Nous avons pu constater l’ampleur et la profondeur des
destructions dans la Bande de Gaza, qui ont particulièrement
ciblé les infrastructures économiques (industrie et agriculture)
et transformé en champs de ruines des villages entiers. Si la
ville de Gaza, sérieusement touchée, a pu déblayer
l’essentiel de ses ruines et reprendre un semblant d’activité
normale, beaucoup de villes et villages continuent de porter
des traces profondes de destruction, des immeubles entiers
sont en ruines et leurs habitants réduits à une vie précaire,
parfois même sous tente à l’approche de l’hiver.
Le blocus auquel la Bande de Gaza est soumise depuis juin
2007 rend impossible les projets de reconstruction de
logements et d’infrastructures, prive la plus grand partie de la
population des biens les plus essentiels, et l’enferme dans
une prison à ciel ouvert. 80 % de la population vit en-
dessous du seuil de pauvreté, 300.000 habitants vivent dans
un dénuement extrême.
Contrairement à ses intentions affichées, ce blocus ne fait que renforcer le contrôle du Hamas sur la population : il sape le
projet politique palestinien et empêche la restauration de son unité nationale.
Malgré l’enfermement, malgré les destructions et le cauchemar vécu pendant l’offensive israélienne, les Gazaouis
continuent de manifester leur créativité et leur envie de vivre : ils nous demandent de ne pas les oublier, d’agir pour que
cesse le blocus qu’ils subissent, de faire appliquer le rapport Goldstone pour que les crimes dont ils ont été victimes ne
restent pas impunis. Ils réclament le droit de vivre normalement et en paix.
Le blocus, c’est :
– l’impossibilité de trouver des matériaux de
construction pour réparer ou reconstruire maisons
ou immeubles après les destructions massives de
janvier 2009,
– l’impossibilité pour un jeune de poursuivre ses
études à l’étranger, même s’il est inscrit, même si
une bourse lui a été accordée,
– l’impossibilité pour la famille d’un prisonnier d’aller
lui rendre visite,
– la quasi impossibilité d’aller se faire soigner en-
dehors de Gaza,
– l’étouffement de l’économie locale, qui de fait ne
peut plus exporter ses produits de la Bande de
Gaza depuis près de 10 ans,
– la pénurie d’électricité et d’eau potable, un réseau
d’assainissement au bord de la rupture,
– la nécessité d’acheter à 3 fois leur prix des produits
essentiels qui passent par les tunnels.
Nous exigeons :
– la levée immédiate du blocus de Gaza,
– l’application des recommandations du rapport
Goldstone, une enquête internationale sur les
crimes de guerre commis lors de l’opération
militaire de décembre 2008 à janvier 2009, et le
jugement des auteurs de ces crimes,
– le rétablissement de la liberté de circulation pour
les Palestiniens de Gaza,
– la libération des prisonniers politiques.
La fin du conflit suppose des discussions avec toutes
les parties palestiniennes issues des dernières
élections, et la restauration de l’unité nationale
palestinienne.
L’isolement de la Bande de Gaza doit prendre fin.
Face à l’impunité dont bénéficie Israël aujourd’hui, nos
représentants politiques doivent prendre leur
responsabilité : prendre position pour des sanctions
envers Israël et utiliser les recours du droit international.
DES DESTRUCTIONS SYSTEMATIQUES
A Gaza, l’agression israélienne de fin décembre 2008 et janvier 2009 a entraîné des destructions lourdes et durables. Aux
1400 morts (dont plus de 300 enfants) et 5000 blessés, il faut ajouter les destructions massives des infrastructures civiles
encore visibles aujourd’hui et l’impossibilité pour les Palestiniens de reconstruire du fait du blocus.
Les logements
D’énormes destructions ont eu lieu au nord de Gaza, les grands immeubles n’ont pas été épargnés, la vie précaire s’est
installée près des ruines, en attendant les matériaux de construction. 14.400 logements sont hors d’usage.
Les bâtiments publics
Les écoles n’ont pas été épargnées. Ici, l’école américaine au nord de
Gaza, complètement détruite, pourquoi, au nom de quoi ? 280 écoles ont
été endommagées lors de la dernière offensive, dont 18 complètement
détruites. 6 bâtiments universitaires ont été aussi détruits.
Souvenons-nous aussi de l’hôpital Al Qods, à Gaza, et des entrepôts de
l’UNWRA, tous deux parfaitement connus de l’armée israélienne et visés
l’un et l’autre par des bombes au phosphore.
L’industrie et l’agriculture
Les zones productrices ont été particulièrement visées. Ici, la très grande
zone industrielle de Beit Lahya, au nord de Gaza, rasée sur toute sa surface . Des zones agricoles entières
ont été défoncées et nivelées par les chars.
Terreur, impunité et blocus
Nous avons visité un village, au Sud Est de Gaza, entièrement détruit par
l’armée israélienne.
