ethnique ? »
Kiryat Gat se situe dans le district sud d’Israël, qui couvre la majorité du désert du Néguev. Environ 240 000 Palestiniens d’Israël vivent dans les villes et villages du Néguev, dont un grand nombre sont toujours menacés de déplacement forcé aujourd’hui.
Environ 76 000 d’entre eux sont des bédouins palestiniens qui vivent dans ce qui est connu comme des « villages non reconnus ». À ce jour, ces 45 villages sont privés de toute infrastructure ou soutien du gouvernement israélien, ils manquent de transports publics et ne disposent pas de routes ou d’écoles. Les habitants affirment que ces politiques sont tout simplement des tentatives visant à les déplacer encore, même si les bédouins vivaient sur ces terres ou à proximité avant 1948.
Au nom du « développement » de la zone, des villages du Néguev tels que Khirbet al-Watan ou Umm al-Hiran sont régulièrement confrontés à des démolitions de maisons, des avis d’expulsion et des perquisitions de la police, parfois avec des conséquences mortelles.
Constituant 20 % de la population du pays, les citoyens palestiniens d’Israël dénoncent depuis longtemps les initiatives à caractère ostensiblement social des autorités israéliennes qui, selon eux, servent en fait à dissimuler la dépossession des Palestiniens et l’effacement de leur patrimoine.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation