Ehud Olmert et Avigdor Lieberman, le chef d’Israël Beitenou (« notre maison Israël »), qui recrute principalement parmi les immigrants russes, ont annoncé hier soir la signature de l’accord de coalition, qui doit être entériné aujourd’hui par la Knesset.
Avigdor Lieberman, 48 ans, a été nommé vice-Premier ministre, à la tête des Affaires stratégiques, un poste créé à son intention, notamment au vu des menaces de l’Iran, un pays dont le président, Mahmoud Ahmadinejad, appelle régulièrement à l’éradication d’Israël. Champion de la colonisation juive, Lieberman, natif de l’ex-république soviétique de Moldavie, a immigré en 1978 en Israël. Lieberman a été plusieurs fois ministre, y compris sous Ariel Sharon, qui l’a limogé en 2004 en raison de son opposition au retrait israélien de Gaza.
Israël Beitenou prône notamment l’annexion des grandes colonies juives de Cisjordanie en échange de l’intégration à un futur Etat palestinien de villes arabes d’Israël. Dans son livre Ma vérité, Lieberman préconise des échanges territoriaux et de populations entre Israël et l’Autorité palestinienne « pour créer deux Etats ethniquement homogènes », ce qui a suscité des craintes au sein de la communauté des 1,4 million d’Arabes israéliens.
L’arrivée de Lieberman cause quelques remous au sein de la coalition gouvernementale, notamment parmi les travaillistes, principal pilier de la coalition d’Olmert avec 19 députés. Selon les analystes, il est cependant probable qu’ils ne quitteront pas la coalition.
Le correspondant du Monde précise quant à lui que "Si le marché est conclu, M. Lieberman devrait obtenir un poste sur mesure, celui de vice-premier ministre chargé des affaires stratégiques, notamment chargé du dossier nucléaire iranien qui préoccupe les autorités israéliennes.
"Nous nous rallions pour sauver le pays, pas le gouvernement", a lancé M. Lieberman. Connu pour son franc-parler et ses positions à la limite du racisme anti-arabe, ce partisan d’une colonisation à outrance a déjà occupé des fonctions ministérielles dans les cabinets d’Ariel Sharon, le portefeuille de l’infrastructure nationale et celui des transports. Dans son livre Ma vérité, il se déclare en faveur d’échanges de populations et de territoires entre Israël et l’Autorité palestinienne pour constituer deux Etats "ethniquement homogènes". Il préconise d’établir un nouveau code de la nationalité qui obligerait tous les Israéliens et, en premier lieu, la minorité arabe d’Israël à prêter serment d’allégeance à l’Etat.
Ehoud Olmert affirme que l’intégration dans l’exécutif d’Israël de Beitenou ne modifiera en rien le programme politique de la coalition gouvernementale. Mais avec l’arrivée d’Avigdor Lieberman, qui avait été congédié du gouvernement Sharon en raison de son opposition au retrait de la bande de Gaza, on peut estimer que le plan de désengagement de certaines colonies de Cisjordanie est mort. Quant au processus de paix avec les Palestiniens, ce n’est pas ce champion de la colonisation qui va inciter à le relancer...
"Son entrée va contribuer à stabiliser le gouvernement dans un premier temps et à son écroulement dans un deuxième", écrit Nahum Barnea dans le Yediot Aharonot, ajoutant "si l’on en juge par le passé, aussitôt qu’Ehoud Olmert fera un pas qui sera inacceptable pour la droite, Lieberman va mettre le feu à la boutique".