Saint-Denis, 13 mai 2007
Le Moyen-Orient tout entier, et plus largement la Méditerranée, subissent les ondes de choc désastreuses, tant humainement que politiquement, de la poursuite de la guerre en Afghanistan, de la poursuite de l’occupation en Irak. Lancée dans le mensonge, au nom de l’anti-terrorisme, au mépris du droit et des Nations unies, la guerre contre l’Irak n’a pas produit la sécurité annoncée, bien au contraire. Après les élections américaines désavouant la politique de la Maison Blanche, le rapport de la commission américaine bipartisane Baker-Hamilton a confirmé le désastre que représente cette occupation.
Et voici pourtant que des menaces de nouvelle guerre se profilent, en l’occurrence contre l’Iran, dont les conséquences risqueraient d’être au moins aussi funestes. Que certaines des déclarations de l’actuel président iranien suscitent la réprobation est une chose ; que les actuelles velléités iraniennes de se doter de centrales nucléaires donnent lieu à des campagnes préparant à l’hypothèse d’une nouvelle guerre en est une autre. Celles-ci sont d’autant plus injustifiables que persiste un silence complice quant à l’armement nucléaire de la puissance israélienne, lequel est quant à lui non pas virtuel mais bien réel ; et qu’est exclue de l’ordre du jour l’option de la dénucléarisation complète et sous contrôle de toute la région.
Les rapporteurs du rapport Baker-Hamilton soulignaient aussi la centralité du conflit israélo-palestinien dans les crises du Proche-Orient, la nécessité d’une paix globale israélo-arabe et singulièrement d’une paix israélo-palestinienne fondée sur la solution des deux Etats. On en est loin. La Palestine, alors que les territoires de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem sont occupés depuis quarante ans cette année, est soumise à un véritable siège. La politique de colonisation s’intensifie en violation du droit international, le réseau de murs condamnés par la Cour internationale de Justice et l’assemblée générale des Nations unies en est le principal instrument. Les dirigeants israéliens ont opté pour l’unilatéralisme contre toute perspective de négociation, pour la séparation contre la coexistence, pour une fixation unilatérale de frontières à vocation annexionniste contre la paix. Cette absence d’horizon politique ne peut que nourrir toutes les frustrations, tous les extrémismes. Il faut en sortir.
La communauté internationale, les Etats-Unis puis l’Europe, ont imposé voici plus d’un an, au mépris de la démocratie palestinienne, des sanctions contre les institutions palestiniennes aux conséquences sociales, économiques et politiques catastrophiques.
Les Etats-Unis et l’UE exigent du gouvernement palestinien la reconnaissance d’Israël, le respect des accords signés, l’arrêt de la violence. A aucun moment en revanche des exigences similaires ne sont formulées à l’égard de la puissance occupante, dès lors laissée à une impunité qui insulte non seulement le peuple palestinien mais aussi les anti-colonialistes israéliens et tous les défenseurs du droit.
Une telle situation doit cesser.
Après l’accord palestinien de La Mecque, puis la proposition de Riyad soutenue par le gouvernement palestinien d’union nationale, en particulier, la France doit lever les sanctions imposées au peuple palestinien et ses institutions et impulser ce choix auprès de ses partenaires.
L’impunité d’Israël doit cesser. L’AFPS, avec ses partenaires français et européens, exige la suspension de l’accord d’association entre l’UE et Israël tant que ce dernier ne respecte pas le droit humanitaire, le droit international, l’ensemble des accords signés.
La France doit aussi s’engager pour la libération de tous les prisonniers politiques, en particulier des enfants et des mineurs. Elle doit s’engager pour l’envoi d’une force de protection internationale du peuple palestinien. Elle doit s’engager pour une solution politique fondée sur le droit international sur l’ensemble des dossiers du conflit -qu’il s’agisse du statut de Jérusalem, du démantèlement des colonies, des droits des réfugiés, de l’établissement d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967. La paix est la condition de la sécurité.
Nous prenons acte de ce que, répondant au questionnaire de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine aux candidats à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a reconnu qu’« un peuple occupé ne renoncera jamais, quoi qu’il endure ». Nous prenons acte également de ce qu’il a rappelé l’objectif mis en évidence à plusieurs reprises par les Nations unies, d’une solution qui consiste en « deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité » et ajouté : « Le plan de paix saoudien représente une très bonne initiative, reconnue comme telle par la communauté internationale. Il repose sur un principe simple, celui de l’échange des territoires contre la paix, avec la création d’un Etat palestinien indépendant dans les frontières de 1967 ».
Il s’agit maintenant de mettre les actes en conformité avec cet objectif. L’AFPS en appelle à la convocation rapide d’une conférence internationale de paix israélo-arabe et singulièrement israélo-palestinienne fondée sur le droit international, sous l’égide des Nations unies.