Révélée par des responsables palestiniens, la rencontre de près de deux heures entre Jacob Walles et le ministre des Finances, Salam Fayyad, a eu lieu au bureau de ce dernier à Ramallah, en Cisjordanie. Il s’agit du premier contact annoncé entre un responsable américain et un ministre du nouveau gouvernement regroupant les islamistes du Hamas et le Fateh du président Mahmoud Abbas, investi samedi par le Parlement. Le consulat américain à Jérusalem n’a ni confirmé ni infirmé. « Nous n’allons pas faire de commentaire sur l’emploi du temps du consul général pour ce jour », a déclaré à l’AFP l’attachée de presse Micaela Schweitzer-Bluhm.
L’Administration américaine boycottait totalement le précédent gouvernement (mars 2006-mars 2007) qui était contrôlé par le Hamas, vainqueur des élections en janvier 2006. Ce mouvement est considéré comme une organisation terroriste par Washington, l’Union européenne et Israël. Salam Fayyad, qui n’appartient ni au Fateh ni au Hamas, jouit de la confiance des pays donateurs après un premier passage remarqué au ministère des Finances. Les États-Unis avaient pourtant affirmé dimanche par la voix de Stephen Hadley, le conseiller à la sécurité nationale du président George W. Bush, qu’ils refuseraient de discuter avec le gouvernement palestinien tant qu’il ne renoncerait pas à la violence et ne reconnaîtrait pas Israël. Plus nuancé, le porte-parole du département d’État Sean McCormack avait rappelé que les États-Unis boycotteraient les ministres issus du Hamas, mais traiteraient avec certaines personnes « au cas par cas ». Il avait cité M. Fayyad.
La rencontre de Ramallah survient au lendemain d’un entretien sans précédent entre le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas, et un haut responsable européen, le vice-ministre norvégien des Affaires étrangères Raymond Johansen, dont le pays ne fait pas partie de l’UE. Suite à cette rencontre, les autorités israéliennes ont annulé leur rencontre avec M. Johansen conformément à la politique adoptée par Israël voici un an après l’arrivée au pouvoir du Hamas.
Par ailleurs, le représentant spécial de l’Union européenne pour le Moyen-Orient, Marc Otte, a rencontré hier à Ramallah le nouveau ministre palestinien des Affaires étrangères, Ziad Abou Amr, non membre du Hamas, a indiqué la porte-parole du diplomate en chef de l’UE Javier Solana. C’était la première rencontre entre un responsable de l’UE et un membre du gouvernement palestinien d’union nationale, a-t-elle précisé. Hier, c’était également au tour de la France, un pilier de l’UE, d’annoncer son intention de « reprendre des contacts politiques » avec le gouvernement palestinien, mais seulement avec ses membres non issus du Hamas, et de plaider pour une reprise de l’aide financière directe. Pour sa part, la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik, jugeant que le nouveau gouvernement représentait une « chance » pour une relance du processus de paix au Proche-Orient, a annoncé avoir invité en Autriche le chef de la diplomatie, M. Amr. En dépit de cet apparent dégel, Israël « s’est félicité » de ce que les Européens et les Américains continuent d’exiger du gouvernement palestinien qu’il se soumette aux conditions du quartette.
Rencontre entre Mechaal et le roi Abdallah à Ryad
D’un autre côté, le roi Abdallah d’Arabie saoudite a reçu hier le chef du bureau politique du mouvement islamiste palestinien Hamas, Khaled Mechaal, pour des entretiens sur la situation dans les Territoires, a rapporté l’agence officielle SPA. Le gouvernement saoudien a appelé lundi les grandes puissances à reconnaître le cabinet d’union et à lever le boycottage. Ryad multiplie les contacts diplomatiques avant le sommet annuel arabe qu’il doit présider les 28 et 29 mars.