La majorité des puits et sources y ont été confisqués.
6400 colons détiennent 95% de la surface alors que 56000 Palestiniens survivent sur le reste, situé en zone C (restrictions maximales, constructions interdites,...) ou en zone militaire.
Eau d’irrigation gratuite pour les colons, avec 75% de réduction pour la consommation domestique.
Presque tous les accès a l’eau étant confisqués, elle est devenue onéreuse au prix fort pour les Palestiniens, payant ainsi leur propre eau, devant de plus aller la chercher loin, nécessitant l’investissement dans une citerne et un tracteur. A tel point que le poste eau peut représenter jusqu’à 70% du budget familial.
Les colons pompent l’eau très profondément, allant jusqu’à l’extraire des nappes fossiles. Nous avons même pu voir une installation de pisciculture, activité très vorace en eau, dans une zone désertique et encore très chaude à cette époque de l’année.
Les colons bénéficient par ailleurs de facilités sans égales dans le monde :
– Eau gratuite ou quasi
– 20km2 de terrain et une maison gratuite pour les primo-arrivants
– les compagnies, électricité par ex, sont dans l’obligation de les raccorder.
Nous avons également remarqué, avec étonnement, de fortes lumières allumées toute la nuit. Explication : lumière et chaleur favorisent la croissance des fruits et légumes, sans oublier les fleurs exportées vers l’Europe (notamment via les Pays-Bas). Nous avons vu des installations -colonies- de marque Carmel ou Agrexco. Les ordures des israéliens sont entreposées à ciel ouvert dans une immense décharge située aux abords du Jourdain, fleuve dont l’accès est entièrement interdit aux Palestiniens. Cette décharge est gérée et alimentée par la compagnie francaise Veolia et sa filiale Onyx.
Nous avons aussi vu une plantation - Jaffaden - de raisins OGM sans pépins mis au point aux E.U. Ces raisins seront dans nos magasins européens pour les fêtes de fin d’année ainsi que sous forme de jus ou de raisins secs.Nous avons été hérbergés dans un camp de Bédouins, attaqué quelques jours auparavant par les colons voisins, lesquels ont posé une clôture pour étendre leur territoire, les empêchant ainsi d’accéder au pacage des brebis. Depuis, des internationaux se relaient sur place, afin de défendre les Bédouins contre une nouvelle attaque.
Le lendemain, mardi 9 novembre, nous avons été appelés d’urgence dans un nouvel endroit situé en contrebas d’une colonie de la vallée du Jourdain : durant la nuit, les colons étaient venus poser une clôture de barbelés, pour, de nouveau, confisquer une terre supplémentaire. A notre arrivée, nous avons occupé le terrain jusqu’au soir, prenant soin d’y planter provisoirement un drapeau breton pour signifier notre soutien aux Bédouins par une occupation symbolique.
Apres la visite d’officiels - gouverneur de la Province de Tubbas, autorités locales, représentant de l’église orthodoxe...- nous avons pu nous retirer, le problème étant en voie de résolution.
La clôture a été démontée le lendemain matin par l’armée.
Beit Ommar :
Il s’agit d’un bourg de 17000 habitants, situe entre Bethléem et Hébron, entouré de 6 colonies, dont certaines sont peuplées de religieux extrémistes réputés pour leur violence, et possédant des milices armées harcelant les agriculteurs lorsqu’ils tentent d’accéder à leurs terres.
Pendant la matinée, et à l’occasion d’un défilé de jeunes célébrant l’anniversaire de la mort de Yasser Arafat, une bombe lacrymogène atterit dans la classe de l’école maternelle de Beit Ommar, à quelques pas de la maison où nous logeons. Appelés par un journaliste, nous nous rendons sur les lieux et assurons de notre soutien les institutrices choquées. Il s’ensuit une récréation chantante avec les enfants, moment où nous pouvons profiter avec eux des quelques instruments de musique apportés de France.
Le jeudi 11 au soir, nous avons rendu visite à une famille du camp de réfugiés de El Arroub, implanté depuis 1948 aux environs de Beit Ommar. Les conditions de vie y sont très précaires : surpopulation, espace restreint, manque d’eau et de services depuis que l’UNWRA a diminué notablement les fonds qui devraient leur revenir. La famille qui nous reçoit nous raconte son quotidien fait de descentes impromptues de l’armée, de mises en joue gratuites des enfants jouant dans la rue, ... Une situation qui les désespère, car ils sentent bien que les occupants les méprisent profondément, quoi qu’ils fassent, nous affirmant à plusieurs reprises qu’ils ont le sentiment d’être considérés comme des animaux.
Vendredi 12 novembre, nous participons a la manifestation hebdomadaire de El Massara, village proche pour protester contre l’edification du Mur - sous la forme, à cet endroit, d’une double clôture électrique.
La manifestation se déroule dans un calme relatif, sans tir de gaz ou de bombe assourdissante, comme à l’accoutumée. Il faut dire que les militaires ont semblé quelque peu décontenancés par une chorale improvisée au mégaphone sur l’air de We shall overcome....
A suivre…
Alain, Danielle, Françoise, Judith, Michèle