Nous le savons tous, nous sommes dans le règne de l’argent roi, sans partage.
Le droit et en particulier le droit international doit cependant résister face à ces assauts sanglants, inhumains et dévastateurs car si l’économie est la norme aujourd’hui, d’aucuns rêvent à demain lorsque la justice, l’équité, l’équilibre seront les bases de notre monde.
C’est dans cet objectif, que différentes ONG internationales ont décidé, suite à la demande formulée par les Palestiniens en 2005 (nous sommes en 2009 mais il n’est jamais trop tard pour bien faire), de lancer la fameuse campagne BDS : BOYCOTT, DESINVESTISSEMENT et SANCTIONS.
Certains peuvent sembler sceptiques, cependant, outre l’exemple de l’Afrique du sud, nous pouvons désormais relayer les réussites en la matière. Car, oui, la campagne commence à porter ses fruits.
Selon un article paru dans le mensuel The Middle East en novembre dernier, 10% des sociétés israéliennes ont perdu des marchés sur l’Europe suite à l’offensive sur Gaza de décembre/janvier dernier. A cela s’ajoute 21% de pertes liées directement à la campagne BDS. En effet, différentes sociétés européennes, en particulier de l’Europe du nord, sont désormais vigilantes à ne pas se retrouver dans une posture où le droit international pourrait leur faire perdre d’autres marchés pour non-respect des droits de l’Homme et des Conventions de Genève.
Ces nouvelles qui émanent de la campagne s’ajoutent à une situation économique mondiale difficile et en particulier en Israël. Car la chute des investissements a des conséquences directes sur la colonisation. Ou du moins elle devrait en avoir à moyen terme.
Comment se passe la gestion financière israélienne aujourd’hui ?
La colonisation est un facteur dévoreur de revenus. En effet, qui dit colonisation dit expansion urbaine et constructions, aides financières pour les colons, remises de taxes et d’impôts, constructions de routes, mise en place d’unités militaires autour et dans les colonies, offre financière multipliée pour attirer les professeurs dans les écoles des colonies, mais aussi les médecins et autres spécialistes. Bref, l’impact financier que la colonisation a sur Israël couplée à une crise mondiale et la mise en place du BDS est de plus en plus important.
Toujours selon le mensuel, la Knesset vote une somme de 9,3 milliards de dollars par an pour maintenir cette occupation alors que l’aide américaine atteint à peine 2 milliards de dollars. Il faut également noter que le coût de l’occupation est en constante augmentation et des experts estiment qu’en 2030 cette occupation nécessitera 50% du budget de l’Etat d’Israël. Pendant ce temps les inégalités se creusent entre citoyens israéliens résidant dans le territoire d’Israël et ceux des colonies. Les citoyens israéliens ainsi que leurs communes ont vu leur moyens baisser d’année en année, les services d’Etat se réduire et tout cela pour privilégier les colons. A titre d’exemple, cite Peter Small, Israël investit dans la santé des colons pour que chaque 100 colons puissent bénéficier d’une clinique, ce qui est largement supérieur à ce qui se passe en Israël.
Au final, les fonds alloués aux municipalités à l’intérieur d‘Israël ont diminué de 8% par an depuis 2004, pendant que l’aide augmentait de 14% par an pour les colonies. Cherchez l’erreur.
Ces éléments confirment que finalement deux facteurs, à mon sens, feront basculer les évènements à moyen et long terme : la colère intérieure non seulement des Palestiniens citoyens israéliens, dont le statut de citoyen de 3ème zone ainsi que la colère face à la répression militaire israélienne contre leurs proches en Cisjordanie et Gaza ont ravivé un sentiment de grande injustice (60% des enfants d’origine palestinienne d’Israël vivent sous le seuil de pauvreté), mais également des citoyens israéliens juifs qui se rendent au fur et à mesure compte de cette politique auto-destructrice qui utilise une partie de sa population contre l’autre au profit d’une idéologie d’exclusion et d’occupation coloniale, condamnée par l’ensemble de la communauté internationale.
Israël a plus que jamais besoin d’aides économiques pour développer la colonisation et l’Europe y joue un rôle déterminant. Il est plus que temps de renforcer la pression pour faire entendre la voix des Palestiniens qui demandent aux Européens de les aider dans la poursuite de l’application du droit international, seul garant d’une stabilité et d’une justice sur cette planète. Israël importe bien plus qu’il n’exporte (à noter toujours selon Peter Small, les trois principales denrées exportées sont les équipements militaires, les diamants et les pesticides) et à besoin de ces aides pour poursuivre la colonisation. L’Europe a donc le devoir et le pouvoir de faire pression sur Israël pour qu’enfin les dizaines de résolutions onusiennes soient appliquées. Le journaliste conclut par ces mots « Ce ne sont pas des pourparlers internationaux qui amèneront Israël à rechercher la paix mais le manque de moyens financiers. ».
Les résultats sont certes encore légers mais ils sont là et doivent nous encourager à poursuivre cette campagne dont le principe a porté ses fruits sur d’autres zones comme en Afrique du Sud. Nous vous rappelons enfin qu’il est plus qu’urgent d’agir vite : les dégâts causés par la colonisation sont très importants et certaines villes dont l’histoire remonte à des millénaires (Hébron, Jérusalem, Gaza...) subissent des outrages irréversibles. Que diriez-vous si le Louvre était démoli car trop représentatif de l’histoire de la France et de sa culture ? Voila ce qui se passe dans la Palestine occupée.