Fin juillet et début août, le conflit entre les deux principales organisations politiques palestiniennes, Fatah et Hamas, ou ceux qui s’en réclament, s’est traduit par une nouvelle vague d’opérations violentes et de violations des droits sur critères politiques.
Ce sont les événements du 25 juillet qui ont précipité ce nouveau pic d’affrontements. Alors que plusieurs explosions se sont succédé dans la bande de Gaza, l’une d’elles ce 25 juillet a tué cinq membres de la branche armée du Hamas et une fillette de quatre ans Les dirigeants du Hamas ont rapidement accusé des leaders du Fatah d’en être responsables, le Fatah niant cependant toute implication. Au cours d’une conférence de presse à l’issue d’une visite en Tunisie, le président Mahmoud Abbas a condamné fermement « les événements regrettables qui ont eu lieu récemment à Gaza » et demandé « une enquête impartiale des organisations de la société civile », assurant en assumer « par avance les résultats ».
Dans le même temps cependant, les services de sécurité de l’Autorité palestinienne ont opéré un vaste coup de filet dans les rangs du Hamas, arrêtant des centaines de ses membres en Cisjordanie, avant de les relâcher pour la plupart. Le Hamas a déclenché en retour une campagne contre les militants du Fatah. En peu de temps, les forces du mouvement islamique de résistance ont ainsi arrêté 200 personnes (dont beaucoup, parmi lesquelles le chef du Fatah dans la bande de Gaza, Zakaria al-Agha, ont été rapidement relâchées, avant 150 autres, dont Abdallah Abou Samhadana, dirigeant du Fatah, libérées le 7 août). Le Hamas a aussi fermé une centaine d’associations d considérées comme proches du Fatah et une antenne radio du FPLP.
Le 2 août, selon les organisations palestiniennes de défense des droits humains, onze Palestiniens ont été tués et une centaine blessés lors d’affrontements dans le quartier de Shoujayia à Gaza entre les forces du Hamas et les membres, armés, de la famille Helles, accusés par le Hamas d’être responsables de l’attentat et par ailleurs considérés comme partisans du Fatah. En représailles, des hommes armés, prétendant agir au nom du Fatah, ont enlevé à Naplouse (Cisjordanie) Mohammad Ghazal, membre de la direction politique du Hamas, et ont menacé de le tuer si les violences Gaza ne cessaient pas.
L’attitude des forces d’occupation israéliennes face à ces événements, prétendant « accueillir » en Cisjordanie occupée des Palestiniens de Gaza, relève du cynisme éhonté. Car c’est bel et bien Israël qui, violant le droit international et toutes les règles du droit humanitaire, maintient l’occupation de la Cisjordanie et le siège de la bande de Gaza. Bel et bien Israël qui contrôle militairement les frontières de ce petit territoire transformé en prison. Bel et bien Israël qui empêche toute liberté de circulation non seulement entre Gaza et la Cisjordanie, mais aussi en Cisjordanie par sa toile de barrages militaires, bouclant par exemple la région de Jéricho, dans la vallée du Jourdain, où une partie des Gazaouis fuyant les violences ont fini par trouver refuge. Bel et bien Israël qui prévoit de nouvelles colonies dans cette zone occupée, faisant voler en éclat les espoirs ou les illusions de paix qui auraient pu naître des engagements pris à Annapolis. Bel et bien Israël qui n’hésite pas à « faire pression » sur des malades palestiniens, y compris ceux victimes des obus israéliens, pour obtenir des « informations » Bel et bien Israël qui jouit d’impunité et en fait jouir son armée, alors que, comme le révèle l’association israélienne Yesh Din, l’armée israélienne n’a pas donné suite, dans 94% des cas, aux plaintes concernant des exactions présumées de militaires à l’encontre de Palestiniens. Bel et bien Israël qui assassine impunément des dirigeants, des militants, ou des enfants palestiniens, entre autres chaque fois qu’un accord entre Fatah et Hamas est en vue....
Il n’en reste pas moins que le cycle de représailles entre organisations palestiniennes, quelles qu’en soient les motivations (affirmation du pouvoir politique par la force, pressions contre les dissidences, règlements de comptes...) dessert en réalité les libertés individuelles et collectives et la résistance, et s’inscrit dans un contexte de violations réciproques de ces droits que dénoncent les associations palestiniennes de défense des droits humains, telles que al-Haq ou le Palestinian Center for Human Rights. Celles-ci mettent par exemple en lumière les arrestations massives opérées cette dernière année par les forces de sécurité en Cisjordanie, en fait par des hommes masqués, et la pratique de la torture en prison, ayant abouti à la mort d’au moins un détenu. Les associations dénoncent aussi des pratiques de même nature par les forces d Hamas dans la bande de Gaza.
A l’issue des récents événements inter-palestiniens, les associations palestiniennes de défense des droits humains, comme al-Haq, ont notamment appelé à la libération de toutes les personnes détenues sur des critères d’affiliation politique et à la fin des détentions arbitraires, au respect de la loi dans l’ensemble des territoires palestiniens, à des sanctions contre ceux qui la violent, sans amnistie pour ceux qui auraient commis des crimes contre les détenus, qu’il s’agisse de déni de leur dignité, de torture, de meurtre... Al-Haq appelle aussi le président de l’Autorité Nationale Palestinienne à promulguer la loi prohibant l’usage de la torture et visant à punir ceux qui l’utilisent.
L’AFPS s’associe à ces demandes.
L’AFPS appelle dans le même temps l’Union européenne et sa présidence française à intervenir avec fermeté pour contraindre Israël à mettre fin au siège de la bande de Gaza et à l’occupation de la Palestine. Seul le respect du droit international, avec la reconnaissance de l’Etat palestinien indépendant dans les frontières de 1967, ouvrira la voie à une paix durable et à l’épanouissement du droit et du politique contre la tentation dévastatrice de la force.