Lundi 10 mai, Israël a rejoint l’OCDE le club de « l’élite » de 31 économies mondiales. Une décision saluée comme étant une victoire « stratégique » pour Tel-Aviv, mais seulement considérée comme une question « technique » pour Paris. Réjouissance d’un côté, mensonge de l’autre.
Qu’on en juge. Pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’adhésion à l’OCDE est « d’une importance stratégique ». Il en savoure d’autant plus goulûment l’importance que cette adhésion a eu lieu alors même que sa politique, notamment de colonisation réaffirmée, empêche concrètement toute solution de paix, mais aussi parce que l’OCDE a englobé, pour l’analyse des résultats économiques israéliens, les produits du Golan syrien illégalement annexé et ceux des colonies tout aussi illégales dans les territoires palestiniens occupés. On conçoit qu’une telle acceptation d’une remise en cause du droit international permise par cette adhésion à l’OCDE comble les vœux les plus inespérés des dirigeants israéliens.
Le porte parole du ministère français des Affaires étrangères, lui, confirmant lundi 10 mai que « la France a soutenu l’adhésion d’Israël à l’OCDE, adoptée ce matin par consensus », a pourtant cru pouvoir en dissimuler les enjeux politiques, et notamment cette remise en cause fondamentale du droit international, en affirmant : « Nous avons veillé à ce que le processus d’adhésion se déroule de manière objective et porte sur les critères techniques fixés par cette organisation internationale de nature économique. »
Si ce n’est de l’incompétence – et cela n’en est pas – alors c’est du cynisme. Un cynisme aux conséquences dramatiques pour toute la région, puisque cette décision, prise à l’unanimité alors qu’une seule voix aurait suffi pour l’empêcher, consiste à déclarer le droit international comme étant « caduc » tandis que sont considérés ainsi comme légitimes : l’occupation, la colonisation, l’expropriation de terres et le vol des ressources en eau, le démantèlement de l’économie et des possibilités de vie sociale de tout un peuple, la volonté d’écrasement de sa résistance légitime.
Comment proclamer la paix possible sur le fondement de la négation du droit international ? Paris, à l’instar des 30 autres pays membres de l’OCDE, a pris lundi 10 une responsabilité funeste.
Et le 27 mai, c’est Paris encore qui, abritant le siège de l’OCDE, recevra Benyamin Netanyahou pour célébrer cette violation qui sera accompagné d’Avigdor Lieberman, lequel prône le transfert de la population palestinienne vivant en Israël hors de ce pays.
C’est à Paris aussi, mais dans la rue, que les citoyennes et les citoyens, exigeront le respect du droit. Car il est, entre autres, la condition absolue de la paix.