Plus discriminés encore que les autres habitants de Palestine, harcelés sans répit depuis 75 ans, les Bédouins, qu’ils vivent dans le territoire occupé ou qu’ils soient citoyens israéliens du Naqab, subissent la même politique de terreur, d’expulsion et de nettoyage ethnique par le régime d’apartheid israélien.
Les Bédouins font partie depuis des siècles du tissu social et culturel de la Palestine. Ils ont tout enduré depuis la Nakba : expulsion du Naqab pendant la violente conquête israélienne du Néguev de 1949 ; transfert forcé vers la Vallée du Jourdain ; vol de leur terre pour imposer des zones militaires fermées ou des réserves naturelles. Des quasi 90 000 Bédouins vivant dans le plus grand district de la Palestine historique, il ne restera après l’opération guerrière de mars 1949, que 13000 d’entre eux, soumis jusqu’en 1966 à un régime militaire. Aujourd’hui, malgré la volonté d’Israël de les faire disparaître, plus de 200 000 de leurs descendants — la 3e génération — se retrouvent parqués dans des « townships », main d’œuvre corvéable pour les usines israéliennes. En s’offrant une façade de légalité par une instrumentalisation du droit, Israël a construit son récit sur la stigmatisation d’un « peuple errant », sans attachement ni propriété de la terre, lui servant de justification pour sa politique de déplacement forcé.
Habitant d’Al-Araqib devant le monument aux morts de la Nakba de son village
50% des Bédouins du Naqab vivent encore dans des villages dit « non reconnus » par Israël. Les communautés qui s’accrochent à leurs terres subissent la destruction de leurs cultures et de leurs habitations. Symbole de cette résistance héroïque, le village d’Al Araqib a été détruit pour la 219ème fois le 17 juillet 2023. C’est la huitième destruction depuis janvier.
214e destruction du village, en mars 2023
Ce qui se passe dans le Naqab, contre des citoyens israéliens démontre que le processus de nettoyage ethnique est de même nature que dans le territoire palestinien occupé.
En Cisjordanie, les communautés bédouines qui vivent à l’Est de Jérusalem, enclavées entre les colonies, sont menacées de transfert. Les Bédouins jouent pourtant un rôle de « gardiens de la terre » essentiel contre la volonté d’annexion par Israël de milliers d’hectares. C’est le cas de Masafer Yatta au sud d’Hébron, de Khan al-Ahmar à l’Est de Jérusalem, qui se battent contre les ordres militaires de démolition.
Quotidiennement, les Bédouins subissent agressions nocturnes, vol de panneaux solaires, vol du bétail, confiscation des réservoirs d’eau des colons ou de l’armée d’occupation. Le 26 avril, un groupe de colons a vandalisé plusieurs sources à Al Deir.
Ce 22 mai, 200 habitants - dont 78 enfants - du village d’Ein Samiya ont été chassés de leurs terres. Le 10 juillet, la communauté d’Al Baq’aa a été forcée d’abandonner ses maisons face à la violence des colons d’un nouvel avant-poste implanté en juin qui avaient incendié leurs tentes. Le 14 juillet, c’est la communauté de Ras al Tin qui a été chassé par les mêmes qui ont harcelé Ein Samiya pendant des années. Enfin le 8 aout, les dernières familles quittaient le village d’Al-Qaboun à l’Est de Ramallah.
The last Palestinian family left the village.
Israeli settlers will now take over it. https://t.co/lMs8zLzN8l pic.twitter.com/MvYAFOqEM1
— Younis Tirawi | يونس (@ytirawi) August 7, 2023
Les déplacements forcés sont des crimes de guerre : 75 ans après, le dessein de ce régime israélien d’apartheid est clair : infliger aux Palestiniens une deuxième Nakba et les déposséder de la totalité de leurs terres. Le déplacement forcée des populations bédouines est une des stratégies dont use Israël pour parvenir à ses fins : l’annexion de la totalité de la Cisjordanie.
L’enjeu est qu’ils puissent rester sur leurs terres coûte que coûte afin de mettre en échec cet objectif ! La Résistance palestinienne est mobilisée pour que les populations bédouines puissent continuer à être les gardiens de cette terre sur laquelle ils vivent depuis des siècles.
Photo : AS_Oren Ziv_Al Araqib, village bédouin du Naqab détruit 219 fois par les autorités israéliennes