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Une vaste condamnation arabe et islamique concernant les travaux sous l’Esplanade de la Mosquée d’Al Aqsa
JERUSALEM. 10 Février 2007. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a reçu vendredi une délégation des pays arabes et islamiques, dont l’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies, El Mostafa Sahel, S.M. le Roi Mohammed VI étant le Président du Comité d’Al-Qods.
Cette délégation, qui était également composée de Abdullah Gul, Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Turquie, et de Abdullah Al-Murad et Agshin Mehdiyev, respectivement ambassadeurs du Kuwait et d’Azerbaïdjan, présidents des Groupes arabe et de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) auprès des Nations unies, a fait part à Ban Ki-moon de la condamnation par le monde arabe et islamique des travaux entrepris par les Israéliens aux abords de la Mosquée Al-Aqsa.
Le groupe des pays arabes aux Nations unies a appelé le Conseil de sécurité à faire cesser les fouilles engagées par Israël à Jérusalem-Est, en contrebas de l’Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l’islam.
Lors d’une réunion, les pays arabes ont convenu de l’envoi d’une lettre au Conseil de sécurité et au Secrétaire -général des Nations Unies, Ban Ki-moon, pour demander la tenue de discussions d’urgence, qui pourraient avoir lieu dès mardi à l’occasion de la réunion mensuelle du Conseil de sécurité sur le Proche-Orient.
Dans un communiqué, les ambassadeurs des pays arabes demandent au Conseil de sécurité "de prendre des mesures immédiates et urgentes pour mettre fin aux infractions d’Israël et pour s’assurer de son respect du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité".
Plusieurs pays arabes avaient déjà individuellement demandé l’arrêt des fouilles et les Palestiniens ont indiqué que la trêve en vigueur dans la bande de Gaza pourrait voler en éclats.
S.M. le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods, a affirmé la nécessité du respect par Israël des résolutions des Nations unies relatives à Al-Qods Al- Charif, à son statut juridique et à la préservation de son identité religieuse et civilisationnelle, avait condamné ces travaux et appelé à leur cessation immédiate.
Les groupes de l’OCI et de la Ligue arabe ont dénoncé la démolition par Israël du passage reliant la mosquée Al-Aqsa à la Porte des Maghrébins, à l’issue d’une réunion jeudi au siège des Nations Unies. Ils ont vigoureusement condamné "l’agression israélienne barbare contre les Lieux Saints", qui vise à dénaturer le cachet islamique et civilisationnel d’Al-Qods Al-charif.
Les représentants des pays islamiques et arabes ont, également, exhorté le Conseil de sécurité de l’Onu à agir pour mettre fin à la violation flagrante par Israël de la légalité internationale, appelant à l’application des résolutions de l’Onu et des principes du droit international.
Pour sa part , le Roi Abdallah II de Jordanie a fait part de son inquiétude après les affrontements de vendredi déclenchés par les travaux près de l’Esplanade des Mosquées, parlant de "dangereuse escalade israélienne" et exhortant l’Etat hébreu à interrompre ces travaux.
Le souverain hachémite a téléphoné au président palestinien Mahmoud Abbas pour lui faire part de son inquiétude, rapporte l’agence officielle jordanienne Petra. Il a rejeté les "justifications" israéliennes pour ces travaux de rénovation qu’il avait qualifiés de "dangereux, menaçant les fondations de la mosquée" et "menant à l’escalade des tensions".
L’Arabie saoudite, gardienne des lieux saints de l’islam, a condamné ces travaux, a annoncé l’agence de presse officielle SPA citant un responsable. Ryad a, par ailleurs, invité la communauté internationale à "(...) agir de manière résolue pour faire cesser cette agression israélienne et ces agissements visant à dénaturer l’identité religieuse de Jérusalem (...) et qui constituent une provocation pour l’ensemble du monde musulman".
De son côté, le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit a fait part de la "profonde inquiétude" de son pays "face aux événements tragiques d’aujourd’hui à la Mosquée d’Al-Aqsa entre les forces d’occupation israéliennes et le peuple palestinien", selon l’agence officielle égyptienne MENA. Il a lui aussi demandé à Israël d’arrêter ces travaux, qui "ne déboucheront sur rien d’autre que l’escalade".
D’ailleurs , le Yémen a condamné le travail des archéologues israéliens non loin de la mosquée Al-Aqsa, accusant Tel-Aviv "d’offenser les sentiments des musulmans", et appelé à défendre les lieux saints de l’islam à Jérusalem.
Une source officielle du gouvernement yéménite a déclaré mercredi soir à Sanaa que les fouilles réalisées près de la célèbre mosquée à Jérusalem menaçaient ses fondations et avaient pour but "l’effacement des singularités islamiques" de la ville occupée ainsi que "la destruction des lieux sacrés", a rapporté l’agence de presse saoudienne depuis la capitale yéménite.
Les opérations d’Israël "sont contraires aux résolutions de la communauté mondiale concernant le processus de paix dans cette zone et ne vont pas dans le sens des efforts internationaux dans l’intérêt de la paix", affirme la source, appelant les pays arabes et musulmans, et toute la communauté mondiale à tout faire pour interrompre les opérations de Tel-Aviv dans le quartier saint.
De plus, le directeur général de l’Unesco, Koïchiro Matsuura, a écrit au Premier ministre israélien Ehud Olmert pour exprimer son "extrême inquiétude" face aux travaux menés par les Israéliens sur le site de la Vieille ville de Jérusalem et pour s’assurer que ces travaux ne porteraient atteinte à sa "valeur universelle exceptionnelle", a indiqué jeudi l’Unesco dans un communiqué.
Le site est protégé par la Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel (1972) et à ce titre inscrit sur la Liste du patrimoine mondial et sur la Liste du patrimoine mondial en péril, dit le communiqué.
M. Matsuura a rappelé la décision du Comité du patrimoine mondial lors de sa dernière session à Vilnius, Lituanie, en 2006, où le Comité se déclarait "préoccupé par les obstacles et les pratiques telles que les fouilles archéologiques ou les nouvelles constructions , susceptibles d’affecter la valeur universelle exceptionnelle du patrimoine culturel de la vieille ville de Jérusalem, y compris de son tissu urbain et social, ainsi que de son intégrité visuelle".
"Le caractère distinctif de la Vieille Ville de Jérusalem tient en particulier à l’étroite relation entre les édifices historiques et religieux et les populations qui vivent auprès d’eux. Toucher à cet équilibre subtil entre les symboles des trois religions du Livre, c’est prendre le risque de porter atteinte au respect des croyances de chacun", a indiqué le directeur général de l’Unesco.
Il a appelé à toutes les personnes de bonne volonté pour faire cesser tout ce qui pourrait conduire à des tensions. "Le plus sage est de suspendre toute action pouvant porter atteinte à l’esprit de respect mutuel, jusqu’à ce que la volonté de dialogue prévale à nouveau", a -t-il souligné.