Le projet de loi imposant un référendum préalable à l’adoption de tout accord de paix impliquant un retrait israélien du Golan et de Jérusalem-Est, deux territoires occupés depuis 1967 en contravention avec les résolutions des Nations unies [1] n’est-il que la traduction anecdotique d’un rapport de force temporaire à la Knesset, la traduction d’une humeur politique passagère ? C’est l’analyse semble-t-il, qui a été privilégiée dans les milieux diplomatiques occidentaux qui ne s’en sont pas émus outre mesure.
A bien y regarder, pourtant, la cible visé par la droite et ses alliés (il s’est même trouvé un ministre travailliste pour ajouter sa voix à celles du Likoud, d’Israel Beitenou, de Shass, et des autres formations radicales religieuses) ne se limite pas seulement au plateau syrien et à la partie orientale de Jérusalem. Si le recours au référendum doit concerner à l’avenir toute portion de territoire israélien pouvant faire l’objet d’un abandon de souveraineté, il pourra également s’appliquer aux échanges de terre prévus pour régler la question des frontières.
On sait que la diplomatie américaine fait le forcing pour obtenir un résultat sur cette question que les négociations précédentes ont permis d’éclaircir à un point tel qu’elle estime qu’une entente, à l’exception de la partie qui concerne Jérusalem, pourrait être trouvée sans trop de difficultés. Le principe est le suivante : Israël annexerait des blocs de colonies située le long de la Ligne verte de 1949 en échange de terres qui jouxtent le sud-est de la Cisjordanie ou Gaza.
Avec ce projet de référendum, les opposants israéliens à tout accord de paix disposent d’une arme contre ces trocs de terre. Que le référendum soit étranger à la culture politique israélienne (mais non pas inconstitutionnel, faute de Constitution…) pourrait alimenter un débat passionnant devant la Cour suprême. Qui osera cependant la saisir ?