Pendant dix ans, il a pris la poussière dans un placard. Et puis, fin septembre, dans un élan d’optimisme, Mohamed Akal a décidé de le ressortir. « Il est comme neuf », se réjouit-il. L’uniforme de la garde présidentielle palestinienne lui va toujours bien. L’homme n’a pas pris de poids, malgré une décennie de désœuvrement. Employé de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, il a continué de toucher son salaire de 400 euros sans rien faire, tandis que le Hamas contrôlait le territoire, après la fracture sanglante entre les deux factions.
Aujourd’hui, une réconciliation s’esquisse entre le Fatah du président Mahmoud Abbas et le mouvement islamiste, qui se sont retrouvés une nouvelle fois au Caire, mardi 10 octobre, pour aborder les modalités d’un rapprochement. Mohamed Akal est partagé entre deux sentiments. Comme des dizaines de milliers de fonctionnaires, il se réjouit du retour du gouvernement palestinien à Gaza, survenu le 2 octobre. Mais il s’interroge sur son avenir. La transition politique impliquerait forcément des mutations et des coupes claires. Le premier ministre, Rami Hamdallah, a prévenu : la question des employés sera traitée « dans le cadre des ressources disponibles ».
Le point le plus sensible concerne les forces de sécurité. Dans la bande de Gaza, elles comptent 20 000 membres, répartis entre plusieurs corps. « Je pense que ceux de plus de 45 ans seront envoyés à la retraite anticipée, pronostique Aymen Al-Batniji, porte-parole de la police à Gaza. Mais, en fait, aucun employé ne sait ce qu’il va devenir. Le comité technique chargé du dossier n’est même pas encore en place. » A en croire le porte-parole, une approche trop brutale « causerait beaucoup de chaos et de problèmes sur le terrain, parce que les employés représentent de nombreuses familles ». En revanche, « changer les hauts responsables du ministère serait une chose naturelle », admet-il.