Des habitants, qui avaient décidé de rester sur place dans des abris de
fortune, nous ont raconté qu’ils n’ont eu que le temps de s’enfuir devant
l’avancée des chars. Deux femmes, qui ne s’étaient pas enfuies assez
vite, ont été écrasées sous les décombres.
Terreur délibérée ? Volonté de contrôler militairement une colline en
faisant fi de toute une population ? Nous ne devons pas laisser ces
crimes impunis, leurs auteurs doivent être jugés.
Et la levée du blocus pour permettre l’entrée de matériaux de
construction est plus que jamais nécessaire à l’entrée de l’hiver.
UNE FORMIDABLE VOLONTE DE VIVRE
Ce qui l’emporte au quotidien, c’est
l’envie de vivre de reconstruire ; en
témoignent l’effervescence des enfants
se rendant à l’école tous les jours, les
pêcheurs à leurs filets tout au long de la
côte malgré l’interdiction de dépasser
les 3 miles nautiques, les productions
sous serres avec récupération de l’eau
ou les coopératives qui se développent
autour de projets de vente de produits
de transformation comme le zatar ; en
témoignent également les rencontres d’artistes dans des lieux publics comme l’hôpital Al Qods ou le Centre Culturel
Français de Gaza, l’envie d’échanger pour pallier l’absence de liens avec l’extérieur, de créer et d’évacuer les peurs en
particulier des enfants.
Nos projets avec le camp de réfugiés de Khan Younis
Depuis la signature du jumelage de la ville nouvelle d’Evry avec le camp de réfugiés de Khan Younis (septembre 1999,
jumelage repris en mai 2006 par la Ville d’Evry), Evry Palestine a développé avec ses partenaires du camp de réfugiés de
nombreux projets au bénéfice de la population : un projet d’amélioration du réseau d’électricité en partenariat avec l’ONG
Electriciens Sans Frontières, des projets artistiques et sportifs avec des artistes d’Evry et de sa région, la vente militante
de broderies réalisées par les femmes du camp, activité économique et forme de résistance par l’affirmation de l’identité
culturelle palestinienne.
Depuis 2008, nous développons nos projets, dans le contexte de plus en plus difficile du blocus, avec différents
partenaires palestiniens :
– avec le PARC (ONG palestinienne pour l’agriculture) : aide aux
agriculteurs pour rester sur leur terre et pour cultiver en dépit du
blocus ; les produits agricoles sont achetés aux agriculteurs les plus
pauvres et aux coopératives de femmes pour les produits transformés,
puis sont distribués aux familles les plus pauvres du camp de réfugiés,
– avec le « Théâtre pour tous » de Gaza et différents artistes, un projet
en partenariat avec le « Centre d’activités des femmes », en direction
des enfants : activités artistiques, théâtre, dessin, danse traditionnelle
(dabké) et chant.
– en partenariat avec EJE
(Enfance par le jeu et l’éducation) le développement d’une ludothèque, pour permettre aux enfants de se
retrouver après l’école et de se développer par le jeu.
Après l’offensive de décembre 2008/janvier 2009, les activités avec les enfants sont plus utiles que jamais, elles les aident
à surmonter les traumatismes qu’ils ont vécus.
LE BLOCUS DE LA BANDE DE GAZA
Consulter la carte dans le document joint page 4.
Repères historiques
1947 : des centaines de milliers de réfugiés des régions de Jaffa et
d’Ashkelon affluent dans la Bande de Gaza
1949 : la Bande de Gaza voit ses dimensions considérablement réduites
par rapport au plan de partage de l’ONU. Occupation égyptienne.
1967 : guerre des 6 jours, occupation israélienne.
1993 : accords d’Oslo, l’essentiel de la Bande de Gaza doit être sous le
contrôle de l’Autorité Palestinienne
2001 : début de la seconde Intifada ; destruction de l’aéroport et des
moyens de communication de l’AP ; Erez fermé du jour au
lendemain aux travailleurs palestiniens ; un blocus de fait
s’installe, les exportations deviennent impossibles
2005 : évacuation unilatérale des colonies par Israël
2006 : élections législatives sous supervision internationale, le Hamas
gagne les élections, plusieurs députés emprisonnés par Israël
Mars 2007 : gouvernement d’unité nationale
Juin 2007 : tentatives croisées de coup d’Etat, le Hamas prend le
pouvoir dans la Bande de Gaza. Blocus décrété par Israël
Novembre 2008 : la trêve instaurée par le Hamas est rompue par une
attaque israélienne et le maintien du blocus.
27 décembre 2008 : déclenchement de l’opération militaire israélienne
Quelques sites pour en savoir plus
Centre palestinien des Droits de l’Homme
(PCHR) : http://www.pchrgaza.org,
traductions disponibles sur le site
http://www.info-palestine.net
Cartes et rapports de l’OCHA
(organisation des Nations Unies pour les
droits de l’homme) :
http://www.ochaopt.org
Association France Palestine Solidarité :
http://www.france-palestine.org
Site d’informations sur la Palestine :
http://www.info-palestine.net
Centre d’Informations alternatives (AIC)
http://www.alternativenews.org