Le 20 septembre 1948, Yossef Weitz, dans son Journal, continue (cf article du 25 août) de nous éclairer sur les intentions israéliennes de continuer la guerre pour expulser définitivement les réfugiés palestiniens et leur interdire de revenir. Weitz fut directeur du département de la colonisation du Fonds national juif.
« Comment échapper à ce danger si nous ne pouvons pas continuer la guerre ? »
« Tard dans la nuit, je me suis mis à réfléchir sur le rapport Bernadotte [1] à l’ONU à propos de la terre en Israël, et sur les solutions qu’il propose. Une inquiétude m’envahit : derrière cette solution un grand danger nous guette. Ce danger, c’est que presque tous les réfugiés arabes reviennent par la porte de derrière. Presque tous les réfugiés de Saint-Jean-d’Acre, de Nazareth, de Safad et de Bet-Shean sont rassemblés au nord de la Galilée. Si cette partie est rattachée à notre état, non seulement les réfugiés y resteront, mais ceux qui se trouvent actuellement au Liban, en Syrie ou en Transjordanie nous demanderont sans doute de pouvoir revenir. Il peut y avoir un quart de million d’Arabes regroupés là. Ils retourneront aussi à Jérusalem si la ville est internationalisée. Les réfugiés demeureront groupés sur la côte, de Majdal à Rafah, et jusqu’aux montagnes d’Hébron. Ils voudront aussi s’installer dans le sud, dans le Negev depuis Majdal et Fallouja, et ils constitueront là un mur opaque à partir duquel ils pourront nous observer et mettre l’Etat en danger, par le simple fait de leur densité, contre laquelle nous ne pourrons rien. Comment échapper à ce danger si nous ne pouvons pas continuer la guerre ? »
[1] Bernadotte a été assassiné le 17 septembre par une milice sioniste pour avoir proposé dans son rapport une redivision du pays en 2 parties égales et le retour inconditionnel de tous les réfugiés. Il avait aussi obtenu une trêve des combats en juillet, trêve dont profita l’armée israélienne pour continuer le nettoyage ethnique