Le 8ème Congrès de l’AFPS s’est tenu les 2 et 3 décembre 2023, au siège confédéral de la CGT à Montreuil. Il a été placé, à l’unanimité, sous la présidence d’honneur de Mariam Abudaqa.
Scandé par des appels au cessez-le-feu immédiat, le 8ème congrès de l’AFPS a été marqué par l’émotion et une certaine gravité. Celle qui étreint un grand nombre de militants, suspendus aux nouvelles de leurs ami-es et partenaires palestiniens depuis le début de la répression israélienne dans la bande de Gaza après les massacres du Hamas du 7 octobre.
Celle de l’hommage rendu aux disparus de l’année comme Bernard Ravenel, Guy Perrier ou encore Guy Peterschmitt.
Celle enfin de la page du mandat de Bertrand Heilbronn qui se tourne. Dans son dernier discours en tant que président, il a tenu à saluer le travail du Bureau national, composé “de faiseux plus que de diseux” selon sa formule, et qui a su tout au long de ces années collaborer en confiance et dans la recherche du consensus. Il a souvent répété l’importance de l’unité dans “le cauchemar inimaginable que constitue la crise actuelle”. De la discussion collective, notamment “pour reconstruire l’unité du Collectif national”. Bertrand Heilbronn a conclu son adresse aux congrétistes par un appel à “avoir confiance en nous, parce que nous sommes des militants et non des victimes.” Et par un hommage à “ce peuple palestinien si ouvert aux autres qu’il donne sens à l’espoir que nous voulons faire renaître”. Les applaudissements nourris, et debout, l’ont salué.
"Comme à la maison”
Dénonciation du “génocide” en cours contre le peuple palestinien ; répression des colons en Cisjordanie “transformée en camp de concentration” : Hala Abou Hassira, l’ambassadrice de Palestine en France, n’a pas eu de mots assez durs pour décrire les moments “extrêmement graves et douloureux vécus par le peuple palestinien”. Les poings serrés, la voix grave, le visage fermé, Salah Hamouri a ensuite salué le fait que “la Palestine redevienne une priorité du monde” et noté que “le mouvement de solidarité vivait un moment historique”, lui qui vient au Congrès de l’AFPS “pas en invité, parce qu’il y est comme à la maison.”
Après ces interventions, Gérard Larose, qui lui aussi quittait ses fonctions de secrétaire général, a présenté le rapport d’orientation. Qui dit beaucoup du contexte général : Bertrand Heilbronn a souligné que l’AFPS n’avait plus d’interlocuteur à l’Élysée, signe selon lui d’une diplomatie française qui navigue à vue au Moyen-Orient. François Rippe est revenu sur les menaces qui pèsent sur les libertés associatives et a parlé du développement plus qu’incertain de l’AFPS, entre besoin de renforcement des groupes locaux et difficultés de renouvellement des équipes d’animation.
Celle qui finira par être élue présidente le 3 décembre, Anne Tuaillon, aura à cœur de relever ces défis, notamment celui de la défense des libertés collective et individuelle.
Émotion et gravité encore avec le témoignage à distance de Nabila Kilani, du centre éducatif Amani de Beyt Lahiya, à Gaza. Sur un montage de Véronique Hollebecque du GT Gaza, la directrice du centre raconte les destructions, les morts, l’absence de nouvelles des enfants dont elle s’occupe. Mais elle raconte aussi la reconstruction à venir, et la résistance qui ne faiblit pas. “Nous sommes tout naturellement, et tout simplement, attachés à notre terre par un lien de vie.”
Émotion et gravité toujours avec le témoignage de Sahar Francis, directrice de l’association Addameer, qui fait un point sur les arrestations arbitraires massives par Israël de palestiniens, détenu-es dans la majorité des cas sans charge ni procès. Encore une fois, ces pratiques existaient déjà avant le 7 octobre mais elles ont changées d’échelle depuis cette date. Les mauvais traitements et la torture se sont eux aussi généralisés.
C’est ensuite, l’invité d’honneur du Congrès de l’AFPS qui a prit la parole pour un témoignage poignant. Fondateur de l’association Youth of Sumud et Président du Comité de coordination de la résistance populaire, Sami Al Huraini, a expliqué la situation dans sa région de Massafer Yatta, dans les collines du sud d’Hébron. Cette zone est depuis longtemps victime d’épuration ethnique et d’expulsion de la part des Israéliens. Le harcèlement des soldats et colons israéliens y était déjà quotidien puisqu’ils utilisaient les villages comme zone d’entraînement, arrêtaient les gens, démolissaient les maisons, les écoles, les infrastructures... Mais depuis le 7 octobre, la situation s’est encore d’avantage aggravée. Les colons portent le même uniforme que les soldats et harcèlent encore d’avantage les villages avec des raids au cours desquels ils donnent 24 heures aux habitants pour partir sinon ils seront tués. La guerre est une opportunité pour eux, un feu vert pour faire ce qu’ils veulent, comme ils veulent, quand ils veulent.
>> Lire le témoignage de Sami Al Huraini
Le Congrès s’est conclu par l’adoption du nouveau rapport d’orientation de l’AFPS qui guidera son travail pour les 3 années à venir ainsi que l’équipe qui sera chargée de le mettre en oeuvre à savoir le Conseil national et la nouvelle présidente de l’AFPS, Anne Tuaillon.
>> Lire et télécharger le Rapport d’orientation de l’AFPS 2023 (pdf)