Ce phénomène qui a commencé à la fin des années 1980 avec le début de l’Intifada palestinienne, s’est accéléré au commencement de la deuxième Intifada en 2000, et encore davantage depuis le retrait israélien unilatéral de Gaza, créant une crise humaine et économique grave.
Gaza, la Cisjordanie, comme Israël, font partie de la Palestine historique. En 1948, avec la création de l’Etat d’ Israël, ils ont été brutalement divisés. Les autorités égyptiennes ont assuré l’administration de la Bande de Gaza dont la population avait doublé en conséquence de la Nakba (la catastrophe), qui a fait partir les réfugiés palestiniens des villes du sud de la Palestine vers Gaza.
D’un autre côté, la Cisjordanie était tenue par la Transjordanie. En avril 1949, la Transjordanie est devenue le Royaume Hachémite de Jordanie et un an plus tard, en 1950, la Cisjordanie est devenue constitutionnellement une part intégrante du Royaume de Jordanie. Alors que l’Egypte n’a pas octroyé la citoyenneté aux Palestiniens de Gaza, les Cisjordaniens sont devenus citoyens jordaniens.
La guerre de juin 67 a changé tout cela. Par un tour ironique de l’histoire, ces ceux secteurs de la Palestine ont été réunis, bien que cela ait été sous occupation israélienne.
Les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie ont pu voyager librement de l’une à l’autre partie, même si cela impliquait de traverser le territoire israélien pré -67. Et, étant donné qu’ils faisaient partie d’une même zone économique, les mouvements des personnes et des biens se sont poursuivis sans interruption pendant quelques dizaines d’années.
Des Palestinien/nes de Naplouse ou d’ Hébron ont épousé et fondé des familles avec des Palestinien/nes de Gaza ou Rafah. Des étudiant/es de Khan Yunis ou Deir El-Balah ont étudié dans les universités de Bir Zeit ou Al-Najah. Des entreprises de Ramallah ou Hébron ont distribué leurs produits laitiers, leurs pierres ou leur papier toilette sur les marchés de Gaza et des camions transportant des meubles en bambou ou du sable faisaient la route tous les jours vers Bethléem ou Jénine.
La Conférence de paix de Madrid en 1991 et les Accords d’ Oslo en 1993 ont tous deux entraîné des restrictions de mouvement légales et la réaffirmation de l’unité de la terre palestinienne. Le Protocole d’Accord OLP-Israël a consacré un chapitre entier à un passage usuel sécurisé pour faciliter le mouvement des personnes et des biens. Des panneaux ont été installés, qui indiquaient une route spéciale entre le nord de Gaza et le checkpoint de Tarkumiya, au sud d’ Hébron.
Mais tout ça semble une mascarade maintenant. A part quelques occasions de photos de bus sur la route Gaza- Cisjordanie, le passage sécurisé ne s’est jamais matérialisé et les panneaux sont entrés au musée des échecs israélo-palestiniens.
Israël ne l’a jamais admis, mais le plan pour séparer ces deux entités est évident, bien que l’on en parle très peu.
Des Palestiniens de Gaza qui veulent se rendre en Cisjordanie, et vice -versa, ne peuvent pas le faire, en conséquence de décisions et directives administratives, aussi bien publiques que secrètes.
Techniquement, bien sûr, il est possible d’obtenir le permis, tant désiré, de voyager d’un lieu à l’autre - mais de tels laisser-passer étaient, j’en ai peur, plus faciles à obtenir sous l’apartheid en Afrique du Sud. Des cas humanitaires extrêmes sont souvent les seuls à qui un permis est octroyé pour un temps limité.
Pendant une période, les Palestiniens allaient de Gaza en Cisjordanie en prenant l’avion [pour la Jordanie] à l’aéroport égyptien d’El-Arish et puis en passant en Cisjordanie, ou vice-versa, mais maintenant même passer par des pays arabes voisins est administrativement impossible.
Des membres démocratiquement élus du parlement palestinien, comme bien d’autres, doivent utiliser des visioconférences pour communiquer avec d’autres Palestiniens.
Seuls le Président Mahmoud Abbas et quelques hauts dirigeants "acceptables" de l’OLP ont pu entrer dans Gaza et en sortir.
Ce que veulent les Israéliens est assez confus. Certains pensent qu’ils rêvent toujours qu’un jour Gaza sera administrée par les Egyptiens et la Cisjordanie par la Jordanie. Mais ces deux pays arabes, de même que tous les Palestiniens, y sont farouchement opposés.
Et pendant ce temps Israël continue à violer la 13ème clause de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule que "Toute personne a le droit à la liberté de mouvement. Toute personne a le droit de se déplacer librement dans son pays. Elle a aussi le droit de voyager librement hors de son pays et d’y rentrer et de quitter quelque pays que ce soit "