En 1993, la journaliste Sara Leibovitz révélait des épidémies de typhoïde par l’empoissonnement de l’eau potable en 1948 à Saint-Jean-d’Acre et à Gaza et des noms de responsables de ces « crimes biologiques ». En 2001, Seth Carus, spécialiste des armes biologiques et chimiques à l’université de la Défense nationale, à Washington, rapportait ce lien sous le titre « Terroristes sionistes ».
En 2003, Salman Abou Sitta, spécialiste de la Nakba le documente à partir de témoignages, documents et de rapports, entre le 6 et le 19 mai 1948, de la Croix-Rouge. Et révèle le rôle central de Ben Gourion comme stratège de la campagne d’empoisonnement des eaux.
Le 19 septembre 2022 deux historiens israéliens Benny Morris et Benjamin Kedar le confirment. Sous le nom de code « Jette ton pain » (JTP) la Haganah, milice armée sioniste, a organisé le 31 mars 1948, sous l’égide de Ben Gourion, une vaste opération secrète pour empoisonner l’eau de plusieurs villages, inciter leurs habitants à fuir et les dissuader d’y revenir. Elle visa d’abord, début avril 1948, les villages voisins de la route stratégique Tel Aviv-Jérusalem sur l’ordre d’Yigael Yadin chef d’état-major de la Haganah, qui choisit Moshe Dayan pour réaliser ces « opérations spéciales ».
L’aqueduc alimentant Saint-Jean-d’Acre fut la cible « la plus importante de toute la campagne JTP " qui dura jusqu’en décembre. « Leur moral affaibli par l’épidémie et le pilonnage intensif, les habitants de Acre ont fini par écouter l’appel des haut-parleurs de la Haganah qui hurlaient « Rendez-vous ou suicidez-vous. Nous allons vous détruire jusqu’au dernier ». Après la chute de la ville, les milices sionistes se sont livrées à un pillage systématique.
A Acre 70 habitants en furent victimes mais aussi 55 soldats britanniques. Ce qui peut expliquer, associé à la menace de dissémination dans la population juive, son usage assez limité. Le fils de Dayan fut atteint de typhoïde après un incident avec un tube à essai contenant les bactéries. L’accès à de nouvelles archives pourrait le préciser ainsi que le nombre réel de victimes.
Fin Mai une tentative d’empoisonnement par les virus de la dysenterie et de la typhoïde fut déjouée à Gaza.
René Backmann conclut : l’Institut israélien de recherches biologiques de Ness Ziona, créé en 1952, "reste l’un des lieux les plus secrets du pays. Et qu’Israël n’a toujours pas signé la Convention internationale de 1972 sur l’interdiction des armes biologiques."
Sources :
Israël : les secrets de l’opération militaire qui a utilisé des armes biologiques en 1948 | Mediapart Remarquable article de René Backmann publié dans Médiapart le 31 octobre 2022, d’où est tiré l’essentiel du résumé ci-dessus.
Pages 140-141 de l’ouvrage d’Ilan Pape : « Le nettoyage ethnique de la Palestine »
Photos : Palestineremembered.com