En été 2005 Israël ne voulait pas négocier son retrait de Gaza. Washington n’a jamais fait pression dans ce sens sur le premier ministre d’alors, Ariel Sharon.
Israël n’a pas répondu au cessez-le-feu unilatéral, toujours appliqué, qu’Abbas avait réussi à négocier avec tous les groupes palestiniens au Caire au début de 2005. Au contraire, Israël a continué et continue à tuer et capturer des Palestiniens en toute impunité, tout en détruisant l’économie palestinienne.
Washington n’a alors pas fait le moindre geste pour aider Abbas.
Abbas a courageusement poursuivi dans la préparation des élections en 2006. Le Hamas a gagné et Abbas a d’abord refusé de revenir sur les réformes qu’il avait lui-même demandées quand il était premier ministre, à savoir que la présidence remette le pouvoir au gouvernement.
Quand Arafat était président, les Etats-Unis voulaient que le gouvernement ait plus de pouvoir. Maintenant que le Hamas est au gouvernement, ils veulent que le président reprenne ce pouvoir.
Les USA ont soutenu les élections et la participation du Hamas. Mais une fois les résultats définitifs connus, ils sont revenus sur leur promesse d’installer la démocratie dans la région et ils ont sans la moindre honte coupé la population affamée de sa seule source de financement. Les Etats-Unis ont le droit de soutenir qui ils veulent, mais ils ont fait pression activement pour que personne ne soutienne le gouvernement palestinien.
Maintenant, Abbas est acculé. Il s’est rendu compte progressivement que l’Occident ne fera pas marche arrière et préfèrerait voir les Palestiniens s’entretuer et/ ou mourir de faim que d’accepter le choix du peuple palestinien.
Aussi Abbas, en laissant entendre qu’il est prêt à démettre le gouvernement dirigé par le Hamas, au pire moment qui soit, est prêt à voir jusqu’où l’Occident va le soutenir. Est-ce qu’ils feront entrer des tonnes d’armes pour soutenir le Fatah en cas de guerre civile ?
Est-ce que c’est un pari qu’il fait ?
Si c’est le cas, c’est le pari d’un imbécile. L’Occident n’en a rien à faire des Palestiniens, qu’ils soient Fatah or Hamas. Ca ne fait pas si longtemps qu’on accusait Arafat d’être responsable de tous les maux des Palestiniens.
L’Occident n’a tout bonnement pas la volonté politique ou le bon sens de s’opposer à Israël et trouvera en conséquence tous les prétextes pour accuser la victime.
Et maintenant la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice va rencontrer Abbas. Que va-t-elle lui dire ? Qu’est ce que les Etats-Unis vont promettre ? Un Etat palestinien ? Mais comment, puisqu’il faut faire pression sur Israël pour qu’il l’accepte ?
Peut-être un Etat palestinien moins les quelque 45 pour cent de ce qui reste de la Cisjordanie, une fois qu’on en aura retiré la Vallée du Jourdain, Jérusalem et les grands blocs de colonies ?
Il est plus vraisemblable que Rice va soutenir Abbas politiquement dans le coup d’Etat qu’il prépare contre son propre gouvernement, amenant ainsi la politique moyen-orientale des Etats-Unis à faire un tour complet : on recommence à soutenir l’homme fort comme Washington a par la passé soutenu l’homme fort à Bagdad. Sauf que cet homme fort ci a un ennemi formidable parmi son propre peuple.
Israël doit être content dans le moment, et encore plus quand Gaza tombera aux mains du Hamas et que le Fatah ramassera les miettes en Cisjordanie.