Avigdor Lieberman, ministre israélien des Affaires étrangères, a vendu la mèche. « L’inquiétude des Palestiniens est le dernier de nos soucis. Avant la question palestinienne, nous devons nous soucier de nos amis à travers le monde. Nous leur avons parlé et la plupart nous ont dit : “Aidez-nous à vous aider” », a-t-il déclaré. Mercredi, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a proposé une suspension partielle de la colonisation pendant dix mois en Cisjordanie, dans le but de relancer les pourparlers sur la paix, tout en excluant « toute limitation de la construction à Jérusalem ». Des propositions visiblement plus dirigées vers les alliés d’Israël que vers les Palestiniens.
relancer le processus de paix
En déclarant, sans revenir dessus, qu’il est impossible de reprendre les négociations sans l’arrêt de la colonisation, Mahmoud Abbas a jeté dans l’embarras les États-Unis et l’Union européenne. Mais la situation régionale est telle qu’il leur faut absolument dépasser le blocage actuel et relancer le processus de paix. D’autant que Mahmoud Abbas a indiqué que si rien ne bougeait, il proclamerait l’État palestinien. D’anciens hauts responsables américains – républicains et démocrates – viennent de remettre à Barack Obama un rapport dans lequel ils soulignent notamment : « Aujourd’hui, alors que nos ennemis contournent la supériorité militaire américaine en menant à la fois une guerre de l’information et de la terreur, il est indispensable d’aboutir rapidement une paix israélo-arabe. » Ils concluent ainsi : « Ne pas agir se révélera donc extrêmement coûteux (…) cela risquera de déboucher aussi sur la disparition définitive de la solution à deux États si les colonies se développent, se retranchent et que les extrémistes consolident leur influence des deux côtés. Bref, les six ou douze prochains mois représenteront sans doute la dernière chance pour une solution équitable, viable et durable. » Ce qui n’a pas empêché la secrétaire d’État, Hillary Clinton, de se saisir avec précipitation de l’annonce israélienne qui « aide à avancer vers la résolution du conflit israélo-palestinien » (sic). Faussement ingénue, elle estime « qu’à travers des discussions de bonne foi, les parties peuvent se mettre d’accord sur un résultat qui mette fin au conflit et réconcilie l’objectif des Palestiniens d’avoir un État indépendant basé sur les frontières de 1967 (…) et l’objectif d’Israël d’avoir un État juif avec des frontières sûres et acceptées qui satisfassent leurs attentes en matière de sécurité ».
Tout à la fois, elle se moque des Palestiniens puisque les colonies et le mur pulvérisent les frontières de 1967 et crée une discontinuité entre les territoires palestiniens, entre Gaza et la Cisjordanie, bien sûr, mais aussi en Cisjordanie même qui serait divisée en plusieurs territoires disjoints, équivalents à des bantoustans. Ce qui est bien sûr inacceptable pour les Palestiniens qui l’ont fait savoir. « Le retour aux négociations doit se faire sur la base d’un arrêt total de la colonisation », a répété Nabil Abou Roudeina, conseiller de Mahmoud Abbas.
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