Le 13 avril prochain une « Promenade Ben Gourion » sera inaugurée à Paris en présence du chef de l’Etat israélien, Shimon Pérès. Cette décision est lourde de sens.
Si personne ne peut récuser le fait que David Ben Gourion est le fondateur de l’Etat d’Israël proclamé en 1948 —c’est à ce titre que la décision a été prise- il est tout aussi indiscutable que Yasser Arafat restera dans l’histoire comme celui de l’Etat palestinien qui n’existe toujours pas. Or la proposition a été faite, quand le Conseil de Paris a pris cette décision en juillet 2008, qu’un autre lieu de la capitale porte le nom de Yasser Arafat. Cela a été refusé. Pourtant cette double démarche aurait signifié que le Maire de Paris et son Conseil, symboliquement mais clairement, entendaient marquer leur attachement au droit international et qu’ils considéraient que l’issue du conflit réside dans l’existence de deux Etats.
Il n’en a rien été. Et le fait que, après Theodor Hertzel et Yitzhak Rabin, ce soit le tour de David Ben Gourion d’être honoré par la Ville de Paris, lui qui en proclamant Israël se lança aussitôt dans une guerre de conquête et d’expulsion d’un peuple hors de sa terre – la Nakba –, marque, au contraire, un soutien unilatéral et insensé de Paris à la politique israélienne qui a depuis l’origine refusé violemment le droit. De sorte qu’avec avec ce choix, on va honorer non pas celui qui proclama Israël mais bien autre chose : le déni constant des droits des Palestiniens qui perdure 62 ans après la création d’Israël. C’est pourquoi nous considérons que cette décision d’inaugurer une « promenade Ben Gourion » est inacceptable. Elle provoque une grande et légitime colère.
D’autant plus que cette inauguration survient en 2010, c’est-à-dire après Gaza, après le rapport Goldstone dont refusent d’entendre parler Israël et son président. Elle intervient à un moment où les dirigeants extrémistes de cet Etat poursuivent en l’accentuant une impitoyable politique d’annexion et de colonisation des Territoires palestiniens et se refusent catégoriquement à la paix fondée sur le droit.
Elle constitue aussi un violent camouflet à un moment où l’ONU, l’Union européenne et même aujourd’hui la « Maison blanche » dénoncent l’attitude du gouvernement israélien tandis que Shimon Pérès ne la récuse pas alors qu’il le pourrait.
On ne sera donc pas surpris que le 13 avril prochain de nombreuses voix s’élèvent, et nous en serons, pour marquer leur indignation contre cette inauguration qui apparaît comme particulièrement provocatrice et pour manifester, à l’inverse, leur exigence de paix dans la justice, ce qui passe par la fin de l’impunité dont bénéficie Israël alors que cette initiative résonnera au contraire comme un encouragement à continuer dans ce sens. On ne peut laisser faire sans réagir. Dans ce sens nous travaillerons à une riposte large et rassembleuse.
Jean-Claude Lefort
Président de l’AFPS
Paris, le 13 mars 2010