Est-ce que la Syrie s’équipe des tout derniers armements mortels par peur d’une attaque israélienne ? Ou bien s’apprête-t-elle à lancer une attaque soudaine ? Les menaces d’ « une guerre au nord pendant l’été » ont alimenté la tension bien avant août, considéré comme le cœur de l’été.
Des deux côtés de la frontière, des manoeuvres militaires intensives ont été effectuées. Israël a envisagé de distribuer des masques à gaz tandis que la Syrie s’équipe de missiles à longue portée.
Hassan Nasrallah a déclaré que si Israël attaque, « nous les déferons avec toutes sortes d’armes surprenantes ». Comme si ces menaces ne suffisaient pas, nos « fores militaires » qui n’ont jamais manqué une occasion de faire peur au public, ont laissé filtrer l’information que le Hezbollah possède des armes nouvelles.
Entre toutes ces menaces, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a relancé sa vieille rengaine sur la destruction nécessaire d’Israël. Et comme d’habitude par ici, nos « sources militaires » ont considéré que si les Etats-Unis attaquent l’Iran, il est possible que la Syrie et le Hezbollah lancent des attaques de missiles contre Israël.
Pendant ce temps, Avigdor Lieberman, ministre des Affaires stratégiques, élément important de la coalition d’Ehud Olmert, profère aussi des menaces tonitruantes, assurant que dans la confrontation à venir avec le Hezbollah, Israël doit détruire la Syrie, frapper ses raffineries,ses infrastructures, ses aéroports, le palais du Président Bashar Assad, les bâtiments du gouvernement et « écraser son désir de combattre comme les Etats-Unis l’ont fait pour l’Allemagne ». Ni plus ni moins. Il serait intéressant de savoir comment Bashar Assad réagirait, après de telles menaces, si un émissaire d’Olmert arrivait chez lui avec des propositions pour un accord de paix.
Alors que tout le monde menace tout le monde, il y en a d’autres qui sont sur la route. Prenez, par exemple, le député travailliste Amir Peretz, que l’on a vu dans un casino à Las Vegas. Certaines personnes se sont demandé si Golda Meir, Yeruham Meshel et Yitzhak Ben Aharon aussi visitaient souvent ces casinos. "Pourquoi on en fait toute une histoire ?" a demandé l’un de ses conseillers. "C’est à croire qu’il joue tout le budget de la défense du pays." Peut-être pas le budget, mais la sécurité du pays, certainement.
Au moins, les alliés d’ Olmert ont cessé de dire de Peretz ce qu’ils disent maintenant du ministre des transports Shaul Mofaz - à savoir qu’il est "un nouveau David Levy." Olmert, au plus bas dans les sondages, au coeur d’enquêtes de police et préoccupé par le rapport de la commission
Winograd qui pourrait "recommander" qu’il démissionne de son poste de premier ministre, se méfie de toute personne qui pourrait prendre sa place. Avi Dichter, minister de la Sécurité publique, la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, le ministre de l’Intérieur Meir Sheetrit et Mofaz, qui se préparent tous à la course pour la direction de Kadima. Qu’a donc dit le président démissionnaire de la coalition, le député Kadima Avigdor Itzchaky ? "La politique, c’est comme une jungle ; seuls les forts survivent."
Et voici que, au milieu du mois d’août, Olmert lance une bombe politique : "En tête-à-tête et en secret, Olmert et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas formulent un accord de statut permanent sur toutes les questions sensibles qui sera soumis à la conférence internationale que le président Bush convoque en novembre. D’après le journaliste qui a écrit ces lignes, Shimon Schiffer, "Olmert veut passer à la postérité comme un Premier ministre qui a fait la paix, pas un Premier ministre fauteur de guerre."
Mais l’ initiative pour résumer les principes de l’accord dans les deux- trois mois ne repose sur aucune base et n’a aucun fondement dans la réalité. Si l’on compare à Menachem Begin, qui évacua tout le Sinai, et à Ariel Sharon, qui a évacué 23 colonies juives dans les territoires, Olmert a tout juste évacué deux familles d’ Hébron - au mieux. Son partenaire dans la coalition, Ehud Barak, dirigeant du parti travailliste et ministre de la défense, considère que nous n’avons pas de partenaire pour un accord sur un statut permanent et qu’il faut au moins 5 ans avant que les Forces de défense israéliennes ne retombent sur leurs pieds.
Le pays est entré dans une ère de dirigeants médiocres, qu’il s’agisse de qualité, de motivation ou de capacité à mettre un terme à l’occupation. "Quand l’ombre des gens petits s’ étend, c’est le signe que le soleil se couche," dit un ancien proverbe chinois. C’est un fait : On est déjà à la fin août, sans paix, sans guerre, avec deux ou trois roquettes Qassam, et beaucoup de ballons de baudruche